Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : "Push The Sky Away" en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique "Where The Wild Roses Grow" en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime "The Mercy Seat" par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influence, l'aura progressive qui entourent les magnifiques prestations scéniques de Nick Cave et de ses Bad Seeds dépassant désormais largement le cadre du rock indépendant et des fans de la première heure. Peu sont effectivement capables aujourd'hui de souffler en live le chaud et le froid avec une telle dextérité, tout en gardant une maîtrise absolue de son art. Certaines mauvaises langues diront aussi que c'est depuis que la musique de l'Australien s'est adoucie, qu'elle n'a plus rien de punk et de gothique, qu'elle s'est faite nettement plus accessible. Sans doute. D'autres mal intentionnés diront que la tragique mort accidentelle de son fils Arthur à l'âge de 15 ans a aussi permis de rendre l'univers de l'artiste moins hermétique au monde extérieur. Mais il y a aussi ce site, The Red Hand Files sur lequel Nick Cave échange directement avec ses admirateurs, créant une proximité inédite. Enfin, il y a toutes ses chansons qu'on peut écouter dans les bandes originales de films ou de séries. On retiendra surtout "Red Right Hand" comme générique de "Peaky Blinders".
Tout ça pour dire que je ne serai pas le seul à chroniquer ce nouvel album, loin s'en faut. Chacun de ses nouveaux disques est maintenant un événement, capable par exemple de mettre un temps en arrière-plan le retour ultra juteux des pénibles frères Gallagher. Si j'avais été quelque peu rebuté par "Skeleton Tree" et "Ghosteen", sortis peu de temps après la mort de son fils et qui enrobaient trop d'émotions à fleur de peau, j'avais raccroché les wagons sur "Carnage" avec son complice de longue date et désormais inséparable Warren Ellis, sans les autres mauvaises graines. "Wild God" revoit le groupe au complet, pour une musique en apparence plus apaisée, directe et simple : un gospel pour évacuer définitivement les mauvaises pensées, pour se purifier. Pour crier que le chanteur est bel et bien revenu d'entre les morts, ses morts - un autre fils et Anita Lane, ancienne compagne de route et de vie à laquelle il dédie ici "O Wow O Wow (How Beautiful She Is)". Si les messes pouvaient ressembler à cet album, il y aurait assurément plus de monde dans les églises.
Salut
RépondreSupprimerPour ma part j'adore Ghosteen, même si effectivement on peut penser qu'il surfe trop sur les émotions. Mais quel album !
Ce dernier opus, wild gold, est tout à fait correct. De toute façon le type pourrait sortir à peu prêt n'importe quoi que ce serait bien ! Je rêve de le voir en concert, même si j'ai peur d'être décu.