La fin d'année approche et il m'était impossible de ne pas parler des Sleaford Mods. Parce qu'ils auront été pour moi une révélation. Oui, je sais, j'ai beaucoup de retard car c'est déjà leur neuvième disque. En tout cas, c'est le premier sorti sur un label connu, le mythique Rough Trade. Ces deux-la ont inventé une musique à nulle autre pareille et même si leurs albums se ressemblent tous, comme leurs chansons, ils ne sont pas si nombreux les groupes avec un son si immédiatement identifiable. Plus que le son cheap bricolé sur PC portable par Andrew Fearn, il y a l'incroyable gouaille de Jason Williamson, que même beaucoup d'anglophones n'arrivent pas à suivre avec son accent de Nottingham à couper au couteau. Il y est question des classes populaires, de chômage, de pubs évidemment et puis de gosses. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Williamson en a deux et l'excellent documentaire "Bunch of Kunst" le montre même comme un papa poule.
En concert, avec deux fois rien, le groupe parvient régulièrement à emporter la mise, même face à un public souvent circonspect au moment des premières éructations. On rigole d'abord un bon coup, devant ce qui ressemble à une caricature de prolos anglais puis on finit par se laisser happer par la musique, l'énergie et cet humour typiquement british où le second degré n'est jamais très loin. Sleaford Mods, ce sont les punks de l'époque : pas vraiment dans ni en dehors du système. Leur originalité et le fait de persister dans cette voie a fini par attiser la curiosité des médias "mainstream" et le public est en train de suivre petit à petit. En attendant, les gars continuent à faire à peu près ce qu'ils veulent, sans se prendre la tête. Parce qu'ils savent d'où ils viennent et que tôt ou tard, ils y retourneront : "No future".
Pour être plus précis, ce ne sont pas ces deux gars qui ont inventé ce son, puisqu'à la base Fearn n'était pas de la partie, et Williamson avait un autre acolyte.
RépondreSupprimerMais les Sleaford sont, je trouve, beaucoup plus intéressants depuis que Fearn crée les compos (et s'invite sur scène avec sa bière). J'adore ce disque, bien meilleur que le précédent, décevant, après un Divide & Exit (2014) lui aussi excellent.