Accéder au contenu principal

Deerhunter - Halcyon Digest

Je ne vais pas vous cacher que j'ai d'abord été un peu déçu par cette nouvelle mouture de Deerhunter, le groupe phare de Bradford Cox, l'homme aux multiples projets. "Halcyon Digest" était trop pop, n'avait plus ces guitares tranchantes et un peu sales des précédents disques. Trop propre en somme. Et puis, petit à petit, cet album a fait son chemin, comme on dit, distillant un irrésistible venin. Comme pour le précédent disque, leur musique agit sur moi insidieusement, elle finit par s'imposer sur la longueur. En plus, il y a maintenant une homogénéité qu'il n'y avait pas avant. Les mélodies se font aussi plus soignées. Les titres s'enchaînent sans se ressembler complètement mais en s'assemblant parfaitement - oui, c'est assez compliqué ce que je viens d'écrire, mais je me comprends. Il n'y a par contre peut-être pas de titres aussi forts que "Agoraphobia" ou "Microcastle", mais une petite bombinette comme "Memory Boy" est par exemple assez savoureuse. Deerhunter est en tout cas en train de devenir, à l'instar d'Animal Collective, l'un des groupes de rock indépendant (ou "Pitchforkien", c'est selon) les plus excitants de l'époque. Car s'ils se cherchaient encore un style auparavant, avec "Halcyon Digest", on peut désormais affirmer qu'il y a une "griffe" Deerhunter, un son facilement reconnaissable.
Bien sûr, l'inspiration provient toujours et comme une pléiade de groupes de rock indépendant actuels de cette musique à guitares de la fin des années 80-début des années 90, de Jesus And Mary Chain à My Bloody Valentine en passant par Galaxie 500, voire les Stone Roses. Bref, sans réellement innover, Deerhunter apporte sa petite pierre à l'édifice rock. L'avenir nous dira s'ils feront partie des groupes qui resteront. Cela n'empêche qu'on voit déjà des nouvelles formations s'inspirant grandement de leur univers cotonneux, les Beach Fossils en premier lieu.

Commentaires

  1. Belle chronique, et moi qui ne les connaissais pas bien, j'aime plutôt bien ce recueil atypique de pop songs à la mode psyché-shoegaze (irrédutible amateur de mélodies je suis...). Quant à "Desire Lines" c'est la classe complète, parfaite chanson rock et "Helicopter" , un bijou barré-tordu addictif... Deerhunter adopté ! ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour le compliment. Oui, ce groupe a une certaine classe, c'est indéniable. J'espère les voir prochainement sur scène...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,...