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Articles

Affichage des articles du avril, 2019

Gontard - 2029

Nicolas Poncet, alias Gontard, poursuit sa production stakhanoviste, à raison d'au moins un nouveau disque chaque année. Cette fois-ci, on sent plus d'ambition : " 2029 " est un album conceptuel, racontant le quotidien d'une petite ville de province, dans 10 ans, dénommée Gontard-sur-misère, histoire de " planter tout de suite le décor ". On pense bien sûr au mouvement des gilets jaunes, à ces gens largués, laissés pour compte du système, pour certains capables de tout, car n'ayant plus à rien perdre. De ces endroits à l'abandon, les services public disparaissent (" Hôpital tue "), les "capitalistes" profitent parfois (" Kevin Malez "). Le chanteur a décidé d'en parler de l'intérieur, sans faux semblants, comme un terrible constat d'une France définitivement cassée en mille morceaux. " La fille de la mairie " est à ce titre le plus révélateur, de gens qui ne se comprennent plus, parce que les

Drugdealer - Raw Honey

Weyes Blood encore et toujours. On la retrouve cette fois en compagnie du groupe Drugdealer - elle était déjà là sur le premier album du groupe, " The end of the comed y" - pour le très beau " Honey ", bien dans l'esprit de ce qu'elle fait en solo. Il faut dire que la musique de Drugdealer est très proche de celle de Weyes Blood, c'est-à-dire douce, mélodique, admirablement désuète et kitsch (l'école californienne de Ariel Pink et consorts). En plus de l'évidente influence des Beatles(" If you don't know now, you never will ") , " Raw Honey " flirte même avec le jazz-rock FM des années 70. " Fools " ressemble par exemple à du Steely Dan.  Sauf que c'est toujours fait de manière décontractée, sans démonstration de virtuosité. Il faut dire que Michael Collins, l'auteur-compositeur de Drugdealer n'est arrivé à la musique qu'il y a dix ans seulement, en autodidacte. Voilà donc un agréable disqu

Baptiste W. Hamon - Soleil, Soleil Bleu

On n'imagine pas au regard de la pochette du disque et du look du chanteur de tomber, à l'écoute, sur une telle musique. Parce que même si les arrangements sonnent plus modernes, la voix comme le style rappelle souvent Jean Ferrat. Un jeune qui fait de la musique de vieux, me direz-vous. Sauf que Ferrat, ça reste bien souvent encore d'actualités et que Baptiste W. Hamon - le W, c'est pour faire plus américain ? - n'a cure des modes, il fait simplement ce qu'il aime et il a bien raison. C'est un mariage très réussi entre chanson à la française et folk américain. Pour preuve, on retrouve comme invités, Miossec, sur le bouleversant " Hervé " mais c'est plutôt avec " Bloody Mary " que leurs univers se rapprochent le plus et Will Oldham, le " capitaine " qu'il vénère au plus haut point.  Il y en a très peu à faire ça. Un tel classicisme classe. " Soleil, soleil bleu " est un magnifique album, sans âge, parce

Fontaines D.C. - Dogrel

" My childhood was small but I'm gonna be big ." clament-ils dès le premier morceau " Big ". Voilà en résumé ce qui est en train de se passer avec les jeunes irlandais de Fontaines D.C (Fontaines en référence au personnage du chanteur dans "Le Parrain" de Coppola, D.C. pour leur ville, Dublin City). Toute proportion gardée quand même. On ne compte pas encore les vues de leurs différents singles en millions sur Youtube, mais pour ce style de musique - le rock au sens large, le post-punk en particulier - c'est déjà énorme. Alors, bien sûr, ça ne révolutionne rien, mais on sait que de toute façon, la révolution n'est pas un critère de réussite commerciale. " Dogrel " est donc leur premier album et il contient toutes les chansons entendues jusque là, comme une compilation.  On a beau essayer de trouver une faiblesse, des lourdeurs, des facilités, les Dublinois tiennent admirablement bien la distance. Ils agrémentent leur rock de qu

Weyes Blood - Titanic Rising

Comment ai-je pu passer à côté des deux précédents disques de Natalie Mering, alias Weyes Blood ? Alors, que tout indiquait que sa musique me parlerait, elle, qui a collaboré entre autres, avec Ariel Pink ou Drugdealer. Ses morceaux, souvent longs de plus de cinq minutes, ne sont sans doute pas propices aux écoutes rapides et distraites. Ils nécessitent plus d'attention. On y décèle alors malgré l'apparente simplicité, de vrais trésors (ici " Andromeda ", " Everyday " ou " Movies ") de grâce mélodique. La chanteuse, grande bringue à la longue chevelure et à l'allure juvénile - la pochette du disque ressemble d'ailleurs à une chambre d'adolescente - présente une étonnante décontraction perceptible à travers des clips régulièrement décalés. Mais plus encore que la musique qui paraît parfois facile, c'est sa voix, admirable mélange entre Karen Carpenter et Kate Bush, qui fait à chaque fois mouche.  C'est sûr, avec ce nouvel