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Michel Cloup - Catharsis en pièces détachées

 


Dis donc, ça faisait longtemps que je n’avais écouté vraiment un disque de Michel Cloup. Depuis "Notre silence", son premier album solo paru en 2011, une éternité. Surtout en regard du paysage politique qui s’est largement obscurci depuis. Alors, forcément, ça donne envie de réentendre où en sont les idéaux de jeunesse de l’ex-Diabologum. Michel Cloup, en comparaison de son ex-acolyte Arnaud Michniak répresentait la version plus rock et moins radicale de l’ancienne formation toulousaine. Quand Diabologum était la version plus abrupte et directe d’un rock francais émminement politique, en comparaison d’un Noir Désir. Puis, l’affaire Cantat-Trintignant a fait voler en éclats les rares modèles d’intégrité qui nous restaient encore. Fauve est venu quelques temps rajeunir le message de Cloup/Michniak en y ajoutant un discours plus personnel à l’heure du développement des réseaux sociaux et de la mise en avant de l’intime. "Catharsis en pièces détachées" porte admirablement bien son nom. C’est un disque méchamment bordélique, bourré de mots, de cris, de colères, de désarrois. Un disque brut de décoffrage, pas aimable. Cela commence par une meute de chiens puis ce mantra répété ad libitum : "Rendre la honte à nouveau honteuse" comme une réponse un peu désespérée, au "Make America great again" de qui vous savez. Cloup est cet éternel adolescent, à la rage inaltérée et inaltérable, toujours aussi loquace et bavard face à l’état du monde. Forcément il faut partager sa vision pour adhérer à sa musique, son univers. Les fans de Sardou ou ceux qui trouvent que tout va bien ou pas trop mal resteront sur le bas côté. J’avoue qu’en ce moment, j’avais besoin de ça. Devant une actualité aussi déprimante, ce cri-là - les près de 15 minutes de "SISRAHTAC" - fait du bien. 
Même si nous sommes "David" face à "Goliath" ou "Godzilla", nous ne sommes pas seuls. Et on sait comment l’affaire s’est terminée dans la Bible. Comme chez Gontard, derrière le constat plus qu’alarmant, on sent une envie d’y croire encore et toujours. Alors, qu’attend-on vraiment ? Avec le recul, le message de Diabologum au milieu des années 90 pourrait passer comme un poil snob aujourd'hui. 30 ans après, cette nouvelle colère semble évidente, plus partagée. A l’époque, elle était traitée avec une relative indifférence, considérée comme exotique, marginale. Aujourd’hui, elle est puissante mais trop diffuse. Du coup il y a une volonté de l’annihiler - dans les médias surtout - de la tuer dans l’oeuf, la disqualifier tout de suite avant qu’elle ne prenne trop d’ampleur. "Catharsis en pièces détachées", ça bastonne sec, ça crache à la gueule, ça bousille un max. 75 minutes de défouloir tout azimut contre la montée (inéluctable?) du fascisme. Il faut être capable de s’en relever. Le jour où on ne ressentira plus le besoin d’écouter ce genre de disques, le monde ira mieux. En attendant...


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