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Gatien - L'amour phoque


Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé d'un disque français, surtout réalisé par un nouveau venu. Gatien, c'est son vrai prénom, sort avec "L'amour phoque", un brillant premier album. C'est bien simple, depuis que je suis tombé par hasard sur sa chanson "Tout est incroyable", je me suis  immédiatement dit qu'il fallait que j'en cause ici. Les autres sorties de la semaine pouvaient bien attendre. Mais à quoi ressemble la musique de Gatien ? Au style de son label La Souterraine, ce précieux repère de pop classieuse et pas comme les autres, à la française - connus de tous les gens bien informés (de gauche ?) : Télérama, France Inter, Slate, Libération, Gonzaï, même aux US Pitchfork -, qui nous fait croire encore et toujours qu'il existe autre chose. Plus beau, plus subtil. "Les Otaries" est une reprise de feu Jean-Luc Le Ténia, le manceau adepte du fait maison, devenu la référence ultime de cette chanson française insoumise. Didier Wampas avait dit de ce dernier qu'il était "Le meilleur chanteur français du monde". Pas sûr que Wampas soit une référence en matière de capacité vocale. Par contre, en terme de sincérité, d'intégrité, oui, sûrement. Gatien paraît plus équilibré que Le Ténia, sa musique moins ardue, plus évidemment mélodique. 
Et si "L'amour phoque" était enfin l'album qui mettrait en lumière le minutieux travail de déchiffrage entrepris depuis 2013 - deux ans après le triste suicide de Le Ténia - par Benjamin Caschera et Laurent Bajon, les deux créateurs de La Souterraine. On dit ça mais on n'y croit pas vraiment car ces chansons semblent à l'heure de 3 Cafés Gourmands ou Boulevard des airs bien trop minutieuses, précieuses pour emporter l'adhésion générale. Avant lui, Mathieu Boogaerts, Chevalrex ou Albin de la Simone n'ont jamais eu qu'un honnête succès d'estime. Il n'y a décidément pas de justice dans ce bas monde, ce n'est pas une raison pour baisser les bras et arrêter de lutter à notre humble niveau. Une résistance souterraine, comme un certain Velvet il y a plus de cinquante ans de ça. Comme quoi, rien ne change. Vivons heureux, vivons cachés comme dirait le fameux adage.


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