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Articles

Affichage des articles du février, 2019

Anna Calvi (+Drahla) - La Route du Rock collection Hiver - Saint-Malo - 23 février 2019

La vie est affaire de circonstances. On était en Bretagne, dans la région rennaise, au moment de la Route du Rock collection hiver. L'occasion était donc idéale pour aller y faire un tour. Surtout qu'il y avait la venue de la divine Anna Calvi - dont j'ai honteusement passé sous silence ici son dernier et excellent album " Hunter " paru l'an passé. Il y avait aussi les américains de BC Camplight mais on apprit une fois arrivés sur place que leur concert avait été annulé pour cause de retard de vol. Pas cool. On a donc attendu l'ouverture des festivités une heure plus tard, l'organisation eut la bonne idée d'avancer chaque concert de trente minutes. La soirée débuta donc avec les anglais de Drahla . Les ayant écouté un peu avant de venir les voir, j'étais resté sur une impression très mitigée : la musique post-punk du groupe me paraissait pas mélodique pour un sou et surtout assez lourdaude. J'en eus vite la confirmation en live. La prése

Martin Frawley - Undone at 31

Martin Frawley est l'ancien leader du groupe d'indie pop australien Twerps, dont j'avais parlé ici . Les prometteurs Twerps n'existent malheureusement plus. Mais avec cette première tentative solo de Frawley, on se dit qu'on n'a pas forcément perdu au change. La voix rappelle celle de Dylan pour le timbre ou celle de Lou Reed pour la nonchalance. La musique est plus subtile qu'il n'y paraît avec deci delà quelques pointes de piano, de violon, permettant d'aérer l'ensemble. L'excellent premier morceau " You want me? " est une sorte de version modeste de " Walk on a wild side ". Le disque " Undone at 31 " a été écrit suite à une rupture amoureuse, douloureuse situation qui incite souvent à la création. Frawley a alors connu, comme beaucoup, ce sentiment de devoir tout recommencer et repartir à zéro. Comme si, à 31 ans, tout était à refaire.  Ce disque, ce n'est rien que cela, la reconstruction d'un h

Tullycraft - The Railway Prince Hotel

La twee pop est un genre que j'ai beaucoup écouté et apprécié, durant les années 90 surtout, avec Belle and Sebastian ou Hefner. Depuis, je suis passé à autre chose, même si je garde une profonde nostalgie pour cette musique-là. Parce que c'est ma musique de jeune adulte - celle de la fin de l'innocence ? Tullycraft est un groupe américain de twee pop originaire de Seattle - pas vraiment l'endroit approprié pour ce style de musique. Il s'est formé aussi dans les années 90. Ils sont adeptes, comme le veut leur genre musical, du "do it yourself", car on n'est jamais mieux servi que par soi-même. De toute façon, ont-ils le choix, ce n'est pas l'époque qui viendra leur prêter main forte avec leur faible volume de ventes ? " The Railway Prince Hotel " - en référence au " Grand Budapest Hotel " de Wes Anderson, équivalent cinématographique en tant que twee movie ? - n'est que leur septième disque, en près de vingt cinq ans

Yann Tiersen - All

Celui-là, ça faisait longtemps que je ne l'écoutais plus. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et pourquoi je le réécoute soudainement au détour d'un nouvel album ? Je ne sais pas non plus. Vous me direz : en voilà un début de chronique intéressante. La musique de Tiersen n'est tout simplement pas une musique raisonnable. Elle s'adresse avant tout à nos sens, elle est instinctive, elle est en harmonie avec la nature qui l'entoure. C'est une musique des grands espaces, elle a besoin de respirer, de grand air, à l'opposé de ce qu'on appelle aujourd'hui les musiques urbaines. Le breton vit depuis plus d'une dizaine d'années à Ouessant, à l'écart du monde qui court et qui fait du bruit. Et cela se ressent de plus en plus dans son œuvre. Les morceaux sont principalement chantés en breton, mais aussi en féroïen. On y entend surtout des voix féminines, sa femme Emilie ou l'austère chanteuse scandinave Anna Von Hausswolff.  Pourtant, le style de

Da Capo - By The River

Alors que certains ne jurent que par la langue maternelle, arguant que chanter dans une langue autre est en quelque sorte une trahison et une facilité. Une trahison de soi et la facilité de se retrancher derrière une langue étrangère, pas toujours maîtrisée, où les mots paraissent souvent moins directs et crus. Et puis, on écoute Da Capo et les certitudes s'effondrent. A l'inverse de son frère, Nicolas Paugam, qui aime jouer avec la langue de Molière, Alexandre a tellement été façonné par la musique anglo-saxonne qu'il ne conçoit pas écrire avec d'autres mots qui sonneraient moins bien, forcément. Déjà que son inspiration provient en grande partie du son indie rock des années 90, plus vraiment en odeur de sainteté actuellement, le fait d'essayer de jouer sur le même terrain que des natifs où la culture rock est beaucoup plus ancrée ressemble à un suicide commercial. D'ailleurs, le label de Da Capo s'appelle ironiquement Autruche Records. Comme si faire l&

Jessica Pratt - Quiet Signs

La musique de Jessica Pratt est de celles à côté desquelles on peut aisément passer. Parce qu'elle est si discrète qu'elle se fait à peine entendre dans le tumulte de nos vies. Pour l'écouter, elle réclame un minimum d'attention et de calme. Certains n'auront même pas cette patience là. Cette musique nous fait irrémédiablement penser à celle d'une Vashti Bunyan : même voix enfantine ou plutôt sans âge, même délicatesse et sobriété des arrangements. Mais là où Bunyan avait cet état d'esprit libertaire - sans doute propre à l'époque - qui la voyait s'éloigner rapidement du milieu musical suite à l'échec commercial de son premier disque, Pratt semble, à l'inverse trop réservée pour tout abandonner ainsi. Les féministes me diront que c'est peut-être le contraire : la plus âgée ayant finalement sacrifié sa carrière pour sa vie de famille quand la plus jeune continue coûte que coûte, malgré son succès plus que relatif. L'histoire n'e

Mathieu Boogaerts - Paris, Centre culturel Auguste Dobel - 31 janvier 2019

J'avoue qu'on les avait un peu préparé à l'événement. Mais c'est la musique de Mathieu Boogaerts seule qui a réussi à créer chez eux cette impatience. Celle d'aller le voir en concert, en pleine semaine d'école, le lendemain des 10 ans de ma fille Lucie. 10 ans qui correspondent aussi peu ou prou à l'anniversaire de ce blog, eut égard à son nom "la musique à papa". Bref, ce concert était donné expressément pour les salariés de la RATP, dont - je suis obligé de le dire aujourd'hui - je fais partie, au modique prix de 2 euros la place. Oui, en plus de mes nombreux privilèges de blogueur - non, je déconne, je ne touche malheureusement aucune commission pour écrire de bonnes chroniques de disques -, j'ai aussi l'avantage de travailler - ouh le vilain mot - pour la RATP, ce repère évident de tires au flanc. Mais trêve de clichés éculés, revenons en aux faits et à la musique. La première partie fut assurée par l'école de chant de l&#

O - à terre !

En voyant la liste des catégories pour les prochaines Victoires de la musique , je me suis dit tout de suite qu'il en manquait au moins une. Quid de la pop française ? Alors que celle-ci s'est rarement portée aussi bien ? Mais ce n'est plus à prouver que ces cérémonies restent au final très consensuelles, se contentant de valider les goûts de l'époque sans voir plus loin, et rechercher l'intemporel. Pourquoi passer ainsi sous silence la bonne santé de la pop d'ici en ignorant si ouvertement le talent de Chevalrex, Thousand, Barbara Carlotti ou Olivier Marguerit alias O ? Ce dernier est d'ailleurs peut-être le lien entre tous, car bien souvent caché derrière tous les derniers disques de pop français qui comptent. Il a aussi officié au sein des indispensables Syd Matters dont on attend toujours une suite au chef d'oeuvre " Brotherocean ".  O revient donc avec un deuxième album, encore plus réussi que le premier - le déjà remarqué et remarq

Rustin Man - Drift Code

On avait presque oublié son nom sur le disque, le premier et toujours seul - mais plus pour longtemps - album de Beth Gibbons en congés de Portishead. Rustin Man, alias Paul Webb, est un homme de l'ombre. Ce " Drift Code " pourrait le faire entrer pour de bon dans la lumière. Puisque, pour une fois, il apparaît seul au générique, jouant enfin le premier rôle, après avoir aussi été confiné derrière Mark Hollis au sein de Talk Talk. On savait le monsieur talentueux, musicalement parlant, ce disque, avec ces somptueux arrangements, n'en est donc qu'une confirmation. Mais on ne savait pas qu'il avait une si belle voix. Le style se rapproche d'un Robert Wyatt ou du Bowie de " Blackstar ". L'album, préparé minutieusement depuis plusieurs années, a été enregistré dans une grange, à l'écart de toute civilisation. Webb, entouré de sa femme et de ses filles, a pris son temps, retapant le lieu en même temps qu'il peaufinait sa musique.