Avant toute chose, je tiens à vous souhaiter une excellente année 2025, qu’elle soit la meilleure que vous puissiez imaginer. Je ne préciserais pas à quel niveau, chacun de vous devez savoir ce qui vous ferait le plus plaisir. Même si, quelques bonnes surprises sont parfois les bienvenues. Cette fois-ci, je suis plus à la bourre que jamais pour mon habituel top 10 des albums de l’année. Parce que si les premières places étaient pour moi assez évidentes, il n’en est rien des places d’honneur, ou le choix s’est joué jusqu'à la dernière minute et l’écoute parfois tardive de disques pourtant sortis il y a plusieurs mois. Dans plusieurs jours, semaines, mois, années, l'ordre aura pourtant forcément un peu évolué. C'est une photo finish à un instant t. Des propositions d'écoute, pour ceux qui le veulent. A très vite pour les nouveautés 2025 qui se bousculent déjà au portillon.
10- Memorials - Memorial Waterslides
Sur le papier, c'était forcément intéressant : la rencontre de la chanteuse d'Electrelane avec un musicien de Wire. Memorials rappelle les meilleurs heures de Stereolab, variant brillamment les plaisirs tout le long de ce "Memorial Waterslides" : du format court et ultra mélodique, du format plus long et expérimental, toujours avec une mise en son cinématographique. Bref, voilà un disque long en bouche, comme on les aime.
9- Meryl Streek - Songs For The Deceased
Attention, grosse colère ! Meryl Streek, à ne pas confondre avec l'artiste de renom, homonyme à une lettre près, n'est pas du genre à rigoler. "Songs For The Deceased" transpire à chaque seconde la rage. "If this is life, then I don't want it" nous balance-t-il sur le percutant "If this is life". Et le reste est à l'avenant. Pas le genre de disques à mettre en toutes les oreilles. Pour les plus solides, capables d'encaisser une telle salve d'uppercuts, c'est forcément un disque "coup de poing". Même si on n'y reviendra peut-être pas si souvent. Pas masos quand même. Pourtant, c'est Meryl Streek qui a raison, il existe suffisamment de motifs pour râler.
8- Cindy Lee - Diamond Jubilee
Meilleur disque de l'année sur Pitchfork et pourtant dans mon top 10 malgré tout, ça fait bien longtemps que ce n'était pas arrivé. Il fut un temps où le webzine américain était une de mes sources principales de nouveautés. Disons, au tout début de ce blog et ce pendant près d'une dizaine d'années. Ensuite, les critiques musicales se sont diversifiées pour encenser progressivement des disques nettement plus mainstream. "Diamond Jubilee" est donc une incroyable anomalie. Un ancien membre des canadiens de Women, dont l'autre partie a formé Viet Cong puis Preoccupations, se déguise en femme et prend pour pseudo Cindy Lee. Ce nouvel album est double (32 titres tout de même), sort uniquement en ligne, gratuitement, sur aucune plateforme "officielle" (exit les Spotify, Deezer ou consorts). Et pourtant, ça marche. Cette musique est unique. Comme si Deerhunter rencontrait le Wall of Sound de Phil Spector, le tout avec un son vintage fait maison. Et si Pitchfork avait donc raison et que ce disque était un chef d'oeuvre en devenir. Car il nous faudra longtemps pour faire le tour de ces 2 heures de musique pas comme les autres.
7- Friko - Where we've been, Where we go from here
Ce jeune duo canadien dégage une telle énergie, une telle fraîcheur qu'il est bien difficile de résister à cet amoncellement d'hymnes en puissance. Sur le papier, "Where we've been, Where we go from here" pourrait être joué et chanté dans un stade et repris facilement en choeur par le public. Pourtant, on sait que ça ne sera pas le cas. Fichue époque.
6- Tapir! - The Pilgrim, Their God and The King of My Decrepit Mountain
Ces anglais ont été largement oubliés dans les classements de fin d'année et pourtant, ce premier album est une petite pépite : de la folk musique supérieure, simple en apparence, éminemment mélodique. Ajouter à cela le fait que les membres de cette drôle d'équipe arbore régulièrement des masques rouges faits maisons et que le titre, les textes de cet album font penser à un conte pour enfants et vous avez un petit univers original et bien ficelé. On a déjà hâte de voir et surtout d'entendre la suite.
J'avais honteusement fait la fine bouche lors de la sortie du premier album de The Smile, alias la moitié de Radiohead, peut-être mon groupe préféré de tous les temps, et Tom Skinner, le batteur de Sons of Kemet. En 2024, ils ont carrément sorti deux nouveaux disques et c'est ce dernier, "Cutouts", le troisième donc, qui m'a rappelé au bon souvenir des disques du quintet d'Oxford, lorsque ceux-ci étaient sur le toit du monde - du mien, en tout cas - du rock. "Cutouts" reprend les choses là où "In Rainbows", les avait laissées et je replonge une fois de plus. La paire Yorke/Greenwood reste magique et tant pis si leurs positions politiques sur le conflit entre Israël et Gaza sont un peu ambigües.
C'est malheureusement sans doute le dernier disque de Beak, leur batteur, chanteur et maître à penser, Geoff Barrow a décidé de raccrocher les crampons, comme on dit. C'est dommage, car ils nous laissent avec ">>>>", leur meilleure production à ce jour, la plus soignée et quand on sait les maniaques du son que sont ces trois membres, ça situe un peu le niveau d'exigence atteint ici. On retrouve bien sûr l'adoration que Barrow a pour le krautrock, mais Beak avait réussi à y apporter sa patte, comme le chien de la pochette. Magistral.
3- Big Special - Postindustrial Hometown Blues
Ceux-là sont inclassables et c’est tant mieux. Leur premier album marie intelligemment un nombre incalculable de références, mais les plus évidentes restent Sleaford Mods et Yard Act. Même gouaille, même discours social et politique pour les uns. Même humour décalé, même son post-punk pour les autres. On n’est pas prêt d’oublier des titres aussi jouissifs que "Shithouse", "Trees", ou "There ain’t water". Hâte de voir et d'écouter ce que ces deux lascars peuvent donner sur scène.
2- Beth Gibbons - Lives Outgrown
Le choix fut dur entre elle et Bill Ryder-Jones. En plus, ils ont partagé la même affiche un sublime soir de mai à la salle Pleyel, à Paris. Beth Gibbons est toujours aussi discrète et rare. Et parfaite. Je ne sais pas si ce nouvel album est son meilleur ou si "Out of Season" réalisé avec Rustin Man, ancien bassiste de Talk Talk en 2002 lui est supérieur. A ce niveau d’excellence, il est difficile de départager. On sait juste qu’on les écoutera inlassablement, comme ceux de Portishead, jusqu’au bout, parce qu’ils nous sont essentiels. Et que tant de beauté se passe de plus de commentaires.
1- Bill Ryder-Jones - lechyd Da
Une fois n’est pas coutume, maman ne partagera pas du tout mon premier choix. L’ayant vu malgré elle, deux fois en concert en 2024 - une première fois, exclusivement à cause de moi, une seconde à cause de Beth Gibbons - elle ne pouvait pas décemment l’éviter. Et il faut bien avouer que la scène n’est pas le lieu de prédilection de l’ancien guitariste de The Coral. Il l’avoue même volontiers en interview. Par contre, impossible pour moi de passer à côté de son dernier disque, merveille absolue de délicatesse. C’est bien simple, j’ai beau essayer, même avec la pire mauvaise foi, je n’arrive pas à ne pas aimer cet album. La plupart de ces chansons me prennent naturellement aux tripes. Et tant pis si la voix du chanteur est parfois faiblarde, ces titres emportent tout. Tout en haut. Inévitablement.
Bonne année à toi et merci beaucoup pour tes reviews !
RépondreSupprimerMerci de ta fidélité !
SupprimerAlbum magique de Bill Ryder Jones ! Bonne année 2025 ! Merci
RépondreSupprimerOui, 2024 fut une belle année musicale à défaut d'autre chose
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