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Articles

Affichage des articles du 2023

Gaétan Nonchalant - Changement de programme

Voilà un disque qui aurait dû sortir il y a quelques mois, juste avant l'été. Cette pop électronique, décalée, zen, en un mot nonchalante comme le pseudo choisi par Gaétan Vandenbusshe aurait été le compagnon idéal de nos vacances oisives sous le soleil, sur la plage ou au bord de la piscine. On aurait écouté " Les champs de blé " à longueur de journée ce formidable duo avec le non moins nonchalant et incontournable Philippe Katerine. On aurait même rêvé en ces temps de réchauffement climatique aux belles " Plages du Nord ", région natale du chanteur. On n'aurait peut-être pas pousser au vice de se faire la même dégaine seventies avec cheveux longs, moustache et rouflaquettes. C'est tout ce premier album " Changement de programme " qui est au final fortement recommandable. Il faut dire qu'il a été écrit et travaillé depuis de nombreuses années déjà, preuve que ce nom de scène est aussi un peu trompeur et qu'il y a derrière les apparen

Grian Chatten - Chaos For The Fly

Oui, je sais, c'est la rentrée et il y a comme chaque année pléthore de nouvelles sorties culturelles, la musique n'étant évidemment pas en reste, mais voilà, j'en profite malgré tout pour faire un petit retour arrière. " Chaos For The Fly ", l'excellent premier album de Grian Chatten, chanteur des Fontaines DC, mérite assurément ce petit détour. Si je me suis déjà quelque peu lassé de la musique de son groupe, n'éprouvant plus les mêmes sensations que lors la claque inaugurale de " Dogrel ", le bonhomme montre avec ce premier effort solo qu'il est plus qu'un simple gouailleur de stades. Car si on y entend évidemment son timbre de voix si caractéristique, le style est plus calme, l'inspiration autre. C'est de manière surprenante plutôt du côté de Nick Drake (notamment sur " The Score ", le magnifique titre d'ouverture), d'Elliott Smith ou d'Adam Green qu'il faut aller la chercher. Comme ce dernier, Chatte

The Chemical Brothers - For That Beautiful Feeling

C'était avec le recul la soirée de Rock en Seine la plus enthousiasmante de 2023 : Altin Gun,  Dry Cleaning, Yeah Yeah Yeahs et les inénarrables "frères chimiques". Difficile de rester de marbre devant un tel déferlement de bon son. Non, je n'y étais pas. Mais pour avoir au moins assister à des concerts des deux derniers groupes susnommés, ils n'ont pas pour habitude de décevoir - il paraît que le set des Strokes le dimanche fut à l'inverse un fiasco -, délivrant des prestations régulièrement mémorables. Le duo de Manchester, puisque c'est d'eux dont il s'agit aujourd'hui, a sa musique pour lui. Il leur suffit de balancer leur gros beat pour avoir une irrépressible envie de bouger. " For That Beautiful Feeling " est leur dixième album et je dois avouer que ça fait un moment que j'avais décroché, depuis l'inoubliable " Surrender " paru à la toute fin des années 90. Puis, grâce à maman et à leurs clips toujours origina

Sparklehorse - Bird Machine

On croyait ne plus entendre de nouvelles chansons de Mark Linkous suite à sa terrible disparition le 6 mars 2010. Le chanteur s'était tiré une balle en plein coeur. C'était sans compter sur la persévérance de son frère Matt qui, après retrouvé quelques morceaux non enregistrés, a mis le temps nécessaire pour en peaufiner le son et la production confiée ici à Steve Albini, afin que ceux-ci soient le plus proche des voeux de son grand frère. C'est effectivement un merveilleux retour en arrière auquel on assiste dès les premières notes de cet improbable " Bird Machine " avec le magnifique et bien nommé " It Will Never Stop ". Car si on est généralement circonspect de la viabilité de ce type d'opérations qui sent le plus souvent la naphtaline et les fonds de tiroir pas toujours jolis à entendre, ici, on navigue de merveilles en merveilles, étonnamment parmi les plus apaisées que Linkous ait pu écrire et chanté, bien loin du plombant " It's a won

Genesis Owusu - Struggler

J'avais pris un peu le train en marche pour le premier disque de ce drôle d'énergumène de Genesis Owusu. Découvrant son premier album, le foutraque " Smiling with no teeth ", à la pochette un rien flippante, sur le tard. Flippant, le monsieur, l'est assurément sur scène. Au détour d'une sympathique opportunité, j'avais pu découvrir l'artiste australo-ghanéen sur scène. Et il faut bien avouer que c'est une sacrée expérience décrite ici . " Struggler " présente cette fois-ci une pochette on ne peut plus sobre. Mais la couleur uniformément rouge démontre que le combat n'est pas fini. Les titres enlevés sont encore ultra présents, peut-être plus même. " Leaving The Light ", " The Roach ", " Freak Boy ", " Tied Up! " ou " Stay Blessed " et j'en passe sont autant de morceaux percutants, à l'effet immédiat.  Le style est toujours un joyeux bordel : post-punk, new-wave, soul, jazz, rap

Zaho de Sagazan - La Symphonie des éclairs

Ça y est, je sens que je vais perdre quelques lecteurs en route. Les quelques qu'il me reste encore, après près de 15 ans d'existence de La Musique à Papa. Parce qu'à l'image d'une Clara Luciani, Zaho de Sagazan divise le petit monde de la musique indépendante, celle qui se veut à l'écart des modes mainstream, au-dessus de la masse. Or, cette jeune chanteuse originaire de Saint-Nazaire, est justement, comme son aînée, au milieu du gué, à cheval entre un Stromae et un Flavien Berger. D'aucuns diront qu'il faut choisir. Je dirais au contraire que non. Les premières écoutes, comme prévu, j'ai résisté, bêtement, refusant la hype coûte que coûte, car je ne me sentais pas dupe, genre on ne me l'a fait pas à moi. Cette musique devait être facile, forcément à portée de tous et donc inintéressante, car manquant de profondeur. Et puis, écoutant la jeune femme en interview, je l'ai trouvé étonnamment attachante, à mille lieux de la prétention d'une

Jungle - Volcano

Que dire sur ce nouvel album de Jungle ? Qu'il est au final cette incroyable machine à danser, enchaînant les titres irrésistibles. Que si la musique du collectif londonien n'est réellement parvenue à mes oreilles qu'au moment de leur troisième disque, le tout aussi brillant " Loving in Stereo ", elle ne semble maintenant pas prête de s'en détacher. La production est toujours aussi brillante, le mariage des styles réussi. On pourrait s'arrêter là, car de renouvellement, il n'y en a pas vraiment. Toutes ces chansons auraient tout aussi bien pu se retrouver sur les précédents albums du groupe, sans qu'on s'en offusque le moins du monde. C'est d'ailleurs ce qui m'a déçu à la première écoute. Mais cette musique est une telle vague de fraîcheur qu'elle finit par tout emporter sur son passage, comme nos vaines réticences. Si vous recherchez du son sombre, lourd et un poil flippant, passez votre chemin ou alors restez un peu, vous pou

Fever Ray - Radical Romantics

Fever Ray, c'est Karin Drejier, sorte de Björk suédoise, à l'univers aussi perché et atypique, qui s'est fait connaître d'abord au sein de The Knife, entité bicéphale derrière laquelle elle se cachait volontiers avec son frère cadet Olof. Leur album " Silent Shout " paru en 2006 reste un classique dans le genre musique électronique et gothique de ces années-là, de même que l'irrésistible et plus mélodique " Heartbeats " sorti quelques temps plus tôt. Puis la personnalité de Karin trop à l'étroit devait se déployer naturellement en solo et ce fut rapidement fait sous le pseudonyme Fever Ray. Ça sera le puissant premier album éponyme dont le premier titre " If I had a Heart " sera repris pour la BO de la série à succès Viking. Bref, le style de la suédoise est désormais reconnu et reconnaissable. Elle continue pourtant à défricher de nouvelles terres inconnues, à son rythme, soit au sein de The Knife, soit avec Fever Ray. Sur " R

King Krule - Space Heavy

Déjà le quatrième album pour King Krule, mais seulement le premier à avoir le modeste honneur d'être chroniqué ici. Pourtant, le jeune prodige anglais a tout pour me plaire sur le papier : un style bien à lui, mélange de multiples influences allant du post-punk au jazz le tout saupoudré d'une voix rugueuse et rêche à souhait. J'en parle maintenant que le buzz est retombé, qu'il fait désormais partie des valeurs sûres du rock indépendant actuel, incapable de sortir un disque prévisible. Ce " Space Heavy " n'échappe pas au constat. 15 titres dont au moins un immédiatement accrocheur, l'excellent " Seaforth ", les autres se dégustent plutôt sur la longueur. Cette musique peut paraître à première écoute, pas terminée, au stade brouillon, avec ces morceaux qui pour certains durent à peine deux minutes. Et puis, au fil des écoutes, ce qui paraissait presque une esquisse, une chanson en chantier, prend toute sa justification. King Krule impose son u

Youth Lagoon - Heaven is a Junkyard

Il faut être un peu schizophrène pour changer ainsi de nom au gré de ses envies et de ses démons intérieurs : une fois Youth Lagoon, une autre fois Trevor Powers - son vrai nom - puis à nouveau Youth Lagoon. C'est quand il se réfugie derrière ce dernier pseudo que la musique du chanteur demeure la plus fascinante. J'avais aimé les deux premiers albums, " The Year of Hibernation " paru en 2011 et surtout " Wondrous Bughouse " en 2013. Puis, petit à petit, j'avais perdu de vue le bonhomme, l'écoutant distraitement histoire de me persuader que je n'y trouvais plus matière à m'enthousiasmer. Alors quand ce " Heaven Is A Junkyard " est sorti le 9 juin dernier, je n'ai même pas pris la peine. Il a donc fallu l'accalmie actuelle - enfin, après les sorties événements successives de PJ Harvey, ANOHNI ou Blur - dans les nouveautés musicales pour que je me penche enfin sur son cas. Trevor Powers a changé, après avoir fait une violente

Blur - The Ballad of Darren

Après le nouveau disque de PJ Harvey, voici le nouveau Blur, huit ans après " The Magic Whip ". Nous voici repartis dans nos années 90, nos années de jeunesse, nos années de découvertes tous azimuts, nos premiers émois musicaux. Pour être tout à fait honnête, PJ Harvey et Blur faisaient partie de mes artistes préférés, mais pas forcément en tête de liste. Aujourd'hui, ils sont de ces valeurs sûres qui égrènent leurs albums au compte goutte, parce qu'ils n'ont plus besoin de se faire connaître, parce qu'ils savent se faire désirer, faire que leurs sorties deviennent des événements. Damon Albarn est depuis le début des années 90, une personnalité assez omniprésente de la scène musicale anglaise. Son autre groupe Gorillaz est devenu aussi connu que Blur, même plus pour les jeunes générations. Il y a aussi The Good, The Bad and The Queen, pour les plus âgés, qu'il a formé avec l'ancien batteur attitré de la légende Fela Kuti, inventeur de l'afro-beat,

PJ Harvey - I Inside The Old Year Dying

Impossible de ne pas parler d'un disque de PJ Harvey. Il y a des artistes comme ça, qui resteront toujours gravés en nous, au plus profond. Même s'il n'est plus vraiment question de surprise. Fini le temps béni de la découverte, des chefs d'oeuvre ? Pas si certains, tellement ceux-ci ont jalonnés la carrière exemplaire de l'anglaise : " To Bring You My Love ", " Stories From The City, Stories From The Sea " ou " Let England Shake " pour ne citer que 3 jalons indispensables. " I Inside The Old Year Dying " ne fera sûrement pas partie de ceux-là. Il montre malgré tout l'exigence intacte de la chanteuse : encore un disque qu'il faudra user et abuser pour en goûter l'unique saveur. Car sans révolutionner son style, PJ Harvey continue d'avancer à son rythme - 7 ans depuis le dernier véritable album - loin des modes, avec les mêmes compagnons, les fidèles John Parish et Flood. Et puis la présence de tous un tas de so

ANOHNI and The Johnsons - My Back Was A Bridge For You To Cross

Cette semaine, une fois n'est pas coutume, les sorties importantes se basculent au portillon. En effet, la période n'est souvent pas propice aux nouveautés culturelles. L'été, généralement, hormis les festivals, point de salut pour la culture, sauf que c'est de moins en moins vrai. La preuve, au cinéma, on assiste depuis quelques années à la sortie de quelques blockbusters et même de films d'auteur importants pendant la période estivale. Pour la musique, c'est pareil, avec les nouveaux disques de PJ Harvey et de Anohni la même semaine, histoire qu'ils puissent nous suivre au moins pour les deux mois à venir. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, Anohni, c'est le nouveau nom de Antony Hegarty, depuis que celui-ci a changé de sexe pour devenir une femme en 2015. " My back was a bridge for you to cross " est son premier disque avec son groupe, The Johnsons depuis 2010, et on y retrouve cette soul précieuse à la puissance émotionnelle intacte. C

Ulrika Spacek - Compact Trauma

Ulrika Spacek , c'était jusque là une version britannique plus brouillonne et plus commune de Deerhunter, ayant adopté le son des guitares sans parvenir à écrire des titres vraiment marquants. Avec " Compact Trauma ", les anglais prennent le large, avec une production aux petits oignons : on perd évidemment les guitares sales (encore que...) pour y gagner en clarté, en subtilité, avec toujours cette rythmique impeccable. Les morceaux se suivent jamais uniformes, leur construction jamais prévisible, avec tout plein de recoins fascinants. Mention spéciale pour le single " The Deer Shop ", " Longe Angst ", " If The Wheels Are Coming Off, The Wheels Are Coming Off " ou encore la chanson éponyme " Compact Trauma ". Le titre du disque fait évidemment référence au COVID, à cette longue période d'enfermement obligé et partagé par beaucoup d'entre nous. Cette frustration de ne pouvoir sortir, voir du monde, selon notre bon vouloir a

La Jungle - Blurry Landscapes

Il existe Jungle, duo anglais de soul électronique assez irrésistible et bien dans l'air du temps, en terme de mélange des genres. Leur dernier album en date " Loving in stereo " est un enchaînement interrompu de tubes. Ils seront au 104 à Paris en octobre prochain pour deux dates déjà presque complètes. Et puis il existe les obscurs belges de La Jungle, adepte d'un post-punk complètement débridé et donc à ne pas mettre entre toutes les oreilles. " Blurry Landscapes " est leur sixième disque et ils seront en concert au festival Rock in Barn au mois de septembre à Vernon, proche de Giverny, pour une affiche assez prometteuse (Ulrika Spacek, Snapped Ankles ou JW Francis). Leurs prestations scéniques sont paraît-il dantesques et constituent des expériences assez intenses à vivre. Ce nouvel album commence par un rythme de batterie répétitif, à peine évolutif, qui incite rapidement à la transe. Puis, c'est au tour du capharnaüm sonore de " The Marvelou

Ralfe Band - Achilles Was A Hound Dog

Ralfe Band est comme son nom l'indique le groupe de Oly Ralfe, artiste anglais qui oeuvre depuis déjà bientôt vingt ans dans un relatif anonymat. " Swords ", leur premier album est sorti en 2005. " Achilles was a hound dog " n'est que le cinquième du nom, dix ans après le précédent, ça n'aide pas pour rester sous le feu des projecteurs. Dès 2007, c'est l'excellent label Bordelais, Talitres , qui le repère. Il faut dire que ce dernier s'y connait en musique folk supérieure puisqu'on retrouve dans leurs brillantes signatures, Micah P. Hinson, Flotation Toy Warning ou The Walkmen - qui seraient aux dernières nouvelles de retour aux affaires. Avec ce nouvel album, Ralfe Band se hisse à ce niveau-là ou presque. " Pale Fire ", en référence au roman du même nom de Vladimir Nabokov, est une de ces chansons simples, évidentes, qui ne vous quittent pas de sitôt, un classique en puissance. On pense beaucoup à Dean Wareham, l'inconto

Squid - O Monolith

Voilà un album qui porte bien mal son nom, car il n'y a rien de monolithique ici, hormis le fait qu'à l'instar de leur premier disque, " Bright Green Light ", la musique de Squid demeure toujours aussi insaisissable. " Swing (in a dream) ", le premier titre, en est un parfait exemple, qui file, inarrêtable, sans nous laisser le moindre repère, ni couplet, ni refrain, ni structure prévisible. C'est leur marque de fabrique, leur force, celle de ne jamais laisser de répit, comme Black Midi, comme Black Country, New Road, ces nouvelles coqueluches anglaises qui ont digéré le mouvement post-punk, à tout juste vingt ans, et qui ne se sont pas arrêtés en si bon chemin, y ajoutant des connotations jazzy, électro, etc. On pense pas mal à Radiohead aussi. Leurs influences semblent infinies, comme s'ils avaient déjà vécu plusieurs vies, en tout cas, plus que nous, le commun des mortels. Une musique d'intellos pour intellos ? Sans doute, un peu, car &quo

Juan Wauters - Wandering Rebel

Voici un drôle d'énergumène, insaisissable, au style ouvert aux quatre vents, bien perché, comme sur l'étonnante pochette de son dernier album, " Wandering Rebel ". On y entend, encore plus qu'avant, sur ce nouveau disque ses racines sud-américaines. Juan Wauters est né à Montevideo, capitale de l'Uruguay, mais vit à New-York depuis une vingtaine d'années. Il chante à moitié en espagnol, à moitié en anglais. Preuve que ses influences ne sont pas figées, il invite ici quelques amis chanteurs ou chanteuses aux univers très variés, avec pas moins de 5 duos. On note l'enchanteur " Milanesa al Pan " et son un clip animé qui ne l'est pas moins avec Zoe Gotusso, artiste argentine dont le dernier album a remporté le prix du meilleur disque pop dans son pays en 2021. On y entend aussi de charmantes chansons avec Y La Bamba ou Frankie Cosmos, puis une très légère reprise du célébrissime " Bolero " de Ravel avec un dénommé Super Willy K.

Jean-Louis Murat - Best Of

Je crois que c'est la première fois que je chronique un best of. Mais celui-là tombe malheureusement à pic, sortant la semaine de la mort brutale du chanteur. Murat ne voulait pas d'un best of, mais c'est sa maison de disques qui, à force d'insistance, a fini par le faire céder. Il aura fallu 40 ans, 40 ans depuis le mythique " Suicidez-vous, le peuple est mort " en 1981, honteusement oublié ici de la version CD - il existe une version digitale du double de titres. Après ça, on ne l'y reprendra plus à parler politique, tout du moins à travers ses chansons. Car même si l'homme était affable, parlant parfois à tort et à travers aux médias, il gardait ses convictions profondes aux plus proches. Murat, comme le montre la pochette de cette compilation était un homme de la terre, pas fait pour les strass, les paillettes, les buzz, même s'il aimait en jouer, tapant régulièrement sur tout ce qui bouge, surtout sur les autres chanteurs et chanteuses, ceux q

Mega Bog - End of Everything

J'ai découvert Mega Bog, alias Erin Elizabeth Birgy, en première partie de l'indispensable Cate Le Bon l'an dernier . Et je dois avouer que sa prestation un peu ardue m'avait laissé de marbre. Mais alors, que s'est-il passé pour que maintenant, j'en arrive à changer d'avis et chroniquer son nouvel album ? Peut-être parce que la chanteuse a mis un peu d'eau dans son vin comme on dit, pour produire une musique plus facilement accessible. Peut-être parce qu'en live, elle recherche davantage l'expérimentation, pour aller à contre-courant de ses productions en studio. Car il est évident que Mega Bog est une artiste au style et à la personnalité affirmés. Qui pour se laisser peindre nue, sexe au premier plan, dans la même position que le fameux tableau de Gustave Courbet, " L'origine du monde ", avec de surcroît une pilosité apparente au niveau des aisselles ? Le titre de l'album, " End of Everything " est d'ailleurs un

BC Camplight - The Last Rotation on Earth

Comment est-ce possible que je n'ai pas encore parlé de BC Camplight, alias Brian Christinzio ? Ce " The Last Rotation on Earth ", au titre un poil apocalyptique, est déjà son sixième album et le style du monsieur semble expressément fait pour me plaire, étonnant mélange de mélodies déchirantes, d'humour décalé, de sons un peu barrés, saupoudré d'une couche de kitsch et de grandiloquence assumés. Il faut dire qu'il y avait eu une occasion manquée, un hiver, à la Route du Rock, alors qu'il devait jouer le même soir que la divine Anna Calvi. Annulation de dernière minute et l'obligation de patienter car l'organisation du festival n'avait pas eu le temps de trouver un remplaçant. Pas l'idéal pour que le courant passe bien entre nous. Depuis, j'avoue que je suis quand même la carrière du gaillard, avec notamment un précédent disque plutôt bon, " Shortly After Takeoff " qui lui avait même valu les honneurs du Guardian qui n'ava

Y La Bamba - Lucha

Je me rappelle de " La Bamba " comme un tube de mon enfance. Un tube remis au goût du jour par le groupe Los Lobos en 1987. Cette chanson est au départ un air traditionnel mexicain, popularisée à la fin des années 50 par Ritchie Valens, qui trouvera la mort " The Day The Music Died ", dans un accident d'avion en même temps qu'un certain Buddy Holly. Mais revenons à ce qui nous concerne aujourd'hui, Y La Bamba - y-a-t-il réellement un lien ?-, le groupe d'une certaine Luz Elena Mendoza, américano-mexicaine, forcément. Encore une artiste que je découvre sur le tard et par hasard, au détour des nouveautés musicales de la semaine et qui en est déjà à son sixième album. Ce nouveau disque semble un remède à la morosité ambiante, comme si Cate Le Bon se mettait à la bossa nova. La chanteuse y invite Devendra Banhart, un de ses modèles revendiqués pour le superbe et apaisant " Hues ". Elle y chante aussi une reprise d'Hank Williams, une des cha

Gontard - 2032

1er mai, c'est le moment où jamais. Je ne pouvais décemment pas passer à côté du nouvel album de Gontard. Il s'intitule " 2032 " et est donc la continuité de " 2029 ", une distopie ayant lieu dans sa ville de Gontard-sur-Misère, en vérité Romans-sur-Isère. L'avenir, parce que le présent est trop laid, parce que le peuple vote plutôt extrême droite, qu'il ne voit pas encore que son salut viendra de la fraternité entre "gens qui ne sont rien" plus que du renfermement sur soi et de la peur de son voisin. Gontard, derrière son constat amer et glauque sur notre société actuelle, cache un éternel optimiste qui voudrait croire que quoiqu'il arrive, le meilleur est forcément à venir. On ne peut pas décemment en rester là. Ce nouveau disque rappelle par moments le formidable " Bambi Galaxy " dans sa quête spatiale, mais là où Marchet visionnait l'apogée d'une secte malsaine, Gontard y voit celui d'une révolution prolétarien

Lael Neale - Star Eaters Delight

Revoilà l'intrigante Lael Neale, au nom ressemblant à un palindrome. On retrouve ces douces mélodies, enivrantes, au charme désuet. Si le précédent, l'excellent " Acquainted with Night " était l'oeuvre d'une Lana Del Rey moins consciente de son talent et de son aura, un peu gauche, mais d'autant plus attachante, ce nouveau disque, le troisième, paraît plus assuré, à la production plus ample - toute proportion gardée -, se payant même le luxe de titres presque enjoués, tels " I Am The River " ou " Faster Than The Medecine ". La pièce centrale de l'album, la mystérieuse " In Verona " semble être une référence à Roméo et Juliet. Tout l'album est ainsi parsemé de pistes, d'influences diverses, témoins de l'éducation de la chanteuse, qu'on imagine religieuse et un peu rigoriste. On retrouve aussi aux arrangements, l'ami Guy Blakeslee. Ce dernier explique que Lael Neale lui demande régulièrement d'enlever

Jonathan Bree - Pre-code Hollywood

Son amie, Princess Chelsea, l'autre fer de lance du label néo zélandais Lil' Chief Records, était en tête de mon top albums 2022 avec son chef d'oeuvre - oui, j'ose le mot - " Everything's going to be alright ", magnifique recueil de miniatures pop qui toutes finissent par vous trotter inlassablement dans la tête. Lui, l'était avec l'excellent " Sleepwalking ", en 2018 , autre album de rupture. C'est dire que depuis plusieurs années, je suis assidûment ce que ce duo produit, pour mon plus grand bonheur. Ce " Pre-Code Hollywood " les voit une fois de plus tout les deux réunis, le temps de quelques titres, bien dans le style maison, notamment l'irrésistible " Miss You ". La nouveauté, c'est la présence de l'inénarrable Nile Rodgers à la guitare, histoire d'apporter sa légendaire touche funky à la pop mélancolique des néo zélandais. On n'aurait pas parié que l'association puisse marcher, mais