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Articles

Affichage des articles du juin, 2011

Nat Baldwin - People Changes

" People Changes " est un disque intimidant, exigeant, rebutant même parfois, pour qui n'est pas familier de l'instrument de prédilection de Nat Baldwin : la contrebasse, pour qui n'aime pas les nouvelles expériences. Il faut dire que le gars en question, n'est autre que membre du collectif bien barré des Dirty Projectors, connu pour ne pas suivre les chemins balisés et n'en faire qu'à leur tête - vous connaissez, vous, des contrebassistes qui jouent au basket ? (cf. la pochette). On peut alors être libre d'aimer ou pas, même si l'amateur de classique, de jazz comme de pop peut y trouver son compte. Et puis, une musique qui ne laisse pas indifférente possède déjà un atout important en soi. A l'image d'une Joanna Newsom et sa harpe, Baldwin est parfois seul avec son instrument. Mais contrairement à celle-ci, on sombre parfois carrément dans l'expérimentation à tout va, notamment sur le cacophonique " What Is There " ou la f

Mes indispensables : The Boo Radleys - Giant Steps (1993)

S'il est un groupe qui restera pour moi intimement lié à ma période " Bernard Lenoir ", ce sont les Boo Radleys. Cette période où j'écoutais religieusement tous les soirs de la semaine, l'émission culte sur France Inter. Le week-end arrivé, je continuais mon apprentissage de rockeur indépendant en me repassant toutes les cassettes des émissions précédemment enregistrées, pour ne garder ensuite que ce qui me bottait le plus. Les Boo Radleys donc - en référence au personnage asocial du célèbre roman " To Kill a Mockingbird " de Harper Lee - , cette formation anglaise dont le leader, Martin Carr, n'était autre que le mari de Hilda, qui officiait à l'époque comme assistante de Lenoir pour ses fameuses black sessions  de Lydie Barbarian, connue à l'époque, par les afficionados de Lenoir pour ses duplex en direct d'outre-Manche pendant lesquels elle nous faisait partager ses derniers coups de coeur britons. Ah, temps béni (oui, je fais mon &qu

Craft Spells - Idle Labor

Ouh la la, je vous vois déjà arriver avec vos gros sabots. Encore des imitateurs ! Mais où est l'originalité ? C'est du copier-coller, ça devient lassant ! Surtout que cette fois-ci, les jeunes américains de Craft Spells ne se cachent pas vraiment, jusqu'à la pochette de leur album qui n'est autre qu'un décalque de celle du fameux " Power, Corruption & Lies " des New Order. La musique est l'avenant de celle de tous ces groupes récents du même style : The Pains Of Being Pure At Heart ,  Beach Fossils , Wild Nothing , Minks ou Girls Names . Mais, comme la bande de Peter Hook et de Barney Sumner a rendu les armes depuis belle lurette, ça fait du bien d'entendre leur ancien son chez les autres, surtout quand c'est aussi bien digéré et assimilé. Et tant pis si ce n'est pas toujours formidable, tant pis si les ficelles sont parfois grosses, tant pis si je radote, (c'est que papa commence à attraper de plus en plus de cheveux blancs, bie

Black Lips - Arabia Mountain

Il paraît que les Black Lips se définissent comme un groupe de "flower punk" et à l'écoute de ce dernier " Arabia Mountain ", force est de dire qu'ils ont plutôt bien défini leur style. Les influences viennent en effet du rock garage des années 60, des Troggs, des Sonics, en passant par les prémices du punk du milieu des années 70 avec les Ramones (" Raw Meat ", " Bone Marrow "), jusqu'à leur équivalent actuel, les suédois de The Hives (" Modern Art "). On pourrait aussi citer les Rolling Stones (" Dumpster Dive "). La constante reste l'immédiateté, les morceaux ne dépassent presque jamais 2 minutes 30, les paroles simples, et puis il y a ce côté trublion (branleur?), ce désir de ne rien prendre au sérieux. De toutes ces chansons respirent en effet l'envie de profiter de l'instant, de s'amuser tout simplement : fun, fun, fun... Pour " Arabia Mountain ",  les Black Kips ont laissé une part

Mes indispensables : John Cale - Paris 1919 (1973)

Après un blog fonctionnant au ralenti les deux dernières semaines pour cause de vacances, me voilà véritablement de retour pour, j'espère, des posts plus fréquents, et rien de tel que de recommencer avec un indispensable. Oui, je sais, là-dessus, je ne suis plus dans l'actualité puisque John Cale a rejoué ce disque il y a quelques mois déjà à Paris, à la Salle Pleyel avec l'orchestre classique idoine. En 1973, lorsque sort cet album devenu depuis une référence dans la carrière de son auteur, il fait un effet profondément anachronique. Car c'est l'époque du rock progressif, du glam, les débuts du hard rock, et ce " Paris 1919 " est de facture nettement plus classique et intimiste; étonnant surtout de la part de celui qu'on croyait comme le responsable principal du côté expérimental du Velvet Underground, mythique combo new-yorkais. John Cale est aussi considéré comme l'un des précurseurs du punk, ayant produit les premiers Stooges, Modern Lovers ou

WU LYF - Go Tell Fire To The Mountain

C'est un évènement : Manchester refait parler d'elle sur la scène rock. Et l'on se reprend subitement à croire avec ces jeunes garnements de WU LYF (énigmatiques initiales de World Unite Lucifer Young Foundation) à un nouveau mouvement musical venu nous réveiller de la torpeur actuelle, à l'image de la période Stone Roses / Happy Mondays de la fin des années 80 où la scène locale avait réussi à mélanger habilement la dance music et les mélodies pop so british. Ces petits bleus font déjà parler d'eux depuis de nombreux mois, d'abord par le biais d'un marketing savamment orchestré privilégiant le mystère, mais aussi surtout par leur musique hors norme mariant les Mondays justement, pour le groove aux rythmes tribaux et mystiques de Animal Collective, le tout supporté par des chants braillards dignes de stades de foot. Bref, c'est peu dire que ce premier album, " Go Tell Fire To The Mountain ", était particulièrement attendu des amateurs de nouvea

John Maus - We Must Become The Pitiless Censors of Ourselves

John Maus est un drôle d'énergumène. Son nouvel album, le troisième, est assez inclassable, improbable mélange du kitsch de la variété italienne des années 80 et du romantisme noir de Joy Division. Il faut dire qu'il est l'ami d'un certain Ariel Pink, autre adepte de bricolages atypiques, n'ayant pas peur du ridicule. Le titre du disque - " We Must Become The Pitiless Censors of Ourselves " - et la pochette sur laquelle on voit un phare éclairer une mer déchaînée, sont des signes que la musique est pourtant chez Maus une affaire profondément sérieuse. Ne pas se fier aux apparences donc, ce qui se révèle au fil des écoutes, le chanteur possède un certain degré d'exigence. Comme si, après Brian Eno, David Bowie - la voix est très ressemblante sur " Head For The Country " - avait décidé de collaborer avec Giorgio Moroder à l'aube des eighties. Si je n'adhère pas à tout, il y a quand même dans cette nouvelle mouture, quelques titres qui s

Mes indispensables : The Divine Comedy - Promenade (1994)

Pas facile de choisir un disque plutôt qu'un autre dans la déjà longue discographie du petit mais génial irlandais Neil Hannon et de sa Divine Comedy. Beaucoup choisiraient " Liberation ", parce que c'est son premier et parce que c'est celui qui nous a permis de faire connaissance avec son univers musical sous influence Scott Walker ou Jacques Brel - en plus drôle, ce qui n'est dans ce cas pas bien difficile :) Les suites sont souvent moins surprenantes, puisqu'au mieux l'affirmation d'un talent déjà largement entraperçu dès les premiers abords. Et pourtant, ce deuxième disque, " Promenade " est plus qu'une confirmation. Hannon y parfait son amour pour les beaux arrangements classiques et laisse de côté la guitare, qui n'apparaît qu'en de rares occasions et toujours en retrait. Les albums suivants encore plus orchestrés tomberont quelques fois dans l'excès. Le pompon sera décroché avec " Fin de siècle ", particul

Secret Cities - Strange Hearts

La pochette est belle, psychédélique, luxuriante. La musique aussi. Ce disque me poursuit depuis de nombreux jours et il me vient aujourd'hui l'envie irrésistible de vous en parler. Je ne connaissais pas ce groupe, Secret Cities. Je n'en sais toujours pas beaucoup plus, à part qu'ils viennent de Fargo (tiens, tiens, les frères Coen...), dans le Dakota du Nord, près de la frontière canadienne. Ce " Strange Hearts " est leur deuxième album et si je suis tombé dessus par hasard, c'est cette fois-ci grâce au journal Magic , en allant à la pêche à la nouveauté. Et plus qu'une nouveauté, c'est donc une révélation. Que dis-je, un petit bijou. Comme un résumé du meilleur du rock indépendant de ces dernières années, de Grizzly Bear (surtout) à Arcade Fire (un peu, sur " Forest Of Love " notamment). Le tout en version lo-fi, avec les moyens du bord. Les voix du groupe (Marie Parker et Charlie Gokey) sont toutes deux aussi douces et harmonieuses. Ch

The Leisure Society (+Pendentif, Morning Parade et Francesqa) - La Flèche d'Or - 27 mai 2011

Qu'on se le dise, les anglais de The Leisure Society sont sans doute ce qui se fait de mieux actuellement de l'autre côté de la Manche en termes de pop de qualité, finement arrangée et aux mélodies soyeuses, dans l'esprit des plus grands, des Beatles et des Kinks bien sûr, ou plus récemment de Divine Comedy et Belle & Sebastian. Leur dernier album " Into The Murky Water " est une grande réussite - j'en parlais ici - et si, depuis, mon euphorie s'est quelque peu dissipée après de nombreuses écoutes, ce n'était, certes, pas suffisant pour m'empêcher d'aller voir ce que tout cela pouvait donner sur scène. Bon, la soirée était sous le patronage des Inrocks et pour en avoir fait plusieurs fois l'expérience, les soirées organisées par le magazine sont souvent de vastes fourre-tout où le génial côtoie le médiocre pour ne pas dire plus. Et ce 27 mai 2011 n'a malheureusement pas échappé à ce terrible constat. Pas moins de quatre groupes éta