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Articles

Affichage des articles du mai, 2012

Lou Reed - Perfect Day (1972)

Je ne sais pas si c'était un jour parfait mais dimanche dernier, nous sommes allés piquer-niquer au parc, comme dans la chanson de Lou. Il faisait beau, on a bu du rosé. Juste à coté, il y avait bien un zoo, malheureusement, il est fermé depuis quelques temps déjà. Pour le film, ce fut un DVD à la télévision. Pas sûr de toute façon qu'on aurait été bien accueilli dans les salles obscures avec un nourrisson. Je ne sais pas s'il existe des jours parfaits. Peut-être juste de furtifs moments de plénitude. Lorsque seul le présent compte, que les projets futurs ou les souvenirs aussi agréables soient-ils ne viennent pas encombrer nos pensées. De ces instants, où tous nos sens sont en éveil. Le goût du vin qui enivre. Le chant mélodieux des oiseaux et le rire des enfants. La quiétude de la nature environnante qui ferait presque oublier que nous habitons Paris et que les places à l'ombre des arbres ne sont tout de même pas légions. L'herbe qui vient timidement nous chato

Alt-J - An Awesome Wave

Qu'on se le dise, le rock indépendant britannique refait plus que jamais parler de lui en 2012. Après Django Django et Breton , l'autre grosse révélation de l'année pourrait devenir Alt-J. Ces jeunes anglais, originaires de Leeds, possèdent un style musical assez indéfinissable. Moins rentre-dedans que Breton, moins dansant que Django Django, ils partagent avec eux le même goût du métissage sonore. On pense à Animal Collective dans une version plus aérienne, à Grizzly Bear en plus électro ou Wild Beasts en moins maniéré. Leur single " Breezeblocks ", magnifiquement construit, est d'ores et déjà promis aux plus hautes marches des chansons qui vont compter en 2012. Leur disque, le bien nommé " An Awesome Wave ", pourrait paraître à première écoute un peu en retrait de ce formidable titre. Mais ne pas se fier aux apparences, c'est typiquement le genre d'albums qui gagnent en consistance au fil du temps. J'ai déjà pris ma place pour le

Top albums 2005

On continue de faire un rapide topo, comme toutes les quinzaines environ, sur chaque année par ordre décroissant. Cette fois-ci : 2005, année remplie de belles révélations. Les américains de Clap Your Hands Say Yeah , tout d'abord, et leur douce folie, malheureusement nettement plus emballante sur disque que sur scène. L'inverse ou presque des Spinto Band, dont le disque excellent aussi, lasse un poil plus. Leurs prestations scéniques sont, par contre, de celles qu'on n'oublie pas. Et puis, les anglais nous auront sortis plein de petits frères de Franz Ferdinand, formations éphémères qui ne vaudront sans doute pas plus que leur premier album : influences Gang Of Four pour Bloc Party et The Rakes ou style plus proche de The Fall pour Art Brut. Côté américain, deux songwriters aux vélléités diamétralement opposées. D'un côté, Sufjan Stevens, petit génie de la pop, aux mélodies finement ciselées et à l'ambition démesurée. Il abandonnera pourtant assez rapidement

Public Image Ltd. - (This Is Not) A Love Song (1983)

Cela ne pouvait venir que de lui, le plus célèbre empêcheur de tourner en rond de l'histoire du rock. Johnny Rotten, le pourri, reprenant après le premier épisode des Sex Pistols son véritable patronyme, Lydon, pour former un nouveau groupe d'avant-garde (après le punk, le post-punk) : Public Image Limited ou PIL pour les intimes. " This is not a love song ", évidemment. On ne lui la fera pas à lui, la chanson d'amour à l'eau de rose, un peu niaise. Le truc passe-partout, le passage obligé de chaque formation voulant connaître le succès. Non, même s'il s'est assagi depuis l'étiquette  " No Future " de 1977, il n'est pas dupe. Il continue de profiter du système en le critiquant. Alors qu'on n'était sans nouvelle musicale depuis bien longtemps, PIL sera bientôt de retour avec un nouveau disque. On attend aussi une tournée. L'occasion pour les plus jeunes (comme moi :) d'aller voir enfin le phénomène sur scène. Reste b

Exitmusic - Passage

Décidément, les disques du moment se suivent et se ressemblent sur " La musique à papa " : Lower Dens, Tu Fawning, Beach House et maintenant Exitmusic (en référence au génial titre de Radiohead ?), il y a une certaine unité sonore chez tous ces groupes. Les mêmes types de guitares aux parfums magnétiques, de voix féminines aux timbres androgynes, de mélodies ensorcelantes. Il y a aussi une homogénéité à l'intérieur même des albums. Aleksa Palladino et Devon Church, le couple à la ville comme à la scène qui se cache derrière Exitmusic, propose, à l'image de la pochette du disque, un feu d'artifice musical, intense, puissant et majestueux. La jeune femme est une actrice déjà reconnue, elle a tourné dans de nombreuses séries TV et au cinéma chez Solondz (" Storytelling ") et Lumet (" 7h58 ce samedi-là "). Mais il était bien difficile d'entrevoir jusque là de telles qualités vocales chez elle. Lui, était professeur d'anglais en As

Cat Power - The Greatest (2006)

Une fois, j'ai voulu être le meilleur. Pas le meilleur en quelque chose seulement. Non, le meilleur en tout. Simplement. Tant qu'à faire, pourquoi lésiner ? Se contenter d'un domaine, d'un minuscule territoire. Devenir président de la République par exemple, n'est-ce pas être le meilleur ? Avoir tous les pouvoirs ou presque. Pouvoir tout se permettre, être intouchable. Dans chacun de mes faits et gestes. Ne rendre de comptes à personne. Depuis quand le meilleur doit-il se justifier, à partir du moment où il a été déclaré comme tel ? N'importe quelle idée peut lui passer par la tête, n'importe quel mot par la bouche. Bon, ok, il y a le revers de la médaille, c'est celui d'être suivi constamment par des caméras. D'être traqué. Mais quand on abonde quoi qu'il arrive dans mon sens, où est le problème ? Quel enfant n'a jamais un jour voulu devenir président de la République, comme dans la chanson de Gérard Lenorman ? Parce qu'il lui fau

Arlt - Feu La Figure

Leur premier disque, intelligemment nommé " La Langu e" car il inventait une nouvelle façon de chanter en français, avait déjà connu quelques échos sur la toile. Notamment ici même avec plusieurs mois de retard sur sa sortie. " Feu La Figure " joue une fois de plus avec les mots et provoque de jolies joutes verbales et musicales entre les deux chanteurs/musiciens Eloïse Decazes et Sing Sing. Mocke, le guitariste de Holden est encore de la partie, accentuant le penchant rêche et tendu de l'ensemble. Arlt, comme une boule dans la gorge, un goût âpre, lancinant. La saveur des premiers Velvet mariée au ping pong langagier d'une Brigitte Fontaine, voilà quelques références sans doute trop restrictives pour définir le son de Arlt (du nom de cet écrivain argentin). Le duo impose définitivement un style nouveau dans le paysage de la chanson française, un folk lettré mais en même temps instinctif, brut presqu'animal, qui joue habilement avec les sonorités

Beach House - Bloom

Avec maman, on s'est promis que quand on serait plus vieux, on achèterait une maison en bord de mer. Elle permettrait notamment de réunir notre famille à l'annonce des beaux jours. Pas sûr qu'on y écoutera encore la musique de Beach House, le duo originaire de Baltimore. Disons que si cela devait se produire, elle serait plutôt celle qui accompagnerait nos longues soirées d'hiver, à deux. Beach House est considéré comme le groupe phare du renouveau actuel de la dream-pop. Une musique pour rêver donc, en regardant la mer. Avec pourtant quatre albums au compteur, ils n'ont pas changé d'un iota leur recette. " Bloom " est la continuité du précédent " Teen Dream ", qui était lui-même...Toujours les mêmes mélodies tourbillonnantes d'Alex comme le roulement des vagues, une tempête de sable, toujours la même voix chaude et éclairante de Victoria comme un phare dans la nuit. Beach House a conservé son pouvoir d'attraction, même si l'ef

Top albums 2006

On continue les tops par année avec logiquement, après 2007, 2006. Autant se l'avouer tout de suite, ce ne fut pas un grand millésime, à l'exception, pour une fois, de l'hexagone qui compte pas moins de 3 représentants parmi les 10 premiers. Dominique A, pour une belle épopée lyrique, " L'Horizon ", sorte de " Tout sera comme avant " en plus ample et instinctif. Arman Méliès, le petit frère qui est déjà devenu grand et enfin, Babx, à l'impressionnante qualité d'écriture. Côté anglais, on notera l'apparition sur le devant de la scène des rockers bruts de décoffrage de Archie Bronson Outfit, du très beau disque solo du leader de Radiohead, plus électro qu'avec son groupe. Aux Etats-Unis, on retrouve le folk haut de gamme et sous influence Beach Boys de Grizzly Bear, celui plus classique mais tout aussi classe de Midlake, et des Sonic Youth aux guitares plus pop que jamais. Enfin, les Canadiens assurent aussi avec la grande découverte

Spain - Untitled #1 (1995)

On était sans nouvelle du groupe de Josh Haden depuis bientôt dix ans. Il faut dire que la musique de Spain est à l'image de son auteur,  particulièrement discrète. Peut-être est-ce dû à l'ascendance du monsieur, puisqu'il n'est autre que le fils du célèbre contrebassiste de jazz, Charlie Haden. Et l'on sait que la retenue est une qualité souvent constatée chez les grands jazzmen. Lundi prochain, sort " The Soul Of Spain " avec une pochette qui n'est pas sans rappeler celle ci-contre de leur premier album. Plus de quinze ans après sa parution, " The Blue Moods Of Spain " fait toujours office de secret jalousement gardé. En effet, rarement cité dans les bilans, c'est pourtant l'un de ceux qui pourraient le mieux correspondre à l'appellation de "disques de chevet", tellement les notes comme les mots y sont susurrés, frôlés. Un disque à écouter au lit donc. Modestie des arrangements, lenteur des mélodies, suavité et cha

Tu Fawning - One Monument

Ceux-là, je les connaissais déjà, mais leur premier album, " Hearts on Hold ", si intéressant était-il sur le fond, m'avait rebuté sur la forme, un peu rugueuse. Mon opinion à leur sujet était donc comme les "coeurs" de leur disque, "en attente". Et ce " One Monument " débarque en marquant tout de suite une vraie cassure avec son prédécesseur. Plus soyeux, il est de ce fait nettement plus immédiat, à l'image de la superbe chanson d'ouverture, " Anchor ". Cette fois-ci, on peut y accoler quelques étiquettes évidentes, bien dans l'air du temps. On pense bien sûr à la musique des années 80, à la cold wave. Et parmi tous ces nouveaux groupes qui s'inspirent du genre, je dois avouer que pour une fois, ça me touche. Je trouve même ça très réussi. Et de bout en bout, chacun des titres fait son petit effet, changeant souvent de rythme en cours de route. Mention spéciale à " Wager " ou " In The Center of Pow

Barbara Carlotti - Café de la Danse, Paris - 2 mai 2012

Alors que les deux personnes les plus importantes du pays étaient en train de focaliser toute l'attention sur eux dans une sorte de sketch plus ou moins improvisé avec plein de bafouillages et de petites phrases qui font mouche mais qui sont sans intérêt dedans, la talentueuse Barbara Carlotti faisait enfin ses débuts sur une scène parisienne. Et entre les deux événements, j'ai, vous l'aurez compris, assez vite choisi mon camp. Ce n'est évidemment pas cette parodie de débat, qui ressemble de plus en plus à une foire aux réformes toute azimut, qui viendra influer un vote décidé depuis belle lurette. Barbara Carlotti donc, pour une prestation gratuite uniquement sur invitation - oui, je sais, je suis un chanceux. Est-ce un lien de cause à effet, l'auditoire est composé de beaucoup de journalistes. Après Tino Rossi ou Patrick Fiori, la Corse ne nous avait pas habitué à produire de la chanson française de qualité. Pourtant, c'est bien ce dont il s'agit ici. S

Mercredi 2 mai 2012, 5h24

Mercredi 2 mai 2012, 5h24 du matin, quelque part à Paris : la musique à papa a deux fois plus de raison d'être. " Take me out, take me out " dit le petit Ferdinand à sa maman. Et l'héroïque maman de s'exécuter. Impossible de savoir si Ferdinand appréciera sa nouvelle vie sous le soleil et les néons. En tout cas, papa et maman devront désormais s'atteler davantage et se couper en deux. Trêve de débat donc, et si le changement, le vrai, celui qui inonde de bonheur et permet en même temps d'avancer, c'était déjà tout de suite ? 

Jean Ferrat - Ma Môme (1960)

L'autre jour, je suis tombé par hasard sur une très jolie lettre de l'acteur Philippe Torreton (retranscrite par un "collègue" blogueur ici ), bien connu pour ses positions socialistes - il fait d'ailleurs partie de l'équipe municipale de Delanöe à Paris - adressée au chanteur défunt Jean Ferrat, bien connu lui pour ses penchants communistes. Et je me suis dit, pourquoi pas moi... Ben oui, pourquoi lui, il a le droit d'écrire aux morts, et pourquoi je ne pourrais pas.  Cher Jean, Bon, je te le dis tout de suite (oui, je te tutoie, entre camarades, ça me parait plus approprié), pendant longtemps, j'ai cru que tu étais ce chanteur pour papys et mamies, pas marrant, avec bacchantes de rigueur (sauf dans ta prime jeunesse comme sur la pochette de ce single où tu avais de faux airs de gendre idéal), chansons surannées et vantant les bienfaits de la vie au grand air (la fameuse " Montagne ") mais paraissant sentir le renfermé. Tu étais bi