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Affichage des articles du 2023

Compilation 2023

On est parti pour le bilan de l'année 2023. Cette fois, on va faire court : pas suffisamment de concerts pour en faire un classement digne de son nom. Il n'y aura donc que les sempiternels compilation et top albums de l'année. On commence pour cette journée de Noël avec les 18 meilleures chansons de 2023 : idéal pour digérer un peu entre la dinde et les marrons. Pas de surprise dans cette sélection pour ceux qui me lisent régulièrement, juste la présence de l'incroyable single de Yard Act, " The Trench Coat Museum " et du non moins efficace " Ice Cream (Pay Phone) " des Black Pumas. Bonne écoute et joyeux Noël à tous. A très vite pour la suite...

A.S. Fanning - Mushroom Cloud

  Voici donc le cinquantième et dernier disque de 2023 chroniqué ici - si on peut réellement parler de chroniques, étant donné la concision de celles-ci. Pour ce dernier album, j'ai coutume de lire les bilans et autres tops de fin d'année des différents sites en ligne. On y fait souvent quelques belles découvertes. Cette année, mon attention s'est portée au site britannique Far Out Magazine dont la sélection est quelque peu différente de la majorité ambiante. Voir le gallois H.Hawkline en tête de leur classement annuel m'a particulièrement alerté, il y avait une convergence de goûts indéniable. Et puis, en numéro trois, un certain A.S. Fanning, irlandais basé à Berlin dont la musique se rapproche de celle de feu sa majesté Scott Walker. J'avais complètement manqué son excellent " Mushroom Cloud ". Je suis sûr qu'au final, j'en ai loupé d'autres. Mais pour celui-là, je me devais de me rattraper toute affaire cessante. C'est déjà le troisiè

Gaétan Nonchalant (+ Michelle Blades + Grand Veymont) - Paris, Petit Bain - 13 décembre 2023

  Nous voici déjà de retour dans les salles de concert en ce 13 décembre, pour une soirée près de chez nous au Petit Bain en compagnie d'une des révélations françaises de l'année en la personne de Gaétan Nonchalant. Dès notre arrivée, nous apercevons Rémi Poncet Aka Chevalrex au stand merchandising. Il faut dire que la soirée est placée sous le signe de son label Objet Disque avec deux artistes programmés. Seule Michelle Blades qui avait l'honneur de débuter la soirée n'était pas signée dessus. Malheureusement, nous arrivons juste pour le dernier morceau. Elle est seule à la guitare. Difficile exercice devant un public encore clairsemé. Arrive ensuite déjà la star d'un soir : Gaëtan Nonchalant et son fabuleux groupe de potes. Les chansons sont à l'image du disque, mais l'humour décalé est encore plus perceptible en live. Le chanteur a de la fantaisie à revendre. Blumi et Michelle Blades présentes sur disque viennent l'accompagner également sur scène. Au

Fredda - Phosphène

Je ne vais pas faire mon malin là-dessus et vais vous avouer tout de go que je ne connaissais Fredda, de son vrai nom Frédérique Dastrevigne, ni d'Eve ni d'Adam. Pourtant, la dame officie depuis presque 30 ans déjà ! La honte. En plus d'avoir sorti 7 albums solo, elle a notamment participé au projet Radiomatic avec son compagnon Pascal Parisot qui avait pour but de reprendre dans des versions drôles et ludiques des vieux titres méconnus des années 60, notamment le " Etonnez-moi, Benoît " de Françoise Hardy écrit à l'origine par un certain Patrick Modiano. Bref, voici donc " Phosphène ", un disque où l'on retrouve une fois de plus Parisot, mais aussi Matt Low, membre de The Delano Orchestra, ancien compagnon auvergnat du regretté Jean-Louis Murat. L'album est aussi sorti sur l'excellent label Microcultures . Tous ces bons ingrédients ne pouvaient aboutir qu'à une bonne recette et c'est effectivement le cas. Et je m'en veux d&#

Harp - Albion

Voilà un disque que beaucoup vont oublier dans leurs bilans de l'année 2023. Parce qu'il arrive trop tard. Vous vous rendez compte, une sortie le 1er décembre ! Il n'y a plus de culture qui tienne en décembre. On pense déjà à autre chose : aux fêtes de fin d'année, au millésime suivant. Et puis, ça prend du temps de faire son bilan annuel, ça se prépare. Pourtant, ce disque, ça fait longtemps qu'on l'attend. On n'y croirait même plus. Depuis " The Courage of Others " de Midlake paru en 2010. Tim Smith avait quitté le navire de son précédent groupe après cet album, mais surtout du miraculeux " The Trials of Van Occupanther " sorti en 2006 dont on se rappelle le mieux, ce dernier figurant en très bonne place des meilleurs disques de folk de ces vingt dernières années. Smith revient donc aux affaires, cette fois uniquement accompagné de sa femme, Kathi Zung et c'est toujours aussi beau. Sa voix est toujours aussi caressante, ses mélodies

Ana Frango Elétrico - Me Chama De Gato Que Eu Sou Sua

  Voilà un disque qui se marierait plus facilement avec l'été qu'avec cette période pluvieuse et froide. Bah oui, quoiqu'il arrive, la musique brésilienne fait indubitablement penser au soleil et ce troisième album de Ana Frango Eletrico ne fait pas exception. Dès le premier morceau, le magique " Electric Fish ", on est irrésistiblement embarqué. Cette basse donne de furieuses envies de s'enfuir de notre quotidien, de tailler la route. Et si ce n'est pas possible de s'évader physiquement, il nous reste la musique, pour quelques dizaines de minutes de lâcher prise. C'est réussi ici et merci à FIP, pour cette très belle découverte que j'écoute sans relâche. Dix morceaux, tous très beaux, variés, comme au bon vieux temps du tropicalisme, lors qu'il était de bon ton d'écouter de la musique brésilienne. Il faut dire que les années 60 furent riches pour le genre avec des personnalités aussi importantes que Caetano Veloso, Chico Buarque, Gilbe

Jaakko Eino Kalevi (+Minimal Schlager) - Paris, le Point Ephémère - 21 novembre 2023

2023 aura été une année très très pauvre en matière de concerts, en tout cas, nous concernant. Pourtant, on ne peut pas dire que le choix fût restreint. Mais ce fut une question d'opportunité, de temps mais aussi d'argent. Car le prix des places ne cesse de grimper depuis quelques années, à plus forte raison depuis le COVID, comme pour récupérer le manque à gagner de presque deux années de disette. Il y a bien eu des retours d'anciennes gloires - oui, on vieillit - qu'on attendait impatiemment tels Pulp, Blur ou Siouxsie. Mais tous évitèrent Paris et sa région. Les premiers même la France. Les autres passèrent seulement dans un festival, perdus au milieu d'une programmation très hétéroclite et pas vraiment à notre goût - doux euphémisme. Bref, je profite de notre presque unique concert de l'année - et oui, quand même ! - pour gloser sur le pourquoi d'une telle désertion. On se promet de remédier à cela dès 2024. En attendant, nous voici donc au Point Éphémèr

Jaakko Eino Kalevi - Chaos Magic

Nous avons assisté à la triste désertion d'Ariel Pink et de son compère John Maus pour cause de regrettable ralliement à Donald Trump. Et oui, la "cancel culture" a frappé et avec elle leur maison de disques qui les a réduit à se produire avec leurs propres maigres moyens. Ariel Pink se fait même désormais appeler Ariel Pink's Darkside, ironie qui ne suffit à priori pas à faire passer la pilule et le condamne malgré tout à la marge. Bref, il nous manquait notre cure de cette pop savante faite avec des bouts de ficelle, ne craignant pas de flirter régulièrement avec le kitsch, mais à la richesse mélodique imparable. Et voici qu'un nouvel album du grand finlandais Jaakko Eino Kalevi surgit pour qu'on reprenne un nouveau shoot. Le gars a d'ailleurs les mêmes longs cheveux blonds qu'Ariel Pink ou Christopher Owens, le chanteur de Girls - qu'est-il devenu ? - à croire que c'est le look de rigueur pour ce genre de musique.  " Chaos Magic "

Matias Enaut - Eclats

Il y a des disques qu'on commence par écouter sans trop de conviction : encore de la chanson française neurasthénique. Je n'ai pas besoin de ça. L'actualité, ma vie même, a besoin d'autres choses, de gaieté, de plus de légèreté. Et puis, ces petites miniatures pop, on y revient, sans crier gare. Comme un refuge, un cocon rassurant, loin du bruit ambiant. " Éclats ", le deuxième album de Matias Enaut m'a fait cet effet-là. Au fil des écoutes, difficile de résister à ces petites mélodies. Il faut dire que le monsieur s'y connait en arrangement sonore pour avoir principalement travailler pour le milieu du cinéma ou de la publicité, sa musique faisant office de compagnon idéal des images. Cette fois-ci, elle est évidemment plus mise en avant car c'est à nous de créer les paysages, les situations qui vont avec. Les textes sensibles ne sont pourtant pas en reste, faisant mesurer les qualités littéraires de Enaut. On a bien entre les oreilles une grande o

Lol Tolhurst x Budgie x Jacknife Lee - Los Angeles

Celui-là, ça fait un moment que je l'ai dans le collimateur. Rendez-vous compte les anciens batteurs cultes de The Cure et de Siouxsie and the Banshees se réunissent sur le même disque, accompagné par le producteur irlandais Jacknife Lee. Le disque est aussi rempli de multiples invités. Parmi les plus connus, on notera The Edge, guitariste de U2, Bobby Gillespie, chanteur de Primal Scream ou encore Isaac Brock, chanteur de Modest Mouse. Et puis surtout, il y a James Murphy, alias monsieur LCD Soundsystem, l'un des groupes les plus importants de ces vingt dernières années. Ce type est incapable de foirer quoi que ce soit. Le premier single " Los Angeles " qui donne aussi son nom à l'album en duo avec ce dernier est bien évidemment une tuerie. C'est la réponse californienne au magnifique " New York I love you but you're bringing me down ". " Los Angeles eats its children " nous assène-t-il directement, on voit donc de quel côté son coeu

Animal Collective - Isn't It Now ?

J'ai un peu de retard sur cette affaire, mais il faut dire que le dernier album d'Animal Collective est particulièrement long en bouche ou plutôt à l'oreille. Et puis, un nouveau disque du groupe de Baltimore, c'est moins l'événement que ceux d'autres artistes qui n'avaient pas donné de nouvelles depuis longtemps. En effet, un an et demie après la bonne surprise de " Time skiffs ", la bande à Panda Bear et Avey Tare remet déjà le couvert. Bien sûr, dans l'intervalle, il n'y a pas eu de révolution sonore. Les chansons des deux albums ont d'ailleurs été écrites pendant la même période, c'est-à-dire en grande partie pendant le COVID. Etant donné la distance entre les différents membres du groupe - Panda Bear vit à Lisbonne, quand les autres sont éparpillés aux quatre coins des US - l'isolement forcé n'a pas forcément altéré leur production commune. " Isn't it now " est leur disque le plus long à ce jour, en grande

Timber Timbre - Lovage

Après Sufjan Stevens, j'enchaîne avec une autre valeur sûre - moins partagée et c'est dommage - en la personne des Canadiens de Timber Timbre. " Lovage " ne révolutionne pas le style de la maison, même si le groupe flirte encore davantage avec le kitsch. Le premier single " Ask The Community " est un petit bijou d'humour noir avec un magnifique clip idoine. Le morceau suivant, " Mystery Street ", est un des plus enlevés et immédiats du groupe. Les rires à la fin de " Sugar Land " sont au contraire flippants à souhait. L'air de " Holy Motors " ressemble à celui de ces anciennes boites à musique, vestige d'un passé encore insouciant. Voilà huit titres qui passent une fois de plus comme une lettre à La Poste - bon, ok, l'expression devient obsolète étant donné les problèmes récurrents de courrier. Un petit interlude uniquement musical (" 800 Pristine Corpses ") au beau milieu, triste à pleurer.  Six ans qu

Sufjan Stevens - Javelin

Je n'ai finalement pas attendu très longtemps avant de parler du dernier album de Sufjan Stevens. Le premier véritable depuis " Carrie and Lowell " sorti en 2015. Bien sûr, il y a eu quelques disques dans l'intervalle, mais ce fut plutôt des albums de transition, des albums où le chanteur s'essayait à d'autres voies pas toujours réussies il faut bien l'avouer. Là, il revient à ses premiers amours : le folk. Lui, qui en est désormais le roi incontesté depuis au moins " Illinoise ". A l'époque de ce dernier, il voulait faire un disque par état américain - il y avait eu avant " Michigan ". Ce challenge a été vite abandonné, trop ambitieux sans doute et Sufjan Stevens a connu ensuite quelques déboires personnels. Comme la mort de sa mère, Carrie, qui a inspiré son précédent grand disque. Pour ce nouveau, " Javelin ", c'est le décès de son compagnon... bref, les textes ne sont évidemment pas d'une grande gaieté. D'a

Blonde Redhead - Sit Down For Dinner

Les nouveaux disques de Sufjan Stevens et Timber Timbre peuvent bien attendre. On s'arrête et on s'assoit pour dîner (" Sit down for dinner ") avec le nouvel album assez inespéré de Blonde Redhead. Le trio new-yorkais composé de la japonaise Kazu Makino et des jumeaux d'origine italienne Amedeo et Simone Pace, est de retour après 9 ans d'absence. Entre temps, la chanteuse s'est lancée dans une carrière solo avec un premier album. On pensait donc ne plus jamais entendre de nouvelles chansons de Blonde Redhead. Mais dès les premières notes de l'excellent " Snowman ", on plonge à nouveau. Comme au temps de " Misery is a butterfly " ou de " 23 ", le temps de la mutation d'une formation qui auparavant se cherchait encore un peu et qui telle la chrysalide devenant papillon, a pris définitivement son envol, trouvé son style. Le groupe continue sa lente progression vers l'épure, délaissant peu à peu les quelques tics encor

Gaétan Nonchalant - Changement de programme

Voilà un disque qui aurait dû sortir il y a quelques mois, juste avant l'été. Cette pop électronique, décalée, zen, en un mot nonchalante comme le pseudo choisi par Gaétan Vandenbusshe aurait été le compagnon idéal de nos vacances oisives sous le soleil, sur la plage ou au bord de la piscine. On aurait écouté " Les champs de blé " à longueur de journée ce formidable duo avec le non moins nonchalant et incontournable Philippe Katerine. On aurait même rêvé en ces temps de réchauffement climatique aux belles " Plages du Nord ", région natale du chanteur. On n'aurait peut-être pas pousser au vice de se faire la même dégaine seventies avec cheveux longs, moustache et rouflaquettes. C'est tout ce premier album " Changement de programme " qui est au final fortement recommandable. Il faut dire qu'il a été écrit et travaillé depuis de nombreuses années déjà, preuve que ce nom de scène est aussi un peu trompeur et qu'il y a derrière les apparen

Grian Chatten - Chaos For The Fly

Oui, je sais, c'est la rentrée et il y a comme chaque année pléthore de nouvelles sorties culturelles, la musique n'étant évidemment pas en reste, mais voilà, j'en profite malgré tout pour faire un petit retour arrière. " Chaos For The Fly ", l'excellent premier album de Grian Chatten, chanteur des Fontaines DC, mérite assurément ce petit détour. Si je me suis déjà quelque peu lassé de la musique de son groupe, n'éprouvant plus les mêmes sensations que lors la claque inaugurale de " Dogrel ", le bonhomme montre avec ce premier effort solo qu'il est plus qu'un simple gouailleur de stades. Car si on y entend évidemment son timbre de voix si caractéristique, le style est plus calme, l'inspiration autre. C'est de manière surprenante plutôt du côté de Nick Drake (notamment sur " The Score ", le magnifique titre d'ouverture), d'Elliott Smith ou d'Adam Green qu'il faut aller la chercher. Comme ce dernier, Chatte

The Chemical Brothers - For That Beautiful Feeling

C'était avec le recul la soirée de Rock en Seine la plus enthousiasmante de 2023 : Altin Gun,  Dry Cleaning, Yeah Yeah Yeahs et les inénarrables "frères chimiques". Difficile de rester de marbre devant un tel déferlement de bon son. Non, je n'y étais pas. Mais pour avoir au moins assister à des concerts des deux derniers groupes susnommés, ils n'ont pas pour habitude de décevoir - il paraît que le set des Strokes le dimanche fut à l'inverse un fiasco -, délivrant des prestations régulièrement mémorables. Le duo de Manchester, puisque c'est d'eux dont il s'agit aujourd'hui, a sa musique pour lui. Il leur suffit de balancer leur gros beat pour avoir une irrépressible envie de bouger. " For That Beautiful Feeling " est leur dixième album et je dois avouer que ça fait un moment que j'avais décroché, depuis l'inoubliable " Surrender " paru à la toute fin des années 90. Puis, grâce à maman et à leurs clips toujours origina

Sparklehorse - Bird Machine

On croyait ne plus entendre de nouvelles chansons de Mark Linkous suite à sa terrible disparition le 6 mars 2010. Le chanteur s'était tiré une balle en plein coeur. C'était sans compter sur la persévérance de son frère Matt qui, après retrouvé quelques morceaux non enregistrés, a mis le temps nécessaire pour en peaufiner le son et la production confiée ici à Steve Albini, afin que ceux-ci soient le plus proche des voeux de son grand frère. C'est effectivement un merveilleux retour en arrière auquel on assiste dès les premières notes de cet improbable " Bird Machine " avec le magnifique et bien nommé " It Will Never Stop ". Car si on est généralement circonspect de la viabilité de ce type d'opérations qui sent le plus souvent la naphtaline et les fonds de tiroir pas toujours jolis à entendre, ici, on navigue de merveilles en merveilles, étonnamment parmi les plus apaisées que Linkous ait pu écrire et chanté, bien loin du plombant " It's a won

Genesis Owusu - Struggler

J'avais pris un peu le train en marche pour le premier disque de ce drôle d'énergumène de Genesis Owusu. Découvrant son premier album, le foutraque " Smiling with no teeth ", à la pochette un rien flippante, sur le tard. Flippant, le monsieur, l'est assurément sur scène. Au détour d'une sympathique opportunité, j'avais pu découvrir l'artiste australo-ghanéen sur scène. Et il faut bien avouer que c'est une sacrée expérience décrite ici . " Struggler " présente cette fois-ci une pochette on ne peut plus sobre. Mais la couleur uniformément rouge démontre que le combat n'est pas fini. Les titres enlevés sont encore ultra présents, peut-être plus même. " Leaving The Light ", " The Roach ", " Freak Boy ", " Tied Up! " ou " Stay Blessed " et j'en passe sont autant de morceaux percutants, à l'effet immédiat.  Le style est toujours un joyeux bordel : post-punk, new-wave, soul, jazz, rap

Zaho de Sagazan - La Symphonie des éclairs

Ça y est, je sens que je vais perdre quelques lecteurs en route. Les quelques qu'il me reste encore, après près de 15 ans d'existence de La Musique à Papa. Parce qu'à l'image d'une Clara Luciani, Zaho de Sagazan divise le petit monde de la musique indépendante, celle qui se veut à l'écart des modes mainstream, au-dessus de la masse. Or, cette jeune chanteuse originaire de Saint-Nazaire, est justement, comme son aînée, au milieu du gué, à cheval entre un Stromae et un Flavien Berger. D'aucuns diront qu'il faut choisir. Je dirais au contraire que non. Les premières écoutes, comme prévu, j'ai résisté, bêtement, refusant la hype coûte que coûte, car je ne me sentais pas dupe, genre on ne me l'a fait pas à moi. Cette musique devait être facile, forcément à portée de tous et donc inintéressante, car manquant de profondeur. Et puis, écoutant la jeune femme en interview, je l'ai trouvé étonnamment attachante, à mille lieux de la prétention d'une

Jungle - Volcano

Que dire sur ce nouvel album de Jungle ? Qu'il est au final cette incroyable machine à danser, enchaînant les titres irrésistibles. Que si la musique du collectif londonien n'est réellement parvenue à mes oreilles qu'au moment de leur troisième disque, le tout aussi brillant " Loving in Stereo ", elle ne semble maintenant pas prête de s'en détacher. La production est toujours aussi brillante, le mariage des styles réussi. On pourrait s'arrêter là, car de renouvellement, il n'y en a pas vraiment. Toutes ces chansons auraient tout aussi bien pu se retrouver sur les précédents albums du groupe, sans qu'on s'en offusque le moins du monde. C'est d'ailleurs ce qui m'a déçu à la première écoute. Mais cette musique est une telle vague de fraîcheur qu'elle finit par tout emporter sur son passage, comme nos vaines réticences. Si vous recherchez du son sombre, lourd et un poil flippant, passez votre chemin ou alors restez un peu, vous pou

Fever Ray - Radical Romantics

Fever Ray, c'est Karin Drejier, sorte de Björk suédoise, à l'univers aussi perché et atypique, qui s'est fait connaître d'abord au sein de The Knife, entité bicéphale derrière laquelle elle se cachait volontiers avec son frère cadet Olof. Leur album " Silent Shout " paru en 2006 reste un classique dans le genre musique électronique et gothique de ces années-là, de même que l'irrésistible et plus mélodique " Heartbeats " sorti quelques temps plus tôt. Puis la personnalité de Karin trop à l'étroit devait se déployer naturellement en solo et ce fut rapidement fait sous le pseudonyme Fever Ray. Ça sera le puissant premier album éponyme dont le premier titre " If I had a Heart " sera repris pour la BO de la série à succès Viking. Bref, le style de la suédoise est désormais reconnu et reconnaissable. Elle continue pourtant à défricher de nouvelles terres inconnues, à son rythme, soit au sein de The Knife, soit avec Fever Ray. Sur " R

King Krule - Space Heavy

Déjà le quatrième album pour King Krule, mais seulement le premier à avoir le modeste honneur d'être chroniqué ici. Pourtant, le jeune prodige anglais a tout pour me plaire sur le papier : un style bien à lui, mélange de multiples influences allant du post-punk au jazz le tout saupoudré d'une voix rugueuse et rêche à souhait. J'en parle maintenant que le buzz est retombé, qu'il fait désormais partie des valeurs sûres du rock indépendant actuel, incapable de sortir un disque prévisible. Ce " Space Heavy " n'échappe pas au constat. 15 titres dont au moins un immédiatement accrocheur, l'excellent " Seaforth ", les autres se dégustent plutôt sur la longueur. Cette musique peut paraître à première écoute, pas terminée, au stade brouillon, avec ces morceaux qui pour certains durent à peine deux minutes. Et puis, au fil des écoutes, ce qui paraissait presque une esquisse, une chanson en chantier, prend toute sa justification. King Krule impose son u

Youth Lagoon - Heaven is a Junkyard

Il faut être un peu schizophrène pour changer ainsi de nom au gré de ses envies et de ses démons intérieurs : une fois Youth Lagoon, une autre fois Trevor Powers - son vrai nom - puis à nouveau Youth Lagoon. C'est quand il se réfugie derrière ce dernier pseudo que la musique du chanteur demeure la plus fascinante. J'avais aimé les deux premiers albums, " The Year of Hibernation " paru en 2011 et surtout " Wondrous Bughouse " en 2013. Puis, petit à petit, j'avais perdu de vue le bonhomme, l'écoutant distraitement histoire de me persuader que je n'y trouvais plus matière à m'enthousiasmer. Alors quand ce " Heaven Is A Junkyard " est sorti le 9 juin dernier, je n'ai même pas pris la peine. Il a donc fallu l'accalmie actuelle - enfin, après les sorties événements successives de PJ Harvey, ANOHNI ou Blur - dans les nouveautés musicales pour que je me penche enfin sur son cas. Trevor Powers a changé, après avoir fait une violente

Blur - The Ballad of Darren

Après le nouveau disque de PJ Harvey, voici le nouveau Blur, huit ans après " The Magic Whip ". Nous voici repartis dans nos années 90, nos années de jeunesse, nos années de découvertes tous azimuts, nos premiers émois musicaux. Pour être tout à fait honnête, PJ Harvey et Blur faisaient partie de mes artistes préférés, mais pas forcément en tête de liste. Aujourd'hui, ils sont de ces valeurs sûres qui égrènent leurs albums au compte goutte, parce qu'ils n'ont plus besoin de se faire connaître, parce qu'ils savent se faire désirer, faire que leurs sorties deviennent des événements. Damon Albarn est depuis le début des années 90, une personnalité assez omniprésente de la scène musicale anglaise. Son autre groupe Gorillaz est devenu aussi connu que Blur, même plus pour les jeunes générations. Il y a aussi The Good, The Bad and The Queen, pour les plus âgés, qu'il a formé avec l'ancien batteur attitré de la légende Fela Kuti, inventeur de l'afro-beat,

PJ Harvey - I Inside The Old Year Dying

Impossible de ne pas parler d'un disque de PJ Harvey. Il y a des artistes comme ça, qui resteront toujours gravés en nous, au plus profond. Même s'il n'est plus vraiment question de surprise. Fini le temps béni de la découverte, des chefs d'oeuvre ? Pas si certains, tellement ceux-ci ont jalonnés la carrière exemplaire de l'anglaise : " To Bring You My Love ", " Stories From The City, Stories From The Sea " ou " Let England Shake " pour ne citer que 3 jalons indispensables. " I Inside The Old Year Dying " ne fera sûrement pas partie de ceux-là. Il montre malgré tout l'exigence intacte de la chanteuse : encore un disque qu'il faudra user et abuser pour en goûter l'unique saveur. Car sans révolutionner son style, PJ Harvey continue d'avancer à son rythme - 7 ans depuis le dernier véritable album - loin des modes, avec les mêmes compagnons, les fidèles John Parish et Flood. Et puis la présence de tous un tas de so