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Articles

Affichage des articles du 2024

Jane Weaver - Love In Constant Spectacle

  Voilà une artiste discrète que je découvre sur le tard. Jane Weaver a commencé à faire parler d'elle au mitan des années 90, en pleine période britpop avec une obscure formation du nom de Kill Laura. Son mari, Andy Votel, est un ami de Badly Drawn Boy qu'il a largement contribué à faire connaître, produisant le premier EP de ce dernier en 1996. Tous les deux étaient aussi les fondateurs de feu le label Twisted Nerve Records. " Love in Constant Spectacle " est le douzième album solo de Weaver et vu le peu de connaissance de la carrière de la dame que je peux avoir, loin de moi l'envie de dire qu'il s'agit de son meilleur - certains, de toute façon, le font pour moi. Ça n'empêche qu'on tient là un disque épatant dont les influences font irrémédiablement penser à Broadcast ou plus récemment à Cate Le Bon, une pop psychédélique, douce, apaisante et divinement bien arrangée.  Quand on sait en plus que la production a été confiée à John Parish, compagn

Bill Ryder-Jones - La Maroquinerie, Paris - le 28 mars 2024

  Jeudi dernier, nous sommes allés voir en concert Bill Ryder-Jones, ancien guitariste d'un des meilleurs groupes de pop de ces vingt dernières années, The Coral. Le monsieur est quant à lui, responsable de ce qui devrait être l'un des meilleurs disques du genre en 2024. Je l'ai déjà dit mais " Lechyd Da " est magnifique, de bout en bout. Pourtant, sa musique n'a pas grand chose à voir avec celle de son ancien groupe, elle est plus triste, contemplative. La faute, à ce frère, Daniel, qu'il a perdu, tombé d'une falaise, il y a plusieurs années et dont il a du mal à se remettre. En tout cas, le chanteur avoue lui-même que son nouvel album est celui dont il est le plus fier, avec " A Bad Wind Blows in my Heart " sorti en 2013, rejetant quelque peu " West Kirby County Primary " et " Yawn " parus entre deux. D'ailleurs, il ne joua aucun titre de ce dernier. La première partie fut assurée par une jeune liverpudlienne, Pet Sn

Little Rock Story - Bobino, Paris - le 24 mars 2024

C'est grâce à l'ami de Merseyside que nous sommes allés en famille un dimanche après-midi à Bobino assister à un concert rock. Mais pas n'importe quel concert : celui-ci est indiqué à partir de 6 ans et il raconte en à peine plus d'une heure l'histoire du rock. Belle ambition portée par un groupe de musiciens aguerris, du blues des noirs américains dans les plantations du Sud à des titres plus récents comme le célèbre " Seven Nation Army " - même si le tube des White Stripes a plus de vingt ans au compteur - malheureusement transformé depuis plusieurs années en hymne pour stades, beuglé en choeur par des troupes de décérébrés. Le groupe maîtrise en tout cas ses classiques, de Elvis aux Beatles, en passant par Hendrix, AC/DC, Metallica, le Clash, etc. Tout est impeccablement joué. Bien sûr, il y a de nombreux oublis et certains difficilement pardonnables (Radiohead, Pink Floyd, Dylan ainsi que tout le rock indépendant au sens large). Le punk est aussi bala

Royel Otis - Pratts and Pain

Voilà un groupe de jeunes hommes plutôt malins, là où le style indie-pop n'est plus vraiment à la mode - l'a-t-il déjà été ? - , ils ont malgré tout réussi à faire parler d'eux. D'abord en figurant dans la bande son du célèbre jeu vidéo Fifa 2024, imparable tremplin pour se faire connaître, avec leur assez irrésistible " Going Kokomo ". Ensuite en reprenant " Murder on the dance floor " de Sophie Ellis Bextor sur les réseaux sociaux - au passage, je me suis rendu compte que la très belle anglaise n'était autre que la chanteuse de theaudience, groupe de britpop assez inoffensive comme la carrière de la demoiselle mais dont le titre " I know enough " fait encore son petit effet aujourd'hui. La vidéo connait un beau succès, suffisamment pour remettre au goût du jour le tube pop pour les plus jeunes générations - oui, le titre a déjà 23 ans. Le nom de Royel Otis vient simplement des prénoms des deux principaux membres du groupe australi

Dombrance - Le Trianon, Paris - 15 mars 2024

Dis donc, ça faisait longtemps déjà qu'on n'avait pas traîné nos guêtres dans une salle de concert. Celui de Bertrand Lacombe, alias Dombrance était l'occasion rêvée de renouer avec ce petit plaisir personnel. Dombrance, c'est notre Kraftwerk à nous, toute proportion gardée. Les allemands ont abordé différents thèmes lors de leurs albums respectifs - souvent liés au progrès au sens large - mais jamais la politique et encore moins la 5eme république française, ce qu'on peut aisément comprendre. Le sujet n'est pas le genre à déchaîner les foules. Pourtant, il suffit d'y adjoindre une mélodie électro un peu dansante, quelques images d'archives savamment choisies et une bonne dose d'humour pince sans rire pour embarquer une salle parisienne un poil feutrée comme Le Trianon. L'artiste fait même ça en famille invitant une de ses filles à chanter sur " Nicolas Sarkozy " affublée d'une moustache, signe distinctif familial - on imagine déjà

Yard Act - Where's My Utopia ?

  Décidément, ce groupe est étonnant. Après un premier album bien dans la mouvance post-punk de beaucoup de jeunes formations anglaises actuelles mais avec ce côté décalé bienvenu en plus, voilà Yard Act de retour avec une deuxième livraison assez éloignée dans le style, pas vraiment dans l'esprit. " Where's my Utopia? " flirte allégrement avec le disco même s'il est largement inspiré des années 90, rappelant le Beck de " Odelay ". Il embrasse les influences tout azimut, avec la présence régulière de cordes et Rémi Kabaka Jr, le producteur de Gorillaz aux manettes. Entre deux, ils avaient publié l'énorme single " The Trench Coat Museum " et sa rythmique dantesque - malheureusement, non présent ici. S'il reste une constante parmi toutes ces directions prises, c'est le chanté-parlé de James Smith, leader à l'improbable gouaille, quelque part entre Jarvis Cocker (" The Undertow ") et Jason Williamson, chanteur des Sleador

Astrel K - The Foreign Department

  Décidément, j'avais trop mésestimé le talent de Rhys Edwards, leader d'Ulrika Spacek et dont le dernier album est remarquable d'inventivité. La formation mérite bien mieux que le statut de sous-Deerhunter anglais dont je les affublais volontiers. Voici leur chanteur en solo avec ce drôle de pseudo, Astrel K pour un deuxième disque alors que j'étais complètement passé à côté du premier sorti il y a deux ans et paru sur le label de Stereolab - un gage de qualité pourtant. Celui-ci s'appelle " The Foreign Department ", en référence au statut d'expatrié du monsieur, anglais vivant depuis quelques années à Stockholm et plus qu'une surprise, c'est une révélation. En plus d'un rock tout en rupture de rythmes, apanage de son groupe, il est aussi capable de sonorités plus légères voire sucrés (le lumineux " By Depol ") avec de jolies melodies qui font immédiatement leur effet (la fin de " Brighter Spells ", le début de " R

MGMT - Loss of Life

Mais qu'est-il arrivé au duo américain pop le plus doué de sa génération ? Après nous avoir emballé avec leurs deux premiers disques qui portaient admirablement bien leurs noms : le premier " Oracular Spectacular " rempli à ras bord de tubes en puissance, en tête desquels figurent les éternels " Time To Pretend " et " Kids " et le second, " Congratulations ", chef d'oeuvre incontestable du groupe et pourtant injustement sous-estimé, ils semblent avoir du mal à se renouveler. Après un troisième album éponyme volontairement barré, bancal où le duo essayait souvent maladroitement de se renouveler, ils ont de nouveau rencontré le succès avec un " Little Dark Age " cette fois-ci beaucoup plus accessible - trop ? - avec une pop moins psychédélique aux sonorités très eigthies. Avec " Loss of Life ", ils reviennent un peu à leurs premiers amours, la plupart des morceaux auraient pu être composés du temps de " Congratulati

Gruff Rhys - Sadness Sets Me Free

Pas vraiment d'accalmie dans les sorties musicales mais déjà l'occasion pour moi d'un léger retour arrière sur un album paru il y a un mois : le dernier en date du prolifique gallois Gruff Rhys, ancien leader des Super Fury Animals. " Sadness sets me free " est un disque d'un classicisme intemporel, une pop joyeusement mélancolique, aux mélodies savamment arrangées avec cordes et cuivres à foison. Finis les bidouillages électroniques et le régulier foutoir qui ornaient les albums de son ancien groupe, Rhys, sûr de son art, n'en a gardé que l'essentiel, celui qui reste quand on s'est débarrassé de tout le superflu, celui qui se fout des modes. Bien lui en a pris car après près de trente-cinq ans de carrière, lui faisant essayé de nombreuses directions, il atteint ici son apogée artistique, en toute simplicité. Il aurait été dommage de laisser passer cette petite merveille pop parmi le choix pléthorique de nouveautés musicales.  D'autant que qui

Friko - Where we've been, Where we go from here

Il y a des albums parfois qui s'imposent aisément comme ça, dès la première écoute. Le premier disque de Friko, duo de Chicago - venant de la même scène locale que Horsegirl - en fait indéniablement partie. Pas de tergiversation possible, il y a un incroyable savoir-faire derrière cette musique-là, qui tourne même légèrement à la démonstration de force - écoutez comment on maîtrise parfaitement notre art, même si nous sommes jeunes. " Where we've been, Where we go from here " alterne les ambiances, en tant qu'adepte des montagnes russes, avec une dextérité naturelle, à l'image d'Arcade Fire sur leur chef d'oeuvre inaugural, " Funeral "; lâchant la bride sur quelques titres particulièrement dévastateurs (" Crimson To Chrome ", " Crashing Through ", " Chemical ", " Get Numb to It! "), la retenant au contraire sur de belles ballades plus en retenue (" Cardinal ", " For Ella ", " Un

Helado Negro - Phasor

Petit retard cette semaine pour ma chronique hebdomadaire en raison d'un weekend prolongé. L'occasion de me plonger plus longuement dans le nouveau disque d'Helado Negro, derrière lequel se cache un certain Roberto Carlos Lange, natif de Floride mais fils d'immigrés équatoriens. C'est loin d'être son premier essai puisque cela fait près de 15 ans qu'il publie régulièrement des albums et depuis 2019 environ que je le suis discrètement. Jusqu'ici, je n'avais pas pris le temps d'en parler sur ce blog. C'est dommage car force est d'avouer que le chanteur a un style à nulle autre pareil. Calme, apaisante, remplie de plein de petits sons surprenants, sa musique mérite qu'on s'y attarde. Au premier abord, elle ressemble à ces musiques d'ambiance qu'on entend sans vraiment écouter en soirée. C'est le genre de trucs qu'on met en fond sonore pour détendre l'atmosphère, sachant que la musique certes agréable ne prendra pa

Tapir! - The Pilgrim, Their God and The King Of My Decrepit Mountain

Il est déjà temps de faire une pause sur les sorties musicales du 26 janvier dernier car il faut avouer qu'il y avait pléthore de disques intéressants. Et pas tous attendus, comme ce premier album des drôles d'anglais de Tapir! Tellement pas attendus qu'ils sont déjà passés en concert à Paris (et à Dunkerque, décidément...) avant même que je m'en rende compte... Ils sont six et portent tous des masques de l'animal dont ils tiennent leur nom. Dans ce cas de figure, on s'attend généralement à une formation bien perchée avec la musique qui va bien avec. Cette fois-ci, que nenni, car on est en présence d'une musique folk plutôt classique dans la forme, avec des arrangements particulièrement soignés qui, d'emblée nous font dire qu'on tient là quelque chose de supérieur. C'est extrêmement précis, incroyablement maîtrisé. De la musique élitiste pour bobos diront les mauvaises langues, mais quand on aime, on s'en fout des mauvaises langues.  Pour sit

The Smile - Wall of Eyes

Comme PJ Harvey, un nouvel album de Thom Yorke est toujours pour moi un événement. Que cela soit en solo, avec Radiohead ou avec sa nouvelle entité The Smile qu'il forme avec l'inséparable Jonny Greenwood et Tom Skinner, le batteur de Sons of Kemet, sa musique reste passionnante, différente. Ce " Wall of Eyes " sorti finalement peu de temps après le précédent, " A Light For Attracting Attention " n'échappe pas à la règle et on sait qu'il nous faudra de multiples écoutes pour en déceler toutes les nuances, tous les recoins. Le travail sur le son reste impressionnant, chaque mélodie parfois simple est agrémentée de quantités de sonorités presque indistinctes mais qui font la grandeur de cette musique, sa patte inimitable. Et c'est peut-être le reproche qu'on peut faire à Thom Yorke et ses acolytes, d'avoir basculé petit à petit de morceaux accrocheurs vers des atmosphères plus vaporeuses, moins lisibles, qui peuvent au premier abord ennuyer

Hildebrandt - Will

Je profite de la relative accalmie dans les sorties musicales pour parler d'un artiste français particulièrement attachant et qui ne rencontre pas le succès qu'il mérite. En effet, il faudra attendre la semaine prochaine pour entendre une salve de disques très attendus de 2024 : The Smile, Future Islands ou encore Ty Segall pour n'en citer que quelques uns. " Will " est déjà le troisième album solo de Wildried Hildebrandt après une jeunesse au sein du groupe Coup d'Marron. Le Rochelais s'attache ici les services de Lescop à la production et ça s'entend : les chansons sont toutes joliment pop, aux mélodies classiques, douces mais assez irrésistibles. Les paroles d'apparence légères cachent souvent un malaise latent, à l'image de l'entraînant single " A part ça " qui nous parle de la procrastination.  En plus de ce nouveau disque réussi, je vous conseille aussi de jeter une oreille et aussi un oeil à ses étonnantes sessions suspendu

Bill Ryder-Jones - Iechyd Da

Autant le dire tout de suite, voilà déjà un disque majeur pour 2024, promis aux plus hautes marches. Bill Ryder-Jones est connu pour avoir été guitariste de The Coral à leurs débuts, disons pendant leur période dorée jusqu'en 2008. J'en ai déjà parlé ici au moment de la sortie de son troisième album solo en 2015, l'excellent " West Kirby County Primark " qui était même dans mes 10 préférés de l'année . Il y a eu ensuite le décevant " Yawn " en 2018 et le voilà maintenant de retour plus de cinq ans plus tard avec son oeuvre la plus ambitieuse et sans doute sa plus essentielle à ce jour. Le titre, " iechyd Da " veut dire bonne santé en gallois, ça tombe bien en cette période de voeux. Le chanteur montre une fois de plus son attachement pour son Royaume-Uni natal. Né dans la région de Liverpool, il a son propre studio d'enregistrement dans la région de West Kirby aux portes du Pays de Galles. Il avoue aussi avoir beaucoup d'attaches e

Sprints - Letter To Self

Première semaine de l'année et d'habitude pas grand chose à se mettre sous la dent au niveau des nouveautés musicales. Ce quatuor post-punk irlandais est venu remplir la case in extremis, pas vraiment au sprint, faute de réelle concurrence. Pourtant, ce " Letter To Self ", premier album du groupe, dégage une belle maturité, convoquant régulièrement le meilleur du genre déjà dignement réhabilité par leurs compatriotes D.C. Fontaines. Karla Chubb, chanteuse et songwriter a écrit ce disque, comme son titre l'indique, comme une lettre à elle-même, en espérant qu'elle ait aussi un écho chez d'autres. Comme le font beaucoup d'artistes mais ça va parfois mieux en le disant. Il y est question de construction personnelle dans une Irlande encore très catholique, aux traditions rigoristes. Pas évident quand on est queer. " I am alive " nous dit-elle dans le dernier morceau éponyme du disque. La musique comme exutoire, comme porte de sortie pour pouvoir

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&