Tu viens d'une autre époque, d'un autre temps où l'on avait encore le temps. Le temps de bâtir une carrière par exemple, pierre par pierre. Il y a ceux qui passent et qu'on ne retient pas, qui montent trop haut, trop vite et redescendent aussitôt. Et puis, il y a ceux qui s'installent, tout de suite, mais sans faire de vagues. Ou seulement à l'âme. Ceux qui touchent au-delà du succès, du nombre de ventes. Parce que tout y est juste : la beauté des textes, quelques notes de piano délicatement frôlées et cette voix chuintante qui semble en faire trop, alors que non. Les larmes viennent presque inévitablement. Un signe. Tu avais cette classe-là que n'auront jamais toutes les Céline Dion du monde. Parce que tu n'étais pas dans la performance. Parce que l'émotion ne se décrète pas. Parce que tu vivais ta musique. Elle était pour toi la porte de sortie vers le monde extérieur. Ta façon de faire face à une existence qui ne t'avait pas épargnée (la guerre, l'inceste, l'impossibilité d'enfanter). Tu chantais ainsi comme si ta vie en dépendait. Il faut avoir beaucoup souffert pour y parvenir. Et surtout ne pas calculer. Ne rien attendre en retour. Juste tout donner. Et nous, bêtement, on prenait tout. Sans se poser de questions. Aujourd'hui, quinze ans après ta disparition - à cette occasion, France Inter propose une rétrospective en 9 épisodes (à écouter ici) - , on est toujours aussi démuni en t'écoutant. Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous, disais-tu. Bizarrement, on a l'impression de ne pas en avoir fait assez. De ne pas t'avoir tout dit. Dis, quand reviendras-tu ?
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m'as dit cette fois, c'est le dernier voyage,
Pour nos cœurs déchirés, c'est le dernier naufrage,
Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,
Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
A voir Paris si beau dans cette fin d'automne,
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne,
Ton image me hante, je te parle tout bas,
Et j'ai le mal d'amour, et j'ai le mal de toi,
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,
J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrai la route, le monde m'émerveille,
J'irai me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,
Je n'ai pas la vertu des femmes de marins,
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus...
Grand merci pour le lien et l'info !
RépondreSupprimer"Mon enfance" (écluse du canal lacrymal).