Ian Curtis et Joy Division sont devenus un mythe, avec tout ce que cela implique. Leur histoire ne leur appartient plus et leur musique ne peut plus être entendue et jugée indépendamment de cette histoire. Comme les Doors en leur temps. Curtis a d'ailleurs plus d'un point commun avec Morrison ou même Jeff Buckley plus récemment. Le problème est désormais de faire abstraction de tout ce décorum et ne retenir que l'essentiel : la musique. Certains ne pourront pas, ne pourront plus, par manque de volonté ou malheureusement par aveuglement ou plutôt par surdité. Parce qu'il faut jeter les à-priori à la poubelle, ces foutus obstacles que la vie aime à nous imposer, parce que c'est facile d'avoir des idées préconçues. Parce que ça nous ôte le besoin de réfléchir, de se faire soi-même sa propre opinion. Et c'est aussi nier l'histoire d'hommes dans toute leur complexité et leur contradiction. Parce que Curtis, ce n'est pas que le suicide d'un homme tiraillé entre deux amours, détruit par les médicaments et son épilepsie. C'était aussi un être faible, lâche envers sa femme et sa fille, un brin misogyne, pathétique dans son désir de mourir jeune en martyr du rock, puéril quand il s'agissait de surenchérir dans les blagues débiles que les groupes se faisaient en tournée. Des trois chanteurs précités, c'est le seul dont la côte n'a cessé de croître depuis sa mort, imposant un respect bien au-delà du cercle restreint des uniques fans de new wave ou de post punk. Pourtant, c'est aussi le seul dont le décès était réellement planifié, celui qui a le plus calculé son aura mythique. C'est en tout cas, ce qu'il ressort de la lecture de la biographie qu'en fait son ex-femme, Deborah, dans "Histoire d'une vie". C'est ce livre qui a servi de base à l'excellent film "Control" de l'ancien photographe Anton Corbijn.
La plus récente biographie de Joy Division du bassiste Peter Hook, intitulée "Unknown Pleasures : Joy Division vu de l'intérieur" s'attarde plus sur les raisons du culte posthume du groupe. Il privilégie bien sûr la qualité incontestable de leur musique et son influence grandissante. Il y avoue aussi n'avoir compris que bien trop tard les paroles écrites par Curtis dans lesquelles il était pourtant évident que ce dernier allait mal. Les deux auteurs ont ainsi essayé chacun à leur manière de chasser leurs démons, cherchant à comprendre le passage à l'acte de Curtis. La première a tenté de ne pas passer que pour la rabat-joie et la femme au foyer tristounette de l'histoire, bridant la carrière de son mari avec sa mioche. Le second se sentant coupable, a plaidé son absence de maturité. Toute vie recèle son lot de mystères que même les plus proches semblent incapables de résoudre complètement. On ne sait donc toujours pas comment un gars d'à peine 20 ans a pu écrire des chansons aussi noires et définitives, comme si justement ayant déjà vécu tout ce qu'il y avait à vivre, la mort n'était devenue pour lui que la seule issue acceptable. Il nous laisse seuls, nous, pauvres mortels, avec ses chansons éternelles. En cela, Curtis n'est plus un homme, mais une icône. Finalement, il l'a bien cherché.
La plus récente biographie de Joy Division du bassiste Peter Hook, intitulée "Unknown Pleasures : Joy Division vu de l'intérieur" s'attarde plus sur les raisons du culte posthume du groupe. Il privilégie bien sûr la qualité incontestable de leur musique et son influence grandissante. Il y avoue aussi n'avoir compris que bien trop tard les paroles écrites par Curtis dans lesquelles il était pourtant évident que ce dernier allait mal. Les deux auteurs ont ainsi essayé chacun à leur manière de chasser leurs démons, cherchant à comprendre le passage à l'acte de Curtis. La première a tenté de ne pas passer que pour la rabat-joie et la femme au foyer tristounette de l'histoire, bridant la carrière de son mari avec sa mioche. Le second se sentant coupable, a plaidé son absence de maturité. Toute vie recèle son lot de mystères que même les plus proches semblent incapables de résoudre complètement. On ne sait donc toujours pas comment un gars d'à peine 20 ans a pu écrire des chansons aussi noires et définitives, comme si justement ayant déjà vécu tout ce qu'il y avait à vivre, la mort n'était devenue pour lui que la seule issue acceptable. Il nous laisse seuls, nous, pauvres mortels, avec ses chansons éternelles. En cela, Curtis n'est plus un homme, mais une icône. Finalement, il l'a bien cherché.
Assez d'accord avec Jimmy....mais quelle oeuvre Joy Division a laissée!!!! On en reparle dans le Grand Jeu!
RépondreSupprimerJ'adore le groupe, et j'ai assez vite eu une vision contrastée de l'homme, grâce à Control en effet. Excellent film qui donne (je pense) une très bonne image du Manchester de l'époque. En tous cas, c'est comme ça que je l'ai toujours imaginée, à faire confirmer par les vétérans de l'époque.
RépondreSupprimerJ'arrive bien tard mais un article sur Curtis et Joy Div devait tôt ou tard arrivé devant mes yeux. J'ai plongé irrémédiablement dans la musique de Joy Div il y a très longtemps et je n'ai aucune envie d'en ressortir.
RépondreSupprimerJ'ai lu il y a plusieurs années le livre de Debbie Curtis, vu le film de Corbijn et je suis en train de lire celui de Peter Hook. Chacun à sa façon donne une dimension humaine à l’icône Curtis et en cela je les trouve absolument indispensables. Ils n'hésitent pas à écorcher l'icône et mettre en avant les défauts de l'homme tels que tu les cites, sans se départir de l'amour, de l'admiration, de l'amitié que chacun d'eux éprouve.
Je suis un peu réticent quand tu dis que son décès était "planifié" même sans le prendre au pied de la lettre. Je dirais plutôt qu'il était inéluctable. Ian Curtis n'était pas capable de supporter tout ça.
PS : Le titre original du livre de Deborah Curtis est tellement plus beau que le titre français : Touching from a distance....