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Articles

Affichage des articles du 2023

H. Hawkline - Milk For Flowers

" Milk for flowers " est déjà le cinquième album du Gallois H. Hawkline, alias Huw Evans. Son pseudonyme fait référence à " The Hawkline Monster : A Gothic Western " de Richard Brautigan. Partenaire musical régulier de Cate Le Bon depuis le début de sa carrière, cette dernière est cette fois-ci à la production et ça s'entend. Voilà un de ces nombreux artistes de l'ombre qui poursuive une oeuvre hors des sentiers battus et de la lumière des projecteurs. En plus de Cate Le Bon, il a notamment travaillé avec Aldous Harding, Tim Presley, Teenage Fanclub ou Kevin Morby, fait les premières parties de Gruff Rhys, Foxygen ou Devendra Banhart. Bref, le gars a roulé sa bosse, commençant sa carrière artistique en étant animateur de la radio et de la télé galloise, il est aussi designer graphique pour le compte d'autres artistes. Jusqu'ici, j'avoue que le gars était passé sous mes radars. Il a donc fallu ce très mélancolique " Milk for flowers " po

Albin de la Simone - Les cent prochaines années

Dis donc, ça faisait un moment qu'Albin de la Simone n'avait pas fait de nouveau disque, depuis l'excellent " L'un de nous " paru en 2017 et classé ici deuxième meilleur album de ladite année, rien de moins. Alors, bien sûr, il y a eu " Happy end ", disque de transition, entièrement instrumental, histoire de prouver s'il en était le talent de compositeur du monsieur. Il y a eu aussi avant cela la mise en scène du célèbre " Carnival des animaux " de Camille Saint-Saëns, des dessins, carnets de tournées exposés entre autres aux Francofolies de La Rochelle, une composition pour un dessin animé et aussi pour d'autres, Pierre Lapointe, Pomme ou Carla Bruni. Et j'en passe beaucoup. Bref, l'homme a été bien occupé pendant ces six années. Avec " Les cent prochaines années ", on retrouve le style "de la Simone" : mélodique, mélancolique, simple, émouvant. Et comme chaque fois, on se dit qu'il est encore meill

Gorillaz - Cracker Island

Revoilà Gorillaz, trois ans à peine après le retour en grâce inespérée de " Song Machine, Season 1 ". Et bizarrement, il ne s'agit pas de la saison 2, mais d'autre chose, l'album le plus pop de Gorillaz, un alignement de tubes en puissance, faciles d'accès, immédiatement sifflables sous la douche. Bien sûr, il y a toujours de prestigieux invités :  ici Thundercat, l'ex-Fleetwood Mac Stevie Nicks, Tame Impala ou Beck pour ne citer que les plus connus. Mais pour une fois, il y a une vraie cohérence d'ensemble, une unité de ton, de son. Les habitués trouveront sans doute à redire, déplorant l'aspect trop immédiat de ces mélodies. Mais c'est au final ce qu'a toujours souhaité faire Damon Albarn avec cette formation : une machine à tubes populaires susceptible d'attirer dans ses filets aussi bien le tout venant que le mélomane plus pointu. Gorillaz est devenu au fil du temps, son activité principale, alors qu'il n'était au départ qu&

Kerala Dust - Violet Drive

Ils sont londoniens mais habitent Berlin. Leur musique ressuscite le meilleur du trip-hop des années 90, celui de Massive Attack, Tricky, Portishead ou du plus méconnu Perry Blake. On y entend aussi du Tom Waits derrière la rythmique bancale de " Red Light " ou de " Violet Drive " le titre qui donne son  nom à l'album. C'est le deuxième disque de Kerala Dust et c'est une véritable claque. Chaque morceau, chaque son y est impeccablement travaillé. Et il y a cette voix monocorde, grave, envoûtante à souhait. Des chansons sombres, aux sonorités urbaines, de fin de soirées, qui se gagnent au fil des écoutes. Et puis, mine de rien, on se surprend à dodeliner de la tête sur cette musique pourtant plus intellectuelle que physique. Kerala Dust tient son nom d'un état du sud de l'Inde, nettement plus prospère que le reste du pays, rajoutant au mystère de ce groupe un peu en marge.  On en a connu des artistes qui ont déménagé à Berlin pour y trouver une no

Yo La Tengo - This Stupid World

Les années passent et la musique de Yo La Tengo reste la même. La même que dans les années 90. La même que celle de leur chef d'oeuvre paru en 1997, " I Can Hear Your Heart Beating as One ". La même que celle de l'excellent et sous-estimé " Fade " paru en 2013 et élu disque de l'année ici-même. Le groupe a beau dénoncer davantage ce monde stupide, déplorer une perte de sens, d'idéal, la forme est invariable. Les mêmes mélodies, les mêmes tessitures de voix douces et apaisantes du couple Georgia Hubley / Ira Kaplan, les mêmes guitares alternativement tourbillonnantes,  planantes ou dissonantes mais toujours à bon escient. Ces chansons, pour le fan que je suis, on les connait par cœur. Elles n'ont plus l'attrait de la nouveauté, de la surprise. Pourtant, elles regorgent encore de petits recoins secrets, tel choeur, telle partie de guitare qu'on aurait ignoré même à la dixième écoute. Malheureusement, je vais encore rater mon rendez-vous scé

Young Fathers - Heavy Heavy

Avec le disque de Gatien, je vous avais dit que peu importait les autres sorties du 3 février et bien, je dois avouer que cette semaine musicale fut riche avec aussi le nouvel album des écossais de Young Fathers. Car voici un disque qui pourrait tout emporter sur son passage. Une véritable machine de guerre, un rouleur compresseur, où les idées, les sons s'entrechoquent, dans un maelstrom convoquant aussi bien le rock, la soul, les rythmes africains. " Heavy Heavy " ressemble à une version festive de feu TV On The Radio ou des Animal Collective pour le plus grand nombre. Young Fathers ne fait pas référence au fait que ses trois membres sont de jeunes pères de famille, non, c'est de manière plus étonnante parce que les trois garçons ont le même prénom que leurs pères respectifs. Leur premier album " Dead " paru en 2014 avait remporté le Mercury Prize, depuis ils sont partis en tournée avec les grands frères de Massive Attack, précurseurs dans le mélange des g

Gatien - L'amour phoque

Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé d'un disque français, surtout réalisé par un nouveau venu. Gatien, c'est son vrai prénom, sort avec " L'amour phoque ", un brillant premier album. C'est bien simple, depuis que je suis tombé par hasard sur sa chanson " Tout est incroyable ", je me suis  immédiatement dit qu'il fallait que j'en cause ici. Les autres sorties de la semaine pouvaient bien attendre. Mais à quoi ressemble la musique de Gatien ? Au style de son label La Souterraine , ce précieux repère de pop classieuse et pas comme les autres, à la française - connus de tous les gens bien informés (de gauche ?) : Télérama , France Inter , Slate , Libération , Gonzaï , même aux US Pitchfork -, qui nous fait croire encore et toujours qu'il existe autre chose. Plus beau, plus subtil. " Les Otaries " est une reprise de feu Jean-Luc Le Ténia, le manceau adepte du fait maison, devenu la référence ultime de cette chan

JW Francis - Dream House

Voilà ma vraie première découverte musicale de l'année 2023. Les trois précédents disques chroniques ici étaient l'oeuvre d'artistes pour le moins expérimentés et dont la carrière, à défaut d'être totalement derrière eux, n'est plus à faire. " Dream House " est pourtant déjà le troisième album de JW Francis mais ce n'est qu'aujourd'hui que sa musique arrive enfin à mes oreilles. Sa pop lo-fi et lumineuse aux mélodies irrésistibles (" Casino ", " Swooning ") semble provenir du soleil Californien. Il n'en est rien, l'artiste, guide touristique à ses heures perdues, est né en Oklahoma, a vécu en France et vit désormais à New-York. On pense à Mac Demarco pour le côté à la cool, l'attitude de glandeur patenté, aux Strokes pour le phrasé et les guitares sur quelques titres plus rock comme " Keep it cool Steve ". Le chanteur au look de hipster sympathique - barbu rouquin et frisé - ressemble au copain un peu p

Guided By Voices - La La Land

Un nouveau disque de Guided By Voices ? Mais ça n'a rien d'exceptionnel comme événement ! Le groupe a l'habitude de balancer plusieurs nouveaux albums par an depuis leur dernière re-formation à l'aube des années 2000. Et un de plus, tous plus ou moins pareils, multipliant les mêmes titres indie rock depuis près de 40 ans. Alors pourquoi vous en parler maintenant ? Parce que je me rends compte que je n'ai jamais parlé ici de la formation de Robert Pollard. Il faut dire que Guided By Voices, à l'inverse de nombre de ces contemporains (Pavement, Sonic Youth, Pixies, Yo La Tengo, Sebadoh, Swell, etc) n'a pas rencontré beaucoup d'échos en France. Trop de disques, pas assez de mystère. Ils ont pourtant sorti au moins un classique absolu du genre avec " Bee Thousand " en 1994, période où la presse spécialisée était plutôt préoccupé par la britpop. Le grunge et la scène indépendante américaine était moins en vue. Et puis Pollard, lui, l'ancien inst

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Iggy Pop - Every Loser

Tout d'abord, bonne année et meilleurs voeux de bonheur à toutes et tous. Je ne vais pas vous dire que 2023 sera mieux que la précédente. C'est juste tout le bien que je vous souhaite, car je me dis que si vous êtes ici et lisez mon humble prose c'est qu'on doit partager un minimum de choses. On commence l'année avec l'iguane, dernière icône ou presque du rock'n'roll à papa. Iggy Pop fait partie d'une époque révolue même si son nom et son indéniable aura ont depuis longtemps franchi les barrières générationnelles. Si son ami David Bowie a jusqu'au bout continué de publier des albums importants, on peut difficilement en dire autant de l'américain tant ce dernier semble voguer au fil des envies et des collaborations, moins acteur de sa carrière que pouvait l'être le Thin White D'une. On ne va pourtant pas cracher sur un nouveau disque d'une telle légende du rock. Surtout que le chanteur a régulièrement sorti des albums plus qu'h