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Articles

Top albums 1974

1974, voilà une année qui me réconcilie avec les années 1970, après vous avoir parlé de deux années - 1975 et 1976 - qui ne m'avaient pas franchement emballé. 1974, c'est le plein boom du glam rock. Bowie en fait un peu trop avec " Diamond Dogs " - beaucoup de drogues avouera-t-il. Le Roxy Music revient presque à l'exubérance de leur fabuleux premier album. C'est plus contrôlé - départ de Eno oblige - mais suffisamment foufou pour demeurer efficace aujourd'hui encore. Eno, justement, est lâché seul dans la nature. Il en ressort deux albums en une seule année. Et quels albums ! Deux des plus essentiels de la décennie. En matière de productivité, il y en a d'autres qui ne sont pas en reste, ce sont les frères Maël avec deux disques là-aussi complètement azimutés, un peu trop même pour " Propaganda ", mais d'une richesse incroyable. Même Cohen lâche un peu la bride de son folk intimiste et épuré. Sur son quatrième disque, les arrangements...

Stranded Horse - Luxe

La musique de Stranded Horse m'avait laissé jusque-là sur le bord de la route. Bien sûr, je la trouvais belle, riche mais elle ne parvenait pas à me toucher vraiment. Je la trouvais austère. Sur ce " Luxe ", je trouve qu'elle se pare enfin de chaleur, de langue française plus proche, plus originale, qu'elle s'ouvre davantage. Elle devient ce qu'elle aurait dû être dès ses débuts : un intense melting pot de culture, mélangeant les rythmes africains avec la chanson française et le folk anglo-saxon avec une emprunte mélancolique si caractéristique, un minimaliste forcené et salvateur dans les arrangements. Yann Tambour n'est plus dans la recherche de respectabilité et de légitimité propres à tous occidentaux s'essayant à un instrument étranger, qui n'est, par défaut, pas le sien. Il s'est débarrassé de toute volonté démonstrative, laissant même Boubacar Cissokho l'épauler à la kora. Il a aussi invité Éloïse Decazes, moitié féminine des ...

O - Un torrent, la boue

Olivier Marguerit est depuis de nombreuses années un artisan de l'ombre, notamment au sein des brillants Syd Matters. Souvent quand ce genre d'individus connus uniquement des initiés sortent du bois, le milieu musical les encense exagérément, voulant compenser les années d'anonymat injustifiées. C'est qu'il doit y avoir une certaine solidarité parmi les artistes, ou plutôt ce sentiment que ce n'est pas forcément ceux qui le méritent le plus qui récoltent les lauriers. Croyez-le quand vous entendrez qu'il est agréable de s'abreuver de cet O là. Restez plus circonspect quand certains vous le vendront déjà comme le disque de l'année. Ce premier album ressemble forcément à du Syd Matters mais chanté en partie en français et en nettement plus électronique et pop (" La Rivière " est un tube en puissance). Mais on y retrouve la même façon de faire tournoyer les mélodies, de toujours faire avancer les morceaux. Bien sûr, il n'a pas la voix d...

Tindersticks - The Waiting Room

Ceux-là, ça fait trop longtemps que je les dénigre. Disons, depuis " Curtains " en 1997, leur troisième disque, marquant la fin d'une trilogie parfaite. Mais c'est toute la discographie des Tindersticks qui mérite qu'on s'y attarde, parce que je vous mets au défi d'y trouver un seul mauvais disque, un seul raté. Les anglais ont toujours préféré la retenue, le silence à la profusion, au trop plein. Ce n'est pourtant pas les instruments qui manquent sur " The Waiting Room ", mais ils se font discrets, légers. Les Tindersticks ont su évoluer, changer ce qu'autrefois on leur reprochait. Ce nouvel album n'a rien de routinier. Chaque morceau a son propre style, sa propre patte, encore faut-il prendre le temps de l'écouter, de s'en imprégner. Le son, cette chose que si peu intéresse, est ici particulièrement soigné. Les arrangements sont classieux, magnifiques. La voix de Staples n'est plus aussi centrale qu'avant, elle n...

Top albums 1975

Encore une année qui ne m'a pas inspiré. En 1975, comme l'année suivante, je n'ai pas trouvé mon compte en terme de musique - je n'ai peut-être pas bien cherché. J'ai quand même listé 10 disques, qui, s'ils ne squattent pas très régulièrement mes oreilles, n'en demeurent pas moins, pour la plupart, excellents. 10- Harmonia - Deluxe  Deux groupes essentiels du krautrock, Neu! et Cluster, se rassemblent pour former Harmonia qui porte admirablement son nom. C'est l'ambiant cher à Eno qui naît là, une certaine idée de la musique contemplative qui, malgré tout, reste éminemment mélodique. Du synthétiseur de luxe, en somme. 9- Sparks - Indiscreet  Les Sparks se perdent ici un peu dans la grandiloquence en délaissant parfois les mélodies. Il faut dire qu'il est difficile de tenir le rythme fou et emballant imposé par les deux précédents disques. Après " Indiscreet " qui contient malgré tout son lot de chansons hautes en cou...

Arno - Human Incognito

Le célèbre rockeur belge, Arno, est de retour. Pendant longtemps, il a été l'unique représentant flamand du genre vraiment connu. C'était entre autres, avant Deus . Depuis, on en connaît davantage sur la scène rock locale. Arno est alors passé dans le camp de l'ancienne génération qu'on dénigrait volontiers. Une espèce de caricature de Belge, trop grosse - la caricature, pas lui, hein ! - pour être totalement honnête. Depuis, on a aussi rencontré Arno au cinéma, dans le très beau et très décalé " J'ai toujours rêvé d'être un gangster " où il donnait la réplique à Bashung. Puis, on a aussi entendu sa très poignante chanson en hommage à sa mère " Les yeux de ma mère " et on s'est dit qu'Arno n'était pas une caricature, qu'il était comme ça, au naturel, qu'il n'y avait aucune pose chez lui, aucune volonté de "faire Belge" à tout prix, quitte à avaler des hectolitres de bière. Il n'y avait plus de doute, c...

Pete Astor - Spilt Milk

Pete Astor est de ces chanteurs éternellement habitués de l'ombre. Il fut pourtant un des membres éminents de ce qu'on a appelé l'indie pop, ce mouvement né au milieu des années 80 dont l'acte fédérateur reste la parution de la compilation du NME simplement nommée C86 en référence à sa date de sortie. Appelé, car qui se soucie encore de cette musique aujourd'hui, hormis quelques éternels adolescents de l'époque ? Astor enchaîna les groupes, The Loft puis The Weather Prophets pour le même résultat : un succès plus que confidentiel. Ce nouveau disque est un rappel à notre bon souvenir et franchement à la réécoute de ses vieux titres, il ne souffre pas de la comparaison. Au contraire, il pourrait bien être son meilleur album, même si la deuxième partie est en deçà. Le son est "pur", fait de guitares claires et lumineuses, de chant simple et apaisant. Un peu comme peuvent les meilleurs Yo La Tengo. Le disque a été enregistré dans le studio de James H...