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Articles

Affichage des articles du 2024

Dehd (+ Desert Liminal) - La Maroquinerie, Paris - le 9 juillet 2024

  Et oui, on en a même raté la demi-finale de l'euro 2024 entre la France et l'Espagne ! Au vu des précédentes prestations des bleus, on se doutait quand même qu'on n'allait pas manquer grand chose. Il faut dire que quand j'ai réservé les places pour ce concert, la France devait logiquement terminer première de son groupe et donc jouer le lendemain, le 10 juillet. A l'heure où la compétition a rendu son verdict en venant célébrer logiquement la meilleure formation, il était temps pour moi de revenir sur cette soirée estivale. Elle avait lieu à la Maroquinerie. En première partie, nous eûmes droit à Desert Liminal trio originaire de Detroit comme Dehd. Et force est d'avouer que nous nous sommes rapidement ennuyés : une musique sans relief, sans originalité et sans accroche. Ensuite, et là pour le coup, ce n'était pas commun, un magicien sans doute lui aussi en provenance de Detroit, débarqua pour deux tours de magie interactifs. J'avoue que je n'

Big Special - Postindustrial Hometown Blues

  Il m'a fallu un peu de temps pour retrouver un disque, une nouveauté, qui me tape vraiment dans les oreilles. La période estivale n'est pas forcément propice, c'est souvent une saison de disette culturelle. Il faut alors se replonger dans les mois précédents, partir à la recherche des trucs qu'on aurait raté. Le duo Big Special en fait évidemment partie. Pour situer leur musique, elle se situe, quelque part, à égale distance de Idles et de Sleaford Mods. Pas étonnant qu'ils aient donc fait la première partie des seconds. Le message est bien sûr politique, ça scande, ça éructe, ça braille, mais ça chante aussi parfois vraiment, comme sur le poignant " This Here Ain't Water ". La musique bastonne, dans un style post-punk et gros synthés cradingues. Il paraît que sur scène, c'est excellent. Dommage, je viens de les rater alors qu'ils passaient près de chez moi, dans le festival Block Party , premier vrai festival parisien de rock indépendant lan

Walt Disco - The Warping

Ceux qui n'aiment pas la grandiloquence passeront rapidement leur chemin. Walt Disco est le genre de formation qui ne laisse pas indifférent et c'est tant mieux. Les membres du groupe s'annoncent comme queers et non genrés. " The Warping " est le second de ces écossais - j'étais complètement passé à côté du premier. Leur nom annonce aussi la couleur : de la disco avec les oreilles de Mickey. Plus sérieusement, leur style fait tout de suite penser aux Sparks, aux Associates (ils ont repris " Club Country ") mais avec une voix plus grave aux accents parfois proches d'un Jarvis Cocker ou d'un Scott Walker. Les chansons sont aussi passées par le studio de Phil Manzanera, le guitariste de Roxy Music, autre influence évidente. Mais on pourrait aussi les affilier à la plus regrettable vague néo-romantique des années 80 (Duran Duran, Ultravox, etc). La différence c'est qu'ils y insufflent un son plus moderne, plus riche, plus arrangé.  Les ti

Bibi Club - Feu de garde

D'abord, il y a ce nom de groupe, pas très sérieux. Un duo, masculin-féminin, comme beaucoup d'autres. Il y a cette musique, ensuite, pop, mélancolique et pourtant lumineuse, d'apparence simple et belle, plus complexe qu'il n'y paraît. Ces chansons aux trois minutes moyennes de rigueur. Enfin, il y a ces paroles mi-française, mi-anglaise. Un style entre les regrettés Holden et les revenants Blonde Redhead dont ils ont d'ailleurs fait la première partie aux Etats-Unis. On tient là une bien belle surprise en provenance de Montréal. " Feu de garde " est leur deuxième album et la formation commence à faire parler d'elle par chez nous avec quelques belles critiques notamment chez Télérama ou Les Inrocks. La chanteuse Adèle Trottier-Rivard est une ancienne membre d'un groupe scout féminin canadien, Les Guides. Les thèmes employés ici y font irrémédiablement penser : la nature (" nous sommes très loin de la ville "), l'amitié (" la

The Lemon Twigs - A Dream Is All We Know

Ça paraît incroyable mais je n'ai jamais parlé ici encore des frangins d'Addario. " A dream is all we know " est déjà leur cinquième disque alors qu'ils n'ont que 25 et 27 ans, ayant commencé il y a près de 10 ans, preuve de leur précocité hors norme. Je les suis pourtant depuis leurs débuts, mais je les trouvais uniquement comme de simples copieurs aussi doués soient-ils. Après avoir singé les années 70 sur trois albums plus d'époque que nature, ils ont signé sur le label de hipsters New-yorkais Capture Tracks pour remonter un poil le temps et s'attaquer à la décennie précédente. Ce n'est pas que je préfère les années 60 - encore que - mais ce dernier disque me parle enfin vraiment, plus que le précédent, avec ses allures de chants de boys scouts chantant au coin du feu, trop inspiré par Simon and Garfunkel, " Everything Harmony ".  " A dream is all I know ", ce sont les Beach Boys, les Beatles, les Byrds, les divines mélodies

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Beth Gibbons (+ Bill Ryder-Jones) - Salle Pleyel, Paris - le 27 mai 2024

Ça y est, je vous parle enfin du concert, celui du retour presque inespéré de la divine Beth Gibbons. Avant ça, nous avons eu droit à celui de Bill Ryder-Jones - encore lui, dira maman - seulement accompagné d'une violoncelliste sur la grande scène de la salle Pleyel. Les chansons sont réduites à leur plus simple expression ou presque, se ressemblant toutes, d'autant que le chanteur n'est pas connu pour avoir une grande voix, pour être un grand interprète. Pourtant, je persiste et signe pour dire que " lechyd Da " est et sera un des meilleurs disques de 2024 mais que cette musique est faite pour être jouée par un orchestre plus conséquent. L'ancien guitariste de The Coral semble impressionné par le lieu, à l'acoustique assez exceptionnelle, où la moindre fausse note, surtout à deux, s'entend et raisonne immédiatement. Mais ce n'est qu'une entrée en matière calme avant la tempête émotionnelle qui arrive. La chanteuse de Portishead - le groupe e

Fat White Family - Forgiveness Is Yours

Pendant que les plus chanceux - dont je faisais partie, j'en parlerais très bientôt - des amateurs de rock indépendant parisiens allaient tous à la grand messe de retour de la discrète prêtresse Beth Gibbons à la salle Pleyel, les autres se rabattaient sur le concert des frappadingues de Fat White Family à la Cigale. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'assister à une de leurs prestations mais ce groupe est connu pour ses lives déments où presque tout semble pouvoir se produire. A défaut de pouvoir le vérifier, je vais donc continuer à parler de leur production discographique avec le dernier album en date, le dénommé " Forgiveness is yours ", plus maîtrisé et plus varié que jamais. Ceux qui croyaient - comme moi, j'avoue - que Fat White Family était juste un énième groupe de petits branleurs anglais bas du front sans talent particulier dont la carrière n'allait pas faire long feu, se sont bien trompés. On ne compte aussi plus les groupes parallèles (Inse

DEHD - Poetry

J'avais flashé sur DEHD - raccourci de Dead Eagles, Heavy Dreams, les précédentes formations des deux leaders Jason Balla et Emily Kempf - en 2019 sur la foi d'un clip complètement déjanté, " Lucky " et de son principal protagoniste, le flamboyant et hautement barré Alex Grelle, acteur de la plupart des réjouissantes vidéos du groupe. La chanson est de celles qui vous trottent immédiatement dans la tête, d'une efficacité remarquable. Et puis, le trio de Chicago a enchaîné avec d'autres disques, pas déplaisants mais dans lesquels je ne retrouvais pas la même fraîcheur. " Poetry ", déjà cinquième album de DEHD, est donc arrivé sans crier gare, en catimini. La formation est restée cantonnée à ce qu'elle sait faire : ces petites chansons pop courtes, bancales, aux mélodies souvent irrésistibles, mélange de quantités d'influences.  Pourvu que ça sonne et tant pis si c'est parfois kitsch. Sans renouveler ce qui est devenue leur marque de fabriq

Beth Gibbons - Lives Outgrown

Si on ne sait jamais quand - le dernier vrai album studio date de 2002, une éternité ! - on sait que la qualité sera forcément au rendez-vous. " Lives Outgrown " est une merveille et c'est une évidence que de le dire. On s'en doutait avant même de l'écouter. S'il fallait encore s'en persuader, les quelques morceaux jetés sur la toile avant sa sortie achevèrent de le faire. " Floating On A Moment " nous rappelle combien la voix de la chanteuse est un aimant à chaire de poule, même si son disque live où elle chantait la 3eme symphonie de Gorecki avait pu nous montrer les limites de ses capacités vocales. Beth Gibbons est une chanteuse de l'intime, elle n'est pas faite pour les foules, la grandiloquence, l'emphase, à l'image de sa discrétion et de sa timidité. Elle n'a pas son pareil pour nous toucher car on a cette irréfutable impression qu'elle chante uniquement pour nous, personnellement, venant nous susurrer ses chansons

The English Teacher - This Could Be Texas

Un groupe qui s'appelle English Teacher, il m'était presque impossible de ne pas en parler. Bah oui, c'est le métier de maman... Mais trêve de plaisanterie, le premier album de ce nouveau groupe britannique mérite évidemment bien mieux que ce clin d'oeil personnel. Mais pourquoi nommer son disque " This could be Texas " alors que toutes les influences semblent venir d'outre-Manche ? On y entend un peu de quelques nouveaux groupes récents : beaucoup de Black Country, New Road pour ses constants changements de rythmes et pour ses arrangements soignés (" Mastermind Specialism " et la plus évidente " This Could be Texas "), un peu de Dry Cleaning pour ce chanté-parlé un poil nonchalant et ses guitares acérées (" I'm not crying, you're crying ", " R'n'B "). Ça fait déjà un moment qu'English Teacher font parler d'eux - ils étaient chez nous, à la Route du Rock hiver 2022 - sortant régulièrement des

Vampire Weekend - Only God Was Above Us

Je profite cette fois des jours fériés et ponts du mois de mai pour rattraper mon retard de nouveautés. Vampire Weekend ? Voilà un groupe de pop qui fait une unanimité quasi générale, toute génération confondue. Parce que leur musique est lisse, sans danger, les mélodies sont faciles à retenir. Et on pourrait s'arrêter là, Ezra Koenig est aussi agaçant avec son physique de gendre parfait. Mais ce n'est pas si simple. Une fois n'est pas coutume, je vais parler d'actualités et de la guerre Israélo-Palestinienne, sujet glissant s'il en est. Les membres de Vampire Weekend sont des juifs New-Yorkais, leur précédent " Father of the Bride " parlait en sous-texte de la question actuelle de judéité. Sous ses abords polis et faciles, les textes de Koenig cachent en réalité plusieurs niveaux de lecture, en témoigne cet article . On y voit un juif questionnant la pertinence du mouvement sioniste, réflexion vite taxée chez nous d'antisémitisme, comme ici . Comment

Jessica Pratt - Here in the Pitch

Je vous avoue que j'ai un peu perdu le rythme ces derniers temps. Je me passionne moins pour les nouveautés et même pour la musique en général. Ça m'arrive parfois. Du coup, je suis moins régulier dans mes posts. Et je sais que ça me fait perdre les quelques rares lecteurs que je peux encore avoir. Car sur les réseaux sociaux et sur internet de manière globale et cela plus qu'ailleurs, il faut rester "visible" et pour ce faire, il faut publier encore et encore. Je préfère écrire quand l'envie me vient réellement et pour le nouvel album de Jessica Pratt, c'est le cas. Impossible de rester de marbre à son écoute. " Here in the Pitch " est son quatrième disque et plus ça va, plus sa musique se rapproche de l'épure totale. Impossible de connaître l'époque de ces chansons-là. Elles ont une classe folle et la classe n'a pas d'époque. On pense au Nick Drake de " Pink Moon " avec le son de Phil Spector. Jessica Pratt ressemble à

Lime Garden (+ Ha The Unclear) - Le Hasard Ludique, Paris - le 27 avril 2024

  C'est mon groupe du moment : les néo zélandais de Ha The Unclear - merci à William Peel pour la découverte. En plus d'écouter leur premier album, le réjouissant " A Kingdom In A Cul-de-sac ", il me fallait voir la formation en concert pour savoir si en live, le rendu musical était aussi bon. Nous ne fûmes pas déçus avec maman :  ces gars dégagent un capital sympathie naturel. Leur musique est un tourbillon de fraîcheur. Et pour une fois, on se rend compte que nous sommes allés à un concert pour la première partie. Bien sûr, la prestation fut bien trop courte. On se dit qu'on retournera assurément les voir si l'occasion se représente. En tout cas, cela nous a permis de découvrir aussi la salle du Hasard Ludique - oui, je sais, c'est un peu la honte tellement la programmation du lieu correspond pourtant à la musique que j'écoute, temple notamment de l'indie pop avec le festival Paris Popfest mais isolé du reste de l'offre culturelle, aux limite

Ha The Unclear - A Kingdom In a Cul-de-sac

La Nouvelle Zélande est depuis le début des années 80, voire les années 70 avec Split Enz, le premier groupe des frères Finn qui connaîtront un succès plus large avec Crowded House, un repère pour une pop déglingos, rythmée et qui n'oublie pas d'être incroyablement mélodique. On se rappelle bien sûr du formidable Dunedin Sound, à The Chills, The Bats, The Clean ou Chris Knox. Depuis, c'est de manière plus dispersée que nous avons des nouvelles régulièrement enthousiasmantes de la petite île soeur de l'Australie : Connan Mockasin, Aldous Harding, Princess Chelsea ou Jonathan Bree. Malgré la diversité de styles, il y a une constante là-bas, souvent propre aux insulaires, celle de faire comme bon leur semble, en dépit des modes dont ils paraissent n'avoir cure. Et cette fraîcheur, on la sent encore plus qu'ailleurs chez Ha The Unclear - mais à quoi, peut donc bien faire référence cet étrange nom ? Ils me font un peu penser aux américains de The Spinto Band : mêmes

Jane Weaver - Love In Constant Spectacle

  Voilà une artiste discrète que je découvre sur le tard. Jane Weaver a commencé à faire parler d'elle au mitan des années 90, en pleine période britpop avec une obscure formation du nom de Kill Laura. Son mari, Andy Votel, est un ami de Badly Drawn Boy qu'il a largement contribué à faire connaître, produisant le premier EP de ce dernier en 1996. Tous les deux étaient aussi les fondateurs de feu le label Twisted Nerve Records. " Love in Constant Spectacle " est le douzième album solo de Weaver et vu le peu de connaissance de la carrière de la dame que je peux avoir, loin de moi l'envie de dire qu'il s'agit de son meilleur - certains, de toute façon, le font pour moi. Ça n'empêche qu'on tient là un disque épatant dont les influences font irrémédiablement penser à Broadcast ou plus récemment à Cate Le Bon, une pop psychédélique, douce, apaisante et divinement bien arrangée.  Quand on sait en plus que la production a été confiée à John Parish, compagn

Bill Ryder-Jones - La Maroquinerie, Paris - le 28 mars 2024

  Jeudi dernier, nous sommes allés voir en concert Bill Ryder-Jones, ancien guitariste d'un des meilleurs groupes de pop de ces vingt dernières années, The Coral. Le monsieur est quant à lui, responsable de ce qui devrait être l'un des meilleurs disques du genre en 2024. Je l'ai déjà dit mais " Lechyd Da " est magnifique, de bout en bout. Pourtant, sa musique n'a pas grand chose à voir avec celle de son ancien groupe, elle est plus triste, contemplative. La faute, à ce frère, Daniel, qu'il a perdu, tombé d'une falaise, il y a plusieurs années et dont il a du mal à se remettre. En tout cas, le chanteur avoue lui-même que son nouvel album est celui dont il est le plus fier, avec " A Bad Wind Blows in my Heart " sorti en 2013, rejetant quelque peu " West Kirby County Primary " et " Yawn " parus entre deux. D'ailleurs, il ne joua aucun titre de ce dernier. La première partie fut assurée par une jeune liverpudlienne, Pet Sn

Little Rock Story - Bobino, Paris - le 24 mars 2024

C'est grâce à l'ami de Merseyside que nous sommes allés en famille un dimanche après-midi à Bobino assister à un concert rock. Mais pas n'importe quel concert : celui-ci est indiqué à partir de 6 ans et il raconte en à peine plus d'une heure l'histoire du rock. Belle ambition portée par un groupe de musiciens aguerris, du blues des noirs américains dans les plantations du Sud à des titres plus récents comme le célèbre " Seven Nation Army " - même si le tube des White Stripes a plus de vingt ans au compteur - malheureusement transformé depuis plusieurs années en hymne pour stades, beuglé en choeur par des troupes de décérébrés. Le groupe maîtrise en tout cas ses classiques, de Elvis aux Beatles, en passant par Hendrix, AC/DC, Metallica, le Clash, etc. Tout est impeccablement joué. Bien sûr, il y a de nombreux oublis et certains difficilement pardonnables (Radiohead, Pink Floyd, Dylan ainsi que tout le rock indépendant au sens large). Le punk est aussi bala

Royel Otis - Pratts and Pain

Voilà un groupe de jeunes hommes plutôt malins, là où le style indie-pop n'est plus vraiment à la mode - l'a-t-il déjà été ? - , ils ont malgré tout réussi à faire parler d'eux. D'abord en figurant dans la bande son du célèbre jeu vidéo Fifa 2024, imparable tremplin pour se faire connaître, avec leur assez irrésistible " Going Kokomo ". Ensuite en reprenant " Murder on the dance floor " de Sophie Ellis Bextor sur les réseaux sociaux - au passage, je me suis rendu compte que la très belle anglaise n'était autre que la chanteuse de theaudience, groupe de britpop assez inoffensive comme la carrière de la demoiselle mais dont le titre " I know enough " fait encore son petit effet aujourd'hui. La vidéo connait un beau succès, suffisamment pour remettre au goût du jour le tube pop pour les plus jeunes générations - oui, le titre a déjà 23 ans. Le nom de Royel Otis vient simplement des prénoms des deux principaux membres du groupe australi

Dombrance - Le Trianon, Paris - 15 mars 2024

Dis donc, ça faisait longtemps déjà qu'on n'avait pas traîné nos guêtres dans une salle de concert. Celui de Bertrand Lacombe, alias Dombrance était l'occasion rêvée de renouer avec ce petit plaisir personnel. Dombrance, c'est notre Kraftwerk à nous, toute proportion gardée. Les allemands ont abordé différents thèmes lors de leurs albums respectifs - souvent liés au progrès au sens large - mais jamais la politique et encore moins la 5eme république française, ce qu'on peut aisément comprendre. Le sujet n'est pas le genre à déchaîner les foules. Pourtant, il suffit d'y adjoindre une mélodie électro un peu dansante, quelques images d'archives savamment choisies et une bonne dose d'humour pince sans rire pour embarquer une salle parisienne un poil feutrée comme Le Trianon. L'artiste fait même ça en famille invitant une de ses filles à chanter sur " Nicolas Sarkozy " affublée d'une moustache, signe distinctif familial - on imagine déjà

Yard Act - Where's My Utopia ?

  Décidément, ce groupe est étonnant. Après un premier album bien dans la mouvance post-punk de beaucoup de jeunes formations anglaises actuelles mais avec ce côté décalé bienvenu en plus, voilà Yard Act de retour avec une deuxième livraison assez éloignée dans le style, pas vraiment dans l'esprit. " Where's my Utopia? " flirte allégrement avec le disco même s'il est largement inspiré des années 90, rappelant le Beck de " Odelay ". Il embrasse les influences tout azimut, avec la présence régulière de cordes et Rémi Kabaka Jr, le producteur de Gorillaz aux manettes. Entre deux, ils avaient publié l'énorme single " The Trench Coat Museum " et sa rythmique dantesque - malheureusement, non présent ici. S'il reste une constante parmi toutes ces directions prises, c'est le chanté-parlé de James Smith, leader à l'improbable gouaille, quelque part entre Jarvis Cocker (" The Undertow ") et Jason Williamson, chanteur des Sleador

Astrel K - The Foreign Department

  Décidément, j'avais trop mésestimé le talent de Rhys Edwards, leader d'Ulrika Spacek et dont le dernier album est remarquable d'inventivité. La formation mérite bien mieux que le statut de sous-Deerhunter anglais dont je les affublais volontiers. Voici leur chanteur en solo avec ce drôle de pseudo, Astrel K pour un deuxième disque alors que j'étais complètement passé à côté du premier sorti il y a deux ans et paru sur le label de Stereolab - un gage de qualité pourtant. Celui-ci s'appelle " The Foreign Department ", en référence au statut d'expatrié du monsieur, anglais vivant depuis quelques années à Stockholm et plus qu'une surprise, c'est une révélation. En plus d'un rock tout en rupture de rythmes, apanage de son groupe, il est aussi capable de sonorités plus légères voire sucrés (le lumineux " By Depol ") avec de jolies melodies qui font immédiatement leur effet (la fin de " Brighter Spells ", le début de " R

MGMT - Loss of Life

Mais qu'est-il arrivé au duo américain pop le plus doué de sa génération ? Après nous avoir emballé avec leurs deux premiers disques qui portaient admirablement bien leurs noms : le premier " Oracular Spectacular " rempli à ras bord de tubes en puissance, en tête desquels figurent les éternels " Time To Pretend " et " Kids " et le second, " Congratulations ", chef d'oeuvre incontestable du groupe et pourtant injustement sous-estimé, ils semblent avoir du mal à se renouveler. Après un troisième album éponyme volontairement barré, bancal où le duo essayait souvent maladroitement de se renouveler, ils ont de nouveau rencontré le succès avec un " Little Dark Age " cette fois-ci beaucoup plus accessible - trop ? - avec une pop moins psychédélique aux sonorités très eigthies. Avec " Loss of Life ", ils reviennent un peu à leurs premiers amours, la plupart des morceaux auraient pu être composés du temps de " Congratulati

Gruff Rhys - Sadness Sets Me Free

Pas vraiment d'accalmie dans les sorties musicales mais déjà l'occasion pour moi d'un léger retour arrière sur un album paru il y a un mois : le dernier en date du prolifique gallois Gruff Rhys, ancien leader des Super Fury Animals. " Sadness sets me free " est un disque d'un classicisme intemporel, une pop joyeusement mélancolique, aux mélodies savamment arrangées avec cordes et cuivres à foison. Finis les bidouillages électroniques et le régulier foutoir qui ornaient les albums de son ancien groupe, Rhys, sûr de son art, n'en a gardé que l'essentiel, celui qui reste quand on s'est débarrassé de tout le superflu, celui qui se fout des modes. Bien lui en a pris car après près de trente-cinq ans de carrière, lui faisant essayé de nombreuses directions, il atteint ici son apogée artistique, en toute simplicité. Il aurait été dommage de laisser passer cette petite merveille pop parmi le choix pléthorique de nouveautés musicales.  D'autant que qui

Friko - Where we've been, Where we go from here

Il y a des albums parfois qui s'imposent aisément comme ça, dès la première écoute. Le premier disque de Friko, duo de Chicago - venant de la même scène locale que Horsegirl - en fait indéniablement partie. Pas de tergiversation possible, il y a un incroyable savoir-faire derrière cette musique-là, qui tourne même légèrement à la démonstration de force - écoutez comment on maîtrise parfaitement notre art, même si nous sommes jeunes. " Where we've been, Where we go from here " alterne les ambiances, en tant qu'adepte des montagnes russes, avec une dextérité naturelle, à l'image d'Arcade Fire sur leur chef d'oeuvre inaugural, " Funeral "; lâchant la bride sur quelques titres particulièrement dévastateurs (" Crimson To Chrome ", " Crashing Through ", " Chemical ", " Get Numb to It! "), la retenant au contraire sur de belles ballades plus en retenue (" Cardinal ", " For Ella ", " Un

Helado Negro - Phasor

Petit retard cette semaine pour ma chronique hebdomadaire en raison d'un weekend prolongé. L'occasion de me plonger plus longuement dans le nouveau disque d'Helado Negro, derrière lequel se cache un certain Roberto Carlos Lange, natif de Floride mais fils d'immigrés équatoriens. C'est loin d'être son premier essai puisque cela fait près de 15 ans qu'il publie régulièrement des albums et depuis 2019 environ que je le suis discrètement. Jusqu'ici, je n'avais pas pris le temps d'en parler sur ce blog. C'est dommage car force est d'avouer que le chanteur a un style à nulle autre pareil. Calme, apaisante, remplie de plein de petits sons surprenants, sa musique mérite qu'on s'y attarde. Au premier abord, elle ressemble à ces musiques d'ambiance qu'on entend sans vraiment écouter en soirée. C'est le genre de trucs qu'on met en fond sonore pour détendre l'atmosphère, sachant que la musique certes agréable ne prendra pa

Tapir! - The Pilgrim, Their God and The King Of My Decrepit Mountain

Il est déjà temps de faire une pause sur les sorties musicales du 26 janvier dernier car il faut avouer qu'il y avait pléthore de disques intéressants. Et pas tous attendus, comme ce premier album des drôles d'anglais de Tapir! Tellement pas attendus qu'ils sont déjà passés en concert à Paris (et à Dunkerque, décidément...) avant même que je m'en rende compte... Ils sont six et portent tous des masques de l'animal dont ils tiennent leur nom. Dans ce cas de figure, on s'attend généralement à une formation bien perchée avec la musique qui va bien avec. Cette fois-ci, que nenni, car on est en présence d'une musique folk plutôt classique dans la forme, avec des arrangements particulièrement soignés qui, d'emblée nous font dire qu'on tient là quelque chose de supérieur. C'est extrêmement précis, incroyablement maîtrisé. De la musique élitiste pour bobos diront les mauvaises langues, mais quand on aime, on s'en fout des mauvaises langues.  Pour sit

The Smile - Wall of Eyes

Comme PJ Harvey, un nouvel album de Thom Yorke est toujours pour moi un événement. Que cela soit en solo, avec Radiohead ou avec sa nouvelle entité The Smile qu'il forme avec l'inséparable Jonny Greenwood et Tom Skinner, le batteur de Sons of Kemet, sa musique reste passionnante, différente. Ce " Wall of Eyes " sorti finalement peu de temps après le précédent, " A Light For Attracting Attention " n'échappe pas à la règle et on sait qu'il nous faudra de multiples écoutes pour en déceler toutes les nuances, tous les recoins. Le travail sur le son reste impressionnant, chaque mélodie parfois simple est agrémentée de quantités de sonorités presque indistinctes mais qui font la grandeur de cette musique, sa patte inimitable. Et c'est peut-être le reproche qu'on peut faire à Thom Yorke et ses acolytes, d'avoir basculé petit à petit de morceaux accrocheurs vers des atmosphères plus vaporeuses, moins lisibles, qui peuvent au premier abord ennuyer