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Articles

Affichage des articles du juin, 2015

Unknown Mortal Orchestra - Multi-Love

Unknown Mortal Orchestra enfonce le clou avec ce " Multi-Love " qui est sans doute à ce jour leur meilleur album. Les basses sont omniprésentes et finissent par tout emporter sur leur passage, telles des lames de fond. La production, surtout, a gagné en profondeur. Leur premier disque contenait quelques très belles chansons comme " Ffunny Frends " mais le son était mal assuré, un brin brouillon. Sur le suivant, il y avait bien quelques merveilles comme " Swim and Sleep (Like a Shark) " mais la qualité ne se maintenait pas sur la longueur et puis surtout, le son restait cadenassé. " Multi-Love ", c'est un son en trois dimensions, qui prend tout l'espace et un groupe qui trouve enfin sa place. Unknown Mortal Orchestra devient une formation référence du rock indépendant actuel, assumant pleinement son côté sexy, groovy, enrobant. La musique de Ruban Nielson, l'homme à tout faire du groupe, est originale : elle réussit à réconcilier

FFS, Les Innocents, Benjamin Biolay, ALA.NI - Paris, Studio 104, Maison de la Radio - 21 juin 2015

Celle-là, je ne croyais pas pouvoir y assister. Il faut dire que j'ai dû en jouer du clic pour parvenir à avoir les précieux sésames. Ceux qui donnaient le privilège d'aller voir gratuitement dans le cadre de la Fête de la Musique les Innocents, FFS (Franz Ferdinand et les Sparks) ou Benjamin Biolay. Une bien belle affiche qui a donc logiquement attiré son lot d'afficionados. Ils étaient nombreux à faire la queue dehors dans l'espoir de désistements. Pas sûr que ceux-ci aient été récompensés. Comme la soirée était entièrement retransmise en direct à la radio, l'ordre des concerts était inhabituel : interdiction de commencer par les moins connus ou les plus calmes de peur de perdre tout de suite les auditeurs. Rien de tel donc que de débuter par les désormais deux Innocents, JP Nataf et Jean-Christophe Urbain, leurs deux seules guitares en bandoulière et leur liste de tubes longue comme le bras, de " L'autre Finistère " à " Colore " en pass

Alexandre Delano - Eau

Quand Jean-Louis Murat veut bien s'ouvrir aux autres, il produit de petits miracles. Son disque " A Bird On A Poire " réalisé à plusieurs avec Jennifer Charles et Fred Jimenez était un bijou de fantaisie pop aux accents délicieusement sixties. Son dernier album en date avec ses voisins de The Delano Orchestra est un de ses meilleurs. On y entend les somptueux arrangements d'un certain Alexandre Delano. Jusque là, le monsieur chantait uniquement en anglais avec son groupe. Murat l'a poussé à s'exprimer enfin dans la langue de Molière et c'est ce qui pouvait lui (nous) arriver de mieux. Ce premier disque solo est une belle réussite. Même si le chanteur n'a pas une voix renversante, il l'utilise à merveille, y invitant régulièrement une camarade de jeu, en l'occurrence sa compagne, Emilie, histoire d'inciter une plus grande harmonie. Le son est d'abord chaud, chaleureux (" Pénélope "), puis se fait par moments plus rugueux (&q

Top albums 1978

En 1978, on est en plein ce qu'on a appelé le post punk. Le punk étant par essence éphémère, il ne connut son heure de gloire que sur la seule année 1977 ou presque. Howard Devoto, l'ayant compris avant tout le monde, délaisse les Buzzcocks, un des fers de lance du mouvement, pour monter Magazine, qui anticipera la new wave, même si un disque comme " Real Life " reste aujourd'hui toujours aussi unique en son genre. Il est en tout cas mon album préféré de ce millésime. Derrière l'appellation post punk, se cachent des albums qui n'ont rien à voir, par exemple les hurluberlus de Devo, sorte d'equivalents débiles des Talking Heads. Pas chien, Brian Eno produira aussi bien les 2 groupes, pour 2 disques importants de 1978. Les anglais de Wire ou les américains de Pere Ubu peuvent s'enorgueillir du titre de formations cultes du post punk. Les premiers pour leur vision hétéroclite et très carré du punk, les seconds pour l'aspect plus expérimental

Ron Sexsmith (+ Sam Palladio) - Paris, le New Morning - 15 juin 2015

C'est la première fois qu'on allait, maman et moi, au New Morning, cette célèbre salle parisienne habituellement dédiée au jazz. Il faut dire que ce n'est pas trop le style de la maison. Comme la première partie de la soirée. Sam Palladio , un anglais, plutôt beau gosse et propre sur lui, qui chante (plutôt bien), seul sur scène avec sa guitare en bandoulière. Chaque chanson est replacée en préambule dans son contexte : une pour son grand-père, l'autre pour sa "môman", etc. Un bon gars qui joue une sorte de Bruce Sprinsgteen soft. L'ambiance est tranquille, pépère même. On est parmi les plus jeunes. Sans adhérer pleinement à la prestation, il faut avouer que cela fait du bien parfois, d'écouter de la musique sans se faire prendre en otage ses oreilles. On enchaîne donc rapidement sur la star d'un soir : le joufflu canadien Ron Sexsmith - qui s'est même laissé pousser un double menton. Cela faisait tellement longtemps que j'avais envie

Daniel Knox - Daniel Knox

Attention, prière d'écouter ce disque dans le noir, seul ou à deux, et surtout dans le silence le plus absolu. Car cette musique réclame de l'attention, de s'y imprégner pleinement sous peine de passer à côté de son haut pouvoir émotif. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas entendu une telle voix. Le genre de voix qui pourrait chanter le bottin et vous foutre malgré tout les larmes aux yeux. Daniel Knox, à ne pas confondre avec Chris Knox, le Néo-Zélandais dont l'univers musical foutraque et lo-fi est presque à l'opposé - est américain, a un physique de bûcheron - c'est lui, dessiné sur la pochette de l'album - et donc un coffre hors norme. Ce disque est son troisième. Il a aussi déjà travaillé avec David Lynch sur la bande originale de " Inland Empire " et Jarvis Cocker - excusez du peu. On pense évidemment à Scott Walker (en plus dépouillé), celui de la fin des années 60, quand sa musique s'adressait encore au commun des mort

Les Innocents - Mandarine

Les Innocents font partie de ces très rares formations (y en a-t-il d'autres ?) apparues en France dans les années 80 et qu'on n'a pas honte d'écouter encore aujourd'hui. Leur musique s'est même bonifiée avec le temps : que de chemin parcouru depuis " Jodie " sortie en 1987 ! Mais bon, d'autres groupes plus illustres ont commencé avec des choses dispensables et nettement plus embarrassantes, alors, on ne leur en tient pas rigueur. Au contraire, on s'en sent d'autant plus proches qu'ils ont grandi en même temps que nous. Les Innocents n'avaient pas donné de nouvelles discographiques depuis plus d'une décennie. Mais on devinait depuis quelques temps que cela n'allait pas durer. Les deux leaders JC Urbain et JP Nataf s'étaient réunis à plusieurs reprises en concert. D'ailleurs, on se demande bien ce que sont devenus les autres membres. Ce sont les deux compères qui s'affichent seuls sur la pochette, contrairement

FFS - FFS

C'est la rencontre improbable de deux formations autrefois brillantes et désormais en bout de course. Les premiers, les frères Maël, alias les Sparks, officient depuis plus de quarante ans. Ils ont connu leur heure de gloire dès leurs débuts avec une paire de disques flamboyants, les toujours impeccables " Kimono My House " et " Propaganda " (et un degré moindre pour " Indiscreet "). Ensuite, il y a bien eu un regain de forme lors de leur période disco avec la collaboration du maître du genre, Gorgio Moroder, qui culminera avec leur plus grand tube en France, " When I'm With You " - Bon ok, c'est sans compter aussi le duo avec les Rita Mitsouko, " Singing in the shower ". Depuis, les frères peinent à séduire vraiment, malgré des prestations live qui, paraît-il, tiennent encore la route. Les seconds ont cassé la baraque en 2004 avec un premier album et single (" Take me out ") dévastateurs. Depuis, les Ecossais

Flavien Berger - Léviathan

Décidément, je retrouve goût aux nouveautés en ce moment, ça doit être lié à l'arrivée des beaux jours... Après les américains de Algiers, voici un autre nouveau son mais cette fois-ci en provenance de chez nous. En effet, la musique de Flavien Berger ne ressemble à rien de connu. Esthète du son, à la manière d'une Emilie Simon (en plus fun), ce premier disque serait la rencontre idéale entre l'univers décalé d'un Sébastien Tellier et celui plus cérébral de Kraftwerk, réussissant l'exploit de tirer le meilleur parti des deux. Les morceaux s'étirent souvent sur plus 5 minutes atteignant même sur le titre éponyme final les 15 minutes, mais jamais ils ne sont lassants.  Ils changent progressivement de directions, avancent toujours, mais en lévitation, et nous voilà, transportés, comme en apesanteur - il faut d'ailleurs regarder les très beaux clips associés qui viennent accentuer le sentiment de voyage. Flavien Berger voit son album comme une sorte de  jeu v

Algiers - Algiers

Chaque année, c'est le même dilemme : Route du Rock ou pas Route du Rock ? Et si oui, quel jour ? Oui, je ne me suis jamais résolu à enchaîner 3 jours de concerts d'affilée. C'est peut-être idiot mais je préfère la qualité à la quantité et j'ai l'impression que même une excellente programmation aurait raison, à force, de mon enthousiasme sur la durée. Cette année, plus que l'année précédente, le choix fut difficile. En 2014, il avait suffi d'un nom, Portishead, pour me convaincre. Cette fois-ci, il y a bien Timber Timbre - mon disque de l'année 2014 que je n'ai toujours pas vu en concert - mais entouré de bourrins notoires (Fuzz, Wand ou Girl Band) ou de groupes électros (Ratatat et Rone). Bref, j'hésitais à y aller pour si peu de temps. Puis, Algiers, un trio américain originaire d'Atlanta a aussi été annoncé parmi la programmation de la journée du 14 août et là, l'hésitation n'était plus de mise. La musique de ces nouveaux venus

Christopher Owens - Chrissybaby Forever

Il a surpris tout son monde avec ce nouvel album que personne n'avait vu venir. Christopher Owens, l'ancien chanteur de Girls revient donc aux affaires avec un troisième disque (en 3 ans!), " Chrissybaby Forever ", fait cette fois-ci à la maison. Et plus encore une surprise en terme de timing, c'est une surprise en terme de qualité. Jusque là, je trouvais sa musique sympathique et agréable, sans plus. Pour moi, on n'en faisait trop sur son compte. Mais, un peu à l'image d'Ariel Pink (un autre branleur blond) en moins azimuté quand même, Christopher Owens pourrait remonter en flèche dans la liste de mes chanteurs préférés. Ce disque ne paie, à priori, pas de mine et c'est aussi ce qui fait son charme : des mélodies pop qui trottent gentiment dans la tête, un côté kitsch assumé, arrangements et textes compris, et une vénération toujours plus forte envers Lawrence, l'ancien leader de Felt (le titre " Me Oh My " aurait pu être écrit pa