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Articles

Affichage des articles du novembre, 2022

Kikagaku Moyo - Kumoyo Island

Voilà un groupe dont je parle seulement maintenant, dix ans après ses débuts, alors qu'il a annoncé cette année que " Kumoyo Island " sorti au mois de mai sera son dernier album. Kikagaku Moyo, comme son nom l'indique, est une formation japonaise. Oui, j'écris très peu sur la musique du pays du soleil levant, alors qu'il compte quantité d'artistes passionnants - Fishmans ou Nujabes, pour ne citer que ceux qui m'ont jusqu'ici le plus marqués. Un jour peut-être je m'attèlerais à cette tâche. Kikagaku moyo signifie en japonais motifs géométriques, comme pour signifier qu'il s'agit ici de musique abstraite, incitant à la rêverie, à l'évasion. En voyant la dégaine du groupe, on les imagine restés bloqués dans les années 70, comme des enfants de Damo Suzuki, légendaire chanteur de Can et accessoirement une des rares idoles de feu Mark E. Smith (" I am Damo Suzuki "). Leur style musical est un étonnant maelstrom sonore, mélangea

Stereolab (+ Julien Gasc) - Paris, la Gaîté Lyrique, le 23 novembre 2022

  Ceux-là, je les ai vraiment découverts sur le tard. Parce que dans les années 90, j'étais principalement influencé par les Inrocks et Bernard Lenoir. Et les deux parlaient très peu de la musique de Stereolab, hormis une black session partagée avec Dominique A en mars 1993. A tort. Le groupe du couple franco-anglais Laëtitia Sadier et Tim Gane est un des plus influents de son époque. Depuis, je me suis rattrapé. Même s'il me reste encore beaucoup à découvrir car leur discographie est pléthorique. La formation s'est arrêtée à la fin des années 2000 quelques temps après le triste décès de leur guitariste Mary Hansen d'un stupide accident de la route. Depuis 2010, plus de vrai nouveau disque malgré de nouveaux concerts. Après une première date parisienne complète assez rapidement en octobre dernier, le groupe remettait le couvert un mois plus tard. L'occasion pour moi de les voir enfin sur scène. Avant eux, on eu droit en première partie à Julien Gasc, membre actuel

Arctic Monkeys - The Car

" The Car " ? Quelle voiture ? Celle de la pochette, garée seule sur un toit d'immeuble, à l'écart du bruit de la ville, dominant l'agitation du commun des mortels ? Voilà ce qu'est devenue en deux albums la musique des Arctic Monkeys, délaissant les sentiers balisés du mainstream du rock. En faisant cela, ils ont abandonné sur le bas-côté quelques uns de leurs suiveurs de la première heure, plus enclin au gros son qui dépote et aux riffs qui claquent qu'au solo de saxophone, au chant de crooner et aux rythmiques soul propres au Bowie de " Young Americans ". Ce nouvel album est la confirmation de la nouvelle direction prise par Alex Turner et sa bande. La formation la plus célèbre en provenance de Sheffield depuis Pulp a eu le mérite de ne pas stagner et de prendre le risque de perdre en popularité. Pourtant, ce n'est pas encore le cas : la soirée du dernier Rock en Seine où ils étaient têtes d'affiche a été la plus rapidement complète -

Julia Jacklin - Pre Pleasure

On continue dans le style de la maison avec l'australienne Julia Jacklin qui pratique une pop-rock classique mais très élégante. Son dernier disque " Pre Pleasure " a été mixé par Heba Kadry, l'ingénieure du son égyptienne qu'on retrouve derrière les manettes d'une quantité impressionnante de disques de rock indépendant qui comptent. Je ne sais pas s'il y a un son Kadry reconnaissable, mais c'est en tout cas souvent un gage de qualité. Autre présence rassurante : celle du violoniste canadien Owen Pallett qui s'est fait connaître pour son travail avec ses compatriotes d'Arcade Fire et qui a sorti quelques disques solo plus que recommandables et continue d'être appelé régulièrement à la rescousse quand il faut trouver un peu d'arrangements de cordes pour rehausser un morceau. Ici, sa contribution fait carrément décoller " End of a Friendship " sublime dernier titre - difficile au passage de trouver meilleur final. On pense à un

Papercuts - Past Life Regression

  Après quelques disques assez éloignés de mon style de prédilection habituelle, je reviens aux basiques avec les américains de Papercuts ou plutôt de l'américain car le groupe est essentiellement composé d'un seul homme en la personne de Jason Quever. Les influences de sa formation sont ultra connues et rabâchées ici : le Velvet Underground évidemment - il est question de " Sunday Morning " dès le premier morceau, une coïncidence ? - ou plus récemment Galaxie 500, Yo La Tengo - Quever est d'ailleurs à ces heures perdues producteur de Dean Wareham ou  Beach House. " Past Life Regression " est le 9eme album de Papercuts. Pourquoi en parler maintenant ? Et pas depuis l'excellent " Future Primitive " sorti en 2009 ? En quoi ce nouveau disque est-il différent des précédents ? J'avoue que je connais finalement assez mal leur discographie. Je suis donc mal placé pour dire s'il est meilleur ou pire qu'un autre. J'imagine plutôt que

Jacques - Limportanceduvide

On continue le rattrapage intensif des disques de 2022 avec une fois de plus un long retour arrière au mois de février dernier. Voici un chanteur clivant. Certains vont d'ailleurs me faire le reproche d'en parler ici. C'est marrant comme les artistes français divisent beaucoup plus que les anglo-saxons. Rien que la coiffure du garçon visible sur la pochette du disque, son excentricité, on pourrait direct passer son chemin. Ensuite, il y a la musique électronique un peu cheap et les textes d'allure simpliste. Pourtant, le dénommé Jacques - oui, c'est bien son vrai prénom, bien qu'il n'ait que 31 ans - natif de Strasbourg essaie de déminer le terrain rien qu'avec le titre, " Limportanceduvide ". Comme pour montrer que tout cela n'a finalement aucune importance. Les paroles, si on y prête attention, montrent un chanteur plus modeste qu'il n'y paraît. Ça fait déjà quelques années que Jacques publie des chansons mais c'est seulement

Los Bitchos - Let The Festivities Begin !

Retour arrière, mois de février 2022. Le froid déjà. Et des envies de chaleur. Déjà. Los Bitchos ? Quel drôle de nom ! Jeu de mots osé entre "bichos" en espagnol et "bitch" en anglais. Une musique aux sonorités pleines de soleil et d'Amérique latine. Qui sont-elles ? Ce sont des étudiantes qui se sont rencontrées à Londres : deux uruguayennes, une australienne et une anglaise. Un groupe Erasmus, un cas d'école. Leur son est grandement inspiré de la cumbia, musique traditionnelle colombienne. Les quatre femmes ont la chance de croiser la route d'Alex Kapranos, leader de Franz Ferdinand, qui tombe immédiatement sous le charme et produit leur premier album " Let The Festivities Begin! ". Le titre de même que la pochette annoncent la couleur au cas où vous n'auriez pas saisi, le but est avant tout de s'amuser. C'est une musique presque entièrement instrumentale qui n'a d'autre objectif que d'accompagner vos moments festifs.

Danger Mouse & Black Thought - Cheat Codes

" Cheat codes " est un terme bien connu des amateurs de jeux vidéos dont je ne fais plus partie depuis de nombreuses années. Est-ce bien ou mal ? Je ne sais pas. C'est comme ça, ça ne veut pas forcément dire que c'est immuable. Les cheat codes, c'était quand on était bloqué dans le jeu, qu'on ne savait plus comment avancer, soit parce que ça devenait trop compliqué, soit parce que ça nous paraissait d'un coup buggé. Bien sûr, le plaisir n'était plus le même, on avait triché pour pouvoir continuer. Le rap n'a par contre jamais été ma came, vous devez le savoir, vous qui venez ici. Si vous aimez le rap, vous devez sans doute aller voir ailleurs. Car les fans de rock indépendant et de rap sont rarement les mêmes. Encore que l'époque est au brassage des genres, de plus en plus. Cet album de Danger Mouse, producteur de légende, ayant travaillé pour des groupes aussi variés que Gorillaz, Sparklehorse, Beck, The Black Keys, U2, Red Hot Chili Peppers,

Jockstrap - I Love You Jennifer B

Georgia Ellery, sous ses allures proches de la belge Angèle, est une surdouée de la pop made in UK. En plus d'être là violoniste de l'épatante troupe Black Country, New Road, elle est la moitié du duo Jockstrap. Leur premier album " I Love You Jennifer B " est un ovni musical comme on n'en entend peu. Charriant les styles avec une dextérité impressionnante, on sait le disque promis à de très nombreuses écoutes pour essayer d'en saisir toutes les nuances, toutes les bifurcations. C'est bien simple aucune chanson ne se ressemble. Et à l'intérieur même des morceaux, les directions ne sont jamais linéaires, les structures constamment complexes. On est aux antipodes des gredins de The Garden. Ici, c'est la sophistication poussée à son paroxysme. L'album pourrait ressembler à un vain exercice de style. Il n'en est rien car il contient tellement d'idées, ne se refuse presque rien et puis la voix d'Ellery est au diapason du reste, ajoutant

Louise Attaque & Dominique A - Paris, Le Café de la Danse, 5 novembre 2022

Encore un concert avant de poursuivre notre rattrapage intensif des disques de 2022, ceux de Louise Attaque et Dominique A, réunis le temps d'une soirée grâce à France Inter. Décidément, encore des anciennes gloires des années 90, françaises cette fois-ci. Pour les premiers, c'est un grand retour accompagné d'un nouveau disque. Le second publie régulièrement des albums depuis ses débuts en 1992, trente ans déjà que " La Fossette " est paru. Si leurs premiers disques respectifs avaient marqué chacun à leur manière les esprits, cela fait bien longtemps que ni les uns, ni l'autre ne révolutionnent les genres. Entendre leur musique à la suite le temps d'une même soirée est assez révélateur des différentes approches. Celle des Parisiens de Louise Attaque - Gaëtan Roussel a le même accent parigot traînant que feu Daniel Darc - est festive, directe, presque naïve, aux influences plus marquées qu'à leur début, plus New Order que Violent Femmes désormais. Celle

The Garden - Horseshit on Route 66

Ceux-là sont complètement frappadingues. Les frères jumeaux Shears sont tout à la fois : enthousiasmants, insupportables, suffisants, géniaux. Leur nouveau disque, déjà cinquième en une petite dizaine d'années, ne changera pas la donne. Rien que le nom annonce la couleur : " Horseshit on route 66 ". Une grosse crotte sur l'autoroute du rock. Voilà à quoi ressemble la musique du binôme. Comme des rejetons de Kurt Cobain, cyniques au possible, se disant que le trente-sixième degré permet de garder suffisamment de distance avec le système et évite de se mettre une balle dans la tête. Les deux branleurs, à force de jouer constamment la carte du grand n'importe quoi, pourrait lasser. Sauf que ce nouvel album joué pied au plancher ne dure que 25 minutes et qu'il contient quelques joyaux cachés sous les étrons, comme " Freight Yard ", " Orange County Punk Rock Legend " ou " Chainsaw The Door ". Et puis, au final, on se dit qu'ils ont

Pavement (+ The Wonder) - Paris, le Grand Rex - 27 octobre 2022

  Non, ce blog n'est pas encore mort. Même si la mode n'est plus, depuis longtemps, à ce type de communication beaucoup trop écrit. Les nouveaux réseaux sociaux privilégient davantage l'image, la vidéo ou les textes très courts. Car l'écrit réclame plus de temps. Du temps pour écrire, même quand c'est mal fait (si, si). Du temps pour lire. Ne sommes-nous pas dans la société du zapping ultime, comme des gamins, incapables de concentration prolongée ou est-ce le monde tel qu'on l'a construit qui nous impose cette triste volatilité ? Alors que le temps me manque, nous manque un peu à tous, j'ai à de nombreuses reprises, eu l'envie d'arrêter. Pour plein de raisons. Pour la futilité de l'exercice : pour qui ? pour quoi ? Pour la difficulté parfois à s'enthousiasmer sur les nouveautés musicales. Et puis, j'y suis revenu. Par passion plus que de raison. Et puis, malgré tout, mine de rien, par manque. Alors, voilà, on attaque la dernière lign