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Top Albums 1998

Où comment un groupe à l'allure de péquenots sortis du fin fond de l'Amérique a acquis le statut culte au fil des années ? "In The Aeroplane Over The Sea" est un miracle fait disque. A l'époque, en 1998, pas grand monde pour prédire un tel avenir à la formation de Jeff Mangum et à son chef d'oeuvre. Pas moi en tout cas, je n'ai fait leur découverte que bien plus tard, par l'intermédiaire de Pitchfork. Mais comme tous ceux qui ont un jour eu la chance de l'écouter, j'en suis immédiatement tombé sous le charme. Pourtant, de prime abord, ce disque n'a pas grand chose pour plaire : une musique folk déglinguée qui part dans tous les sens, une voix éraillée sonnant souvent faux, mais une émotion qui vous colle constamment aux tripes. Peu importe la forme, quand le fond est aussi universel. Voilà, après l'évident disque de l'année 1998, que dire des autres ? Que cette année était quand même vachement bien ! Mercury Rev sortait avec "Deserter's Songs" une merveille d'album, comme si Neil Young faisait un disque de pop psychédélique et se mettait à parler aux étoiles. Elliott Smith, le plus grand songwriter américain de la décennie, balançait lui aussi son disque référence. Belle & Sebastian, un peu moins légers que sur leurs deux premiers albums parus en 1996, gardaient quand même le cap de l'excellence pop avec "The Boy With The Arab Strap". Avec "Fantaisie Militaire", Bashung se posait définitivement comme l'un des derniers grands de la chanson de chez nous. Eels connaissait des drames familiaux et sa musique prenait d'un coup une profondeur bouleversante. Un crooner irlandais du nom de Perry Blake sortait de nulle part et délivrait un premier disque atypique à l'atmosphère envoûtante. Jarvis Cocker claquait la porte du succès du précédent "Different Class" avec le disque le plus noir de Pulp depuis des lustres. Placebo était encore un groupe respectable et respecté et leurs guitares teigneuses, fortement inspirées des Pixies et Sonic Youth, se désagrégeaient un poil pour permettre à l'émotion de rentrer. Enfin, le curieux épiphénomène Baby Bird publiait son meilleur album, se rapprochant au plus près de sa pop rêvée, alors que plus personne n'en avait rien à faire. Une bien belle année, je vous dis...

10- Baby Bird - There's Something Going On
Son tube "You're Gorgeous" l'avait propulsé sur le devant de la scène en pleine période brit-pop. Pourtant, Stephen Jones détonnait un peu dans le paysage ambiant avec ses pop-songs de crooner de supérette. Deux ans après, son Baby Bird était déjà retombé dans l'anonymat. Dommage, car c'est à ce moment-là que sa musique était la plus belle.


9- Placebo - Without You I'm Nothing
Leur premier disque avait fait l'effet d'une bombe dans le paysage rock d'alors. Il mélangeait adroitement la new-wave et les grosses guitares avec une pointe de glam apportée par leur charismatique chanteur, Brian Molko. Avec "Without You I'm Nothing", leur musique s'étoffe. Dernier décollage avant le lent crash qui se poursuit inlassablement depuis.

8- Pulp - This Is Hardcore
Jarvis Cocker est l'une des plus belles plumes de la pop anglaise de ces trente dernières années. C'est indéniable. Il aurait pu continuer de surfer sur le succès de leur précédent disque. Mais histoire de garder le contrôle du navire Pulp, il décide de le saborder à moitié en sortant un album à l'ambiance cinématographique plus personnelle.  


7- Perry Blake - Perry Blake
L'Irlande n'est pas qu'un sympathique pays de buveurs de bières, adeptes de cornemuses, et connu aussi pour produire des groupes de rock pompier aptes à remplir les stades. Non, il existe aussi chez eux, des garçons sensibles comme ce Perry Blake et sa voix de velours.


6- Eels - Electro Shock Blues
Après le premier album lancé par la maison de disque nouvellement créée par Spielberg, le chanteur de Eels côtoie la douloureuse expérience de la mort dans sa famille très proche : le suicide de sa soeur et le cancer de sa mère. Dis comme ça, on imagine la musique plombante qui devrait en découler. Que nenni, à l'image de la pochette, la musique de Eels garde son côté éminemment ludique.

5- Alain Bashung - Fantaisie Militaire
La moitié du disque au moins est magnifique ("La Nuit Je Mens", "Dehors", "Aucun Express", "Sommes-Nous", "Angora"). C'est dans ces moments-là, plus que dans ses plus hasardeux essais orientés world music que cette "Fantaisie Militaire" subjugue. Bashung invente une chanson française en dehors de tout format connu, à la profondeur vertigineuse.

4- Belle & Sebastian - The Boy With The Arab Strap
C'est bien simple, à l'époque, je n'avais d'oreilles que pour eux. Ce disque, je l'ai usé jusqu'à la moelle. Stuart Murdoch y gardait son évident talent mélodique, mais ses chansons prenaient des atours plus conventionnels. Pourtant, après réécoute aujourd'hui, "The Boy With The Arab Strap" garde encore un charme immédiat.


3- Elliott Smith - XO
Ce songwriter aux allures de bûcheron du grand Nord est devenu l'un des plus essentiels de son époque. Chacune des chansons de ce "XO" possède cette agaçante simplicité des chefs d'oeuvre intemporels. Parce que ce disque aurait pu sortir il y a 30, 20 ou 10 ans, qu'il aurait produit le même effet. On parie que cela sera encore le cas dans plusieurs décennies.

2- Mercury Rev - Deserter's Songs
Un album à écouter dans le noir, sous les étoiles. Une musique, une voix qui réchauffent les coeurs. De la scie musicale. Pink Floyd rencontre Neil Young. Et si je ne suis fan ni des uns, ni de l'autre, le mélange des deux s'avère magique. Miraculeux.



1- Neutral Milk Hotel - In The Aeroplane Over The Sea
Ou comment réussir l'exploit de faire le rock le plus indé qui soit dans la forme tout en faisant une unanimité quasi générale dès la première écoute ? Parler de l'histoire universelle d'Anne Franck ? Ou simplement pondre, comme le titre éponyme, quelques unes des plus belles chansons de l'univers.


Commentaires

  1. Bonjour, ici Dale Cooper! Très bon top (nous avons des références communes) et voici le mien:
    1-AIR "moon safari"
    2-Mercury Rev "deserter's songs"
    3-Belle and Sebastian "the boy with the arab strap"
    4-nada Surf "the proximity Effect"
    5-REM "up"
    6-Pulp "this is hardcore"
    7-calexico "the black light"
    8-Bashung "fantaisie militaire"
    9-Sparklehose "good morning spider"
    10-Mansun "six"
    Et juste derrière, en effet, Elliott Smith, Placebo, Babybird, Perry Blake auwquels j'ajouterai Massive Attack ("mezzanine"), Unkle ("Psyence Fiction") et Garbage ("version 2.0").
    Neutral Milk Hotel, j'ai écouté plusieurs fois pour être certain que je ne ratais pas un truc mais ça ne me touche pas du tout. Et Eels à part le 1er album...

    A Plus!

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  2. Bonjour Dale,
    Merci du compliment :) Le tien n'est pas mal non plus...
    Pour Neutral Milk Hotel, tu me fais donc mentir. Il y aurait donc des gens que ça ne touche pas... C'est pas bien ça ;)
    Sinon, Air, c'est comme toi pour Neutral Milk Hotel, je trouve ça sympathique mais sans plus.
    A+

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    Réponses
    1. re coucou!

      En fait, je crois qu'on a tous un rapport particulier avec la musique, qui reste le plus important vecteur d'émotions que je connaisse pour accompagner une vie. Perso vois tu, Moon Safari a contribué à adoucir une dépression tenace en 1998 lorsque j'étais étudiant en fac. je dois beaucoup à ce disque car c'est avec lui que je compris que la musique valait mieux que les drogues pour s'évader... Continue ton blog auquel je jette un œil bienveillant quotidiennement!
      Bien à toi.

      Dale Cooper.

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  3. Alors pour moi ce serait :
    1) Massive Attack - Mezzanine
    2) Rufus Wainwright - Rufus Wainwright
    3) Cat Power - Moon pix
    4) Bashung - Fantaisie militaire
    5) Elliott Smith - XO
    6) Portishead - Live in Roseland
    7) Pulp - This is hardcore
    8) Sparklehorse - Good morning spider
    9) Mercury Rev - Deserter's songs
    10) Richard Davies - Telegraph

    Et j'avoue que je ne connaissais pas Neutral Milk Hotel... J'y jetterai une oreille attentive.

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