Accéder au contenu principal

L'autre saison des festivals

Alors que cette rentrée musicale s'avère plutôt décevante, rien de tel que de penser déjà aux prochaines vacances. Oui, l'été est bel et bien fini, il faut donc trouver d'autres sources de motivation. Et la saison qui vient de commencer n'est pas en reste en ce qui concerne les festivals. ll y a aura les habituelles programmations de Pitchfork et des Inrocks, sortes de résumé annuel, à moins de 2 mois des bilans, de tout ce que les célèbres webzine et magazine ont préféré. Et je me rends compte que plus les années passent, plus je me détache de leurs goûts. Je dois "vieillir". Le festival de Pitchfork qui aura lieu pour la troisième fois fin octobre-début novembre au parc de la Villette à Paris accueille une fois de plus les derniers buzz du moment en matière de musique dite "indépendante". Cette année, plus que les précédentes, je suis plus resté cantonné aux valeurs sûres qu'aux dernières nouveautés. Le premier jour, hormis Mac Demarco, pour un show qu'on imagine à son image, très décontracté, on guettera, après son récent passage au Midi Festival, le tout jeune londonien Only Real qui fait une jolie dream pop arrosée de... rap. Pas banal. 



Le deuxième jour, après la malheureuse défection de Deerhunter, je miserais volontiers sur les filles de Warpaint et leur cold wave envoûtante ou sur la délicate pop-folk du français Petit Fantôme. Le troisième et dernier jour est mon préféré, en grande partie grâce à la présence des excellents Yo La Tengo. On note aussi le deuxième groupe de Johnny Jewel, Glass Candy, une version plus dansante de Chromatics, et un équivalent français, Pegase, qui pourrait bien rivaliser d'audace. Ou encore Baths, dont le dernier "Obsidian" est assez obsédant. Sans parler de Youth Lagoon, valeur sûre du mouvement dream pop.
De son côté, les Inrocks ont essayé de refaire le fabuleux coup de Pulp de l'année dernière. Sauf que Suede n'est pas Pulp. Brett Anderson n'est pas Jarvis Cocker. On ne peut pas toujours être et avoir été. Le nouvel album de son groupe paru cette année, après dix ans de disette, reprend exactement là où les affaires avaient cessé. Mais sans Bernard Butler, Suede n'a pas la même profondeur, sa musique manque de corps. Du coup, le concert du groupe n'est toujours pas complet plusieurs mois après l'ouverture de la billetterie, quand la bande à Cocker avait rempli l'Olympia en moins d'une heure chrono. Mais, rien que pour les souvenirs de mes premiers vrais émois musicaux d'adolescent, j'irai volontiers les revoir. A part eux, les Inrocks proposent comme à leur habitude à boire et à manger. Je retiendrai surtout deux des groupes anglais les plus intéressants et novateurs de l'époque : These New Puritans et Breton. Les premiers avancent à leur manière très élaborée et je serais curieux d'entendre ce que peut bien donner sur scène les chansons très introspectives de leur dernier disque. Les seconds - mal entourés, car le même soir que les lourdingues  Foals et les laborieux Everything Everything - devront passer le toujours délicat tournant du deuxième album. Enfin, pour les vraies nouveautés, je parierai bien quelques piécettes sur Teleman, qui ne sont pas sans rappeler Django Django. Prometteur.
Toujours à Paris ou si proche, le festival BBmix à Boulogne-Billancourt poursuit dans la même veine que les éditions précédentes, c'est-à-dire intransigeante mais pas très rigolote, il faut l'avouer. En témoigne, le groupe de drone metal OM, qui n'a pourtant pas le nom idéal pour venir jouer tout près de l'antre du PSG ou le retour des Olivensteins, une obscure formation de punk français de la fin des années 70. Reste que ça sera aussi l'occasion d'écouter les toutes nouvelles chansons de Michel Cloup après le très bon "Notre Silence".

Pour les festivals de province, difficile de passer sous silence le Soy Festival Nantais qui propose une affiche renversante - dommage aussi pour eux que Deerhunter ait annulé - avec Yo La Tengo, cet empêcheur de tourner en rond de Mark E. Smith et The Fall et aussi quelques belles révélations 2013 comme Jackson Scott ou le formidable français Orval Carlos Sibelius. Une petite curiosité aussi, les très exigeants (et éprouvants ?) Mendelson. Le Novosonic dijonnais n'a peut-être pas d'aussi grosses pointures indie, mais on y retrouve aussi la belle et énigmatique Julia Holter, Orval Carlos Sibelius et Baths. Les bourguignons ont aussi parié sur Granville parmi la nouvelle scène pop française. Personnellement, j'en aurais préféré d'autres... Quant aux Transmusicales, j'ai déjà parlé des deux groupes qui m'ont le plus tapé dans les oreilles : Public Service Broadcasting et Rhume. Mais le nom de la programmation qui malheureusement retient le plus l'attention reste l'omniprésent Stromae qui viendra pour la deuxième fois déjà défendre un disque dans le festival rennais à la réputation pourtant plus élitiste. Son succès public et surtout l'unanimité qu'il déclenche chez les critiques restent pour moi une énigme. Comment peut-on le comparer au grand Jacques Brel et se fourvoyer de la sorte ? Je sais que notre époque, en perte flagrant de repères, réclame des modèles, des exemples à suivre, mais "Papaoutai", franchement...

Commentaires

  1. Heureusement qu'il y'a Warpaint pour le jour 2 du Pitchfork, car l'annulation de Deerhunter me rend inconsolable...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pareil pour l'annulation de Deerhunter. Moi qui pensais enfin les voir sur scène : encore raté !
      Pas sûr que Warpaint compense la déception.

      Supprimer
  2. Merci d'avoir mentionné (cette fois) le NOVOSONIC dont nous fêterons cette année la (déjà ? eh oui...) 10e édition et, hélas ! -sans doute- la dernière édition :( C'est peu de dire que l'on regrettera ce festival défricheur de nouveaux talents (d'autant plus que l'autre festival indé dijonnais, le fameux Kill Your Pop -qui a réussi lui à faire venir The Notwist et Deerhunter par ex.- a aussi bien vécu) Mais qu'on se le dise Pop's not dead in Dijon : hier soir, nous recevions pour la 2e fois nos amis russes de Motorama pour un génial concert -gratuit !- sur le campus...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bah, c'est bien dommage ce que tu me dis là. Triste que de tels festivals de qualité ne rencontrent pas plus de public. Les Transmusicales ont peut être trouvé la solution en invitant Stromae :-)

      Supprimer
  3. Petit Fantôme c'est vraiment génial, on ne le dira jamais assez :) Merci pour le tuyau du festival Soy, étant Nantais ça m'intéresse grandement. C'est fou que je n'en ai jamais entendu parler, lu un truc dessus, ou même vu une affiche.

    Je ne comprends pas non plus le crédit que certains médias pourtant plus exigeants donnent à Stromae, ça restera un mystère. Parce qu'il a certes l'air très gentil, intelligent, modeste, avec la tête sur les épaules, mais musicalement et même dans les paroles, ça n'est vraiment pas ça.......

    Alexandre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, il a l'air sympa, le Stromae, c'est pas le problème, mais franchement, les paroles en comparaison de celles de Brel, c'est juste pas possible. Même chose pour la musique. "Papaoutai", ça ressemble à cette affreuse soupe sonore qui tourne en boucle sur des radios comme NRJ.

      Supprimer
  4. On se retrouve d'accord sur le fait d'être déçu globalement par cette rentrée, de préférer les outsiders (Baths, Youth Lagoon, Petit Fantôme), les espoirs (These New Puritans, Breton, Jackson Scott), et de rester de marbre face à Stromaé.

    Et de penser que l'âge avançant doit aussi jouer dans un certain dégagement de la stricte actualité musicale. Hé oui, bien ou pas, c'est la vie, c'est normal ;)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,...