Accéder au contenu principal

Top albums 1990


Comme l'actualité est somme toute assez calme en ce début 2014, je profite de l'occasion pour me replonger dans mes tops annuels. J'en étais arrivé dans mon compte à rebours à 1990. Et c'est peu dire que ce millésime ne fut pas extraordinaire. C'est bien simple en y regardant de plus près, les disques sélectionnés ci-dessous sont pour la plupart l'oeuvre d'artistes ou groupes incontournables de l'histoire de rock, mais ce ne sont jamais ou presque leurs meilleurs. Les rares exceptions sont évidemment les La's et leur unique album mythique ou encore les Depeche Mode dont le "Violator" est d'assez loin ce que Dave Gahan et Martin Gore ont pu produire de mieux. Bien sûr, il y aussi les Pixies dont les quatre disques sont chacun à leur manière des chefs d'oeuvre du genre. "Bossanova" ayant donc profité d'une année plus clémente pour s'imposer en première place de mon top 1990.

10- John Cale & Brian Eno - Wrong Way Up
Deux légendes du rock décident de marier leur savoir faire pour un disque au final assez bancal, hésitant entre l'univers de chacun. "Wrong Way Up" a beau être kitsch et léger, il n'en demeure pas moins comme le dernier bon disque des deux acolytes. Sans doute, parce que depuis, l'un comme l'autre ont perdu cette fraîcheur. Voulant retrouver l'inventivité de leurs débuts, ils ont oublié que parfois la musique peut juste être une belle récréation.

9- Yo La Tengo - Fakebook
Je l'ai déjà dit. Je suis définitivement tombé amoureux de Yo La Tengo en 2013. Oui, il m'en a fallu du temps. Ceux qui les connaissent depuis leurs débuts préféreront peut-être ce "Fakebook" au dernier "Fade". En tout cas, c'est la même fluidité des guitares, la même chaleur dans les voix. A la différence près que sur "Fakebook", ils reprenaient encore les chansons des autres, notamment "Andalucia", tiré de "Paris 1919", meilleur album de John Cale.

8- The Fall - Extricate
"Extricate" ou la fin de la meilleure période The Fall : les années 80. L'inspiration du célèbre groupe de l'inénarrable Mark E. Smith s'oriente de plus en plus vers l'électro, montrant mine de rien, que, sous ses airs de n'en faire qu'à sa tête, le bonhomme sait aussi surfer sur les modes. La fin des années 80, c'était Madchester et l'apparition de la house dans le rock. Et si The Fall y était au final pour quelque chose ?

7- The Clean - Vehicle
Le label néo-zélandais Flying Nun Records est un label mythique pour tout amateur de pop-rock lo-fi. On y recensait des groupes comme The Chills, The Bats, le fantasque Chris Knox et les oubliés de The Clean, donc. Il y a d'ailleurs parmi ces derniers, Robert Scott à la basse, éminent membre de The Bats. La musique de cette belle famille n'a pas pris une ride. De Pavement au label Captured Tracks, on ne finit pas de l'entendre depuis.

6- Sonic Youth - Goo
Sans doute, l'un des plus belles pochettes de l'histoire du rock. Un très bon disque aussi. Le punk-rock assez expérimental des New-Yorkais se fait plus avenant, notamment avec deux gros tubes indés en puissance "Dirty Boots" et "Kool Thing". Malheureusement pour eux, c'est Nirvana qui emportera la mise l'année suivante avec les mêmes chansons mais des guitares moins tranchantes.


5- Nick Cave & The Bad Seeds - The Good Son
Nick Cave se prend pour la première fois pour un crooner des familles. Finis le punk déjanté et les envolées de blues abrasif, "The Good Son" se fait plus apaisé. Le disque montre ainsi une autre palette plus accessible mais toute aussi émouvante.



4- Depeche Mode - Violator
Dès l'écoute des premiers singles extraits de ce "Violator" ("Personal Jesus", "Enjoy The Silence"), on sent qu'il s'est passé quelque chose chez Depeche Mode. Finies les gentilles rengaines new wave ("Just Can't Get Enough"), le son s'est peu à peu durci jusqu'à ce disque, symbole de leur maturité artistique. La suite sera une lente déchéance, le chanteur devenu accro à la drogue, fera même une tentative de suicide. Depuis, la formation est revenue aux affaires de manière plus saine mais sans parvenir à cet apogée.

3- The House of Love - The House of Love
Voilà un très joli nom de groupe, sans doute lié à son époque - qui aujourd'hui oserait s'appeler ainsi ? Les influences sont de la meilleure veine : Lou Reed, Leonard Cohen, avec une sensibilité toute anglaise. Bien sûr, on y parle "The Beatles and The Stones", les glorieux aînés, mais tout ça est brillamment assumé ("Shine On") et puis rien que pour une merveille comme "Shake And Crawl"...

2- The La's - The La's
Voici une des plus brillantes guitares anglaises de ces dernières décennies. Lee Mavers avait un talent fou, celui de faire une musique sans âge, capable de marier la rudesse du blues à des mélodies pop éternelles (le classique "There She Goes"). Ce premier disque éponyme compile 40 ans de rock anglais de la plus belle des manières. Depuis, on attend toujours la suite.

1- Pixies - Bossanova
Quand on fait une écoute comparative des disques des Pixies de l'époque, avec Kim Deal donc, et des pitoyables EP sortis ces derniers mois, on a juste envie de pleurer. Que doivent penser les plus jeunes qui ne connaissent Frank Black que par le biais que ces récentes chansons laborieuses ? Entre 1987 et 1991, les Pixies inventaient un rock martien auréolé d'inspiration latino, beaucoup copié, jamais égalé. Le meilleur groupe de rock au monde, c'était eux.


Commentaires

  1. Joli top que voilà. Il n'y a que The Clean qui me soit parfaitement inconnu. Pour le reste c'est du tout bon. C'est "courageux" d'avoir mis Depeche Mode dans cette liste car à l'époque ils étaient souvent mal vu par les fans de musique indies. Pour ma part je les ai connu sur le (très) tard en 2004 seulement. Sinon il y a Nick Cave...

    RépondreSupprimer
  2. Je suis franchement d'accord sur le sujet Pixies, les derniers Ep sont comment dire, assez nul, peu énergique et convaincant... C'est un gâchis pur est simple, la discographie des Pixies était parfaite jusqu'à la...

    RépondreSupprimer
  3. Pas mal de disques de gens que je connais par ailleurs, mais pas ces disques là. Sinon, amen pour Pixies, La's, Sonic Youth. Depeche Mode c'est moins mon truc, mais sans que ça soit une remarque négative, cet album me plaît aussi beaucoup. Juste moins que les 3 cités juste avant. Sinon, il faut que je comble mes lacunes chez Cave. Et le Cale/Eno m'était inconnu, ça me branche pas mal a priori. Merci pour ces bons conseils ! :)

    T'as compté Soft Bulletin comme étant de 2000 ? Je l'avais mis pour 1999 dans un brouillon de top nineties. A vrai dire, je m'attendas à voir "Soft Bulletin", "Deserter's Songs", "Loveless", et "Ok Computer". Mais j'aime les surprises quand elles sont bonnes, et je suis davantage enchanté de découvrir un top constitué de potentielles découvertes pour moi que de disques que je connais déjà par coeur ;)

    Très joli travail, merci !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est pas un top de la décennie, seulement de l'année 1990 mais merci quand même !

      Supprimer
    2. Je m'en suis rendu compte en le relisant.... La boulette ^^ ! Désolé. Ca n'enlève rien à ce que j'ai dit, je suis content d'avoir de quoi écouter ! J'avais zappé ton intro en fait, je ne sais pas pourquoi, je suis passé direct aux chroniques sur les albums.

      Il y a le "Songs For Drella", de Reed et Cale aussi en 1990. Je l'aime énormément ce disque, très sobre et touchant. "Armchair Theatre" de Jeff Lynne, et "On A Priest Driven Ambulance" des Flaming Lips aussi. C'est vrai que cette année semble un peu plus creuse malgré de grands disques comme "Goo" ou "Bossanova"

      Supprimer
  4. J'aurais mis le Goo un peu plus haut (mon préféré des SY avec Daydream Nation). Les La's, je connais trop peu, le Cave, j'ai du retard aussi. Merci pour le pense-bête.

    RépondreSupprimer
  5. que de l'année 1990 et y'a du beau monde !
    ce Pixies est juste leur meilleur, du moins mon préféré ;)

    RépondreSupprimer
  6. Sympa ce concept, pour ma part j'aurais choisi :

    1 Public Enemy : Fear Of A Black Planet
    2 Stereo MC's : Supernatural
    3 A Tribe Called Quest : People's Instinctive Travels And The Paths Of Rhythm
    4 Mazzy Star : She Hangs Brightly
    5 Ride : Nowhere
    6 His Name Is Alive : Livonia
    7 Spacemen 3 : Recurring
    8 Codeine : Frigid Stars
    9 Depeche Mode : Violator
    10 Pet Shop Boys : Behaviour

    .. et les La's juste aux portes. En fait beaucoup de très belles choses en 1990.

    Ce Pixies par contre est le seul de leur quatre albums qui a pour moi assez mal vieilli.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,...