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Articles

Affichage des articles du mars, 2020

Sorry - 925

Attention, talent, comme nous dirait la Fnac ! Parce qu'en période de confinement, plus que d'habitude, il faut faire gaffe, des fois qu'on les raterait, hein, les talents, les trucs nouveaux, "hype", vraiment importants, ça serait dommage. Alors je suis sympa, je vous tiens au jus. Sorry est un jeune groupe anglais originaire du nord de Londres. Il est mené par un couple d'amis d'à peine plus de vingt ans : Asha Lorrenz et Jasper Cable-Alexander. Leur premier disque " 925 " est signé sur l'indispensable label Domino Records, et pourrait rapidement devenir un classique de notre époque. Les textes évoquent étonnamment le " Mad World " des Tears for Fears sur le premier titre " Right Round The Clock ". Quand les premiers nous disaient gravement " And I find it kind of funny. I find it kind of sad. The dreams in which I'm dying are the best I've ever had ". Les seconds, goguenards, répondent " I'

The Electric Soft Parade - Stages

Voilà bien un groupe de losers patentés. Arrivés trop tard au début des années 2000, avec leur brit pop en plein retour du rock à guitares un peu sales et l'avènement de tous ces groupes en " The ". Leur premier disque " Holes in the wall " tient malgré tout encore très bien la route aujourd'hui, plus que nombreux autres du même style parus une décennie plus tôt. Si celui-ci a connu son petit succès, la suite ne fut pour les deux frères White qu'une longue descente dans l'anonymat de l'indie pop anglaise. " Stages ", leur nouvel album est sorti en tout début d'année, et c'est peu dire qu'il n'a pas fait parler de lui. Pourtant, il ferait un excellent disque de la semaine du 10 janvier à retardement. On retrouve le même savoir faire avec des chansons et des mélodies étirées cette fois au maximum : 7 morceaux seulement, souvent de plus 7 minutes. " On your own " en fait même plus de 12. Mais jamais cela ne par

Rustin Man - Clockdust

Il lui avait fallu dix-sept ans pour donner suite au sublime " Out of season " en duo avec Beth Gibbons, la chanteuse de Portishead. " Drift Code " sorti l'an dernier, sous le seul nom de Rustin Man et sous haute influence du dernier Bowie et de Robert Wyatt, avait séduit ici même, parvenant à figurer parmi mes dix disques préférés de 2019 .  On ne s'attendait pas à le retrouver aussi rapidement. Un an après, Paul Webb, ancien bassiste de Talk Talk, remet donc le couvert avec ce " Clockdust ", dans la continuité du précédent. Ce n'est pas étonnant puisqu'il s'agit en fait de chansons écrites durant les mêmes sessions d'enregistrement, c'est-à-dire avant le décès de son ancien compagnon de route, Mark Hollis en février dernier. On y entend, peut-être inconsciemment, davantage de noirceur que dans " Drift Code ". Ce délai succinct entre les deux albums est aussi sans doute liée à la perte récente de son ami, comme une

Baxter Dury - The Night Chancers

Sacré Baxter Dury ! Toujours ce même humour typiquement british, ce sens inné de l'absurde. Commencer un album par " I'm not your fucking friend " pour finir par " Baxter loves you " chanté par l'habituelle accompagnatrice Madelaine Hart, il fallait y penser. Personne d'autres n'aurait eu l'idée. " The Night Chancers " ne bouleverse pas la donne. On est en terrain connu. On retrouve le même côté crooner décalé à l'accent cockney traînant, les mêmes mélodies accrocheuses, le même son direct et efficace, plus travaillé qu'il n'y paraît avec la présence de quelques cordes, la même concision - 10 morceaux, à peine 30 minutes en tout -, les mêmes choeurs féminins apportant la touche délicate et raffinée. On pense donc toujours à Gainsbourg, en dandy un peu branleur mais talentueux. Après la déception amoureuse de " Prince of Tears ", Dury est reparti au front, pas toujours très subtilement, comme dans le clip

Porridge Radio - Every Bad

Après la douceur et la quiétude des Saxophones, il fallait bien durcir le ton. On sait que ça ne va  pas être une partie de plaisir, de se retrouver interné malgré soi. On n'est pas fou mais on pourrait le devenir, d'autant que dehors, le soleil absent depuis de nombreux mois, arrive juste à point nommé pour nous narguer. " Every bad ", c'est noir, mais on sait que ça ne sera pas simple. Porridge Radio, avec un nom pareil, ne pouvait nous venir que de l'autre côté de la Manche, qui plus est de la station balnéaire de Brighton. Pas forcément l'endroit le plus propice aux crises existentielles. On sait encore plus aujourd'hui qu'il est toujours plus agréable d'être coincé près de la mer. Dana Margolin est la principale artisan de la musique de Porridge Radio. Si ce disque ressemble à son cerveau, on pourrait se poser des questions sur l'état mental de la jeune femme. Chaque titre ou presque joue aux montagnes russes, pour nous surprendre s

The Saxophones - Eternity Bay

Nous voilà tous confinés, contraints de rester à domicile, pour lutter contre un maudit virus. Tous ensemble mais tous séparés. L'occasion de s'occuper différemment : de lire, regarder des séries, des films, et puis d'écouter encore plus de musique. Les Saxophones. Ce couple américain à la scène, comme à la ville. Lui, Alexi Erenkov, a des origines russes mais il est impossible de l'entendre dans sa musique. On pourrait penser à l'excellente série " The Americans " qui narre l'histoire d'un couple d'espions russes infiltrés dans une paisible bourgade américaine. Ils ont deux enfants et ressemblent de l'extérieur au modèle de la parfaite famille à l'américaine. On se demande, tout au long des 6 saisons qui montent crescendo, quand leur voisin, agent du FBI, découvrira le pot aux roses. Mais les Saxophones ne sont pas du genre à tricher, même si l'instrument leur servant de nom - Erenkov a beaucoup pratiqué le saxophone étant jeune

Grimm Grimm - Ginormous

Découverte l'année dernière en première partie de Cate Le Bon , nouvelle reine de l'indie rock, la musique de Grimm Grimm m'avait pour le moins intrigué. " Ginormous " est déjà son troisième album et il est excellent. On pense à l'improbable croisement entre Baby Bird (le premier titre surtout) et ... on ne sait pas trop, tellement d'artistes qu'on aime, en fait. Derrière ce pseudo inspiré des frères Grimm, se cache un Japonais, Koichi Yamanoha, installé à Londres depuis quelques années. Un titre (" Kyowa Amenohidesu ") est d'ailleurs entièrement chanté dans sa langue natale. De jolis petits contes pour enfants, voilà à quoi ressemblent ces petites miniatures pop lo-fi. Sauf que derrière les apparences (comme pour les frères Grimm), tout n'est pas si rose. " I always wanted to write an album that sounds as a wedding and a funeral at the same time " dit-il en parlant de son dernier album justement.  Si le chanteur bido

Baden Baden - La Maroquinerie, Paris - le 27 février 2020

Mars approchait, il était temps de faire notre premier concert de l'année. 2019 avait été pour nous une année riche dans le domaine , un excellent millésime . Pour cette première sortie de musique live de 2020, on s'était volontairement limité au groupe principal, pas de première partie donc, tant pis pour Fonzie . Nous sommes arrivés juste pour 21h, horaire prévue du début des festivités. Baden Baden, ce groupe parisien au nom de ville thermale allemande. Ce groupe qui n'a que 3 disques au compteur en plus de 10 ans d'existence. Leur dernière tournée remonte à 2015 pour leur précédent disque, " Mille éclairs ". Une éternité. D'autant que Baden Baden n'est pas le genre de formations à multiplier les dates et les festivals. La scène n'est pas naturelle pour eux. Ils doivent se forcer, vaincre leur timidité. La musique est quelque chose qu'ils conçoivent d'abord en studio, qu'ils peaufinent. Parce qu'ils peuvent prendre leur temps.