Ariel Pink est officiellement un artiste non recommandable. Depuis un triste 6 janvier 2021 où la démocratie américaine a été piétinée par plusieurs milliers de manifestants venus contester le résultat des élections présidentielles. En effet, pour eux, Donald Trump avait gagné. Ils ont dû patienter quatre ans d’un mandat démocrate sous pilote automatique pour avoir enfin gain de cause, de manière légale cette fois. Ariel Pink, lui, le freak, chantre de la pop lo-fi depuis de nombreuses années était de cette marche vers le Capitole avec son ami, le non moins barré John Maus. Ce fut une terrible révélation pour le petit milieu du rock indépendant, plutôt porté vers la gauche de l’échiquier politique. Comment Pink pouvait-il avoir des idées aussi nauséabondes et soutenir l’insoutenable ? Sa maison de disques décida rapidement de se débarrasser de l’encombrant chanteur. Depuis, ce dernier navigue encore plus à la marge, tout à coup ignoré de tous, "cancellé" comme on dit aujourd'hui. Alors que ses productions étaient habituellement encensées par la critique et le public idoines. Il y eut deux albums sous le pseudo Ariel Pink’s Darkside, puis cette année le voici à nouveau, sans son côté sombre, mais sans un changement de cap sur ses idées politiques malgré le regret de les avoir aussi ouvertement affichées en 2021. John Maus, lui, s’est excusé et dit s’est complètement planté à l’époque, s’éloignant donc de Pink. Quelques médias ont donc rapporté la sortie du nouveau disque de Maus.
Pour Pink, c’est toujours l’indifférence quasi générale. Rien en vu du côté de Pitchfork, qui avait largement participé à l’essor de sa carrière. Tout cela est bien dommage... Il faut séparer l’homme de l’artiste, diront certains. Pas sûr, je vous laisse quatre heures pour en débattre. "With you every night" est pourtant un excellent disque, dans la lignée de "Dedicaded to Bobby Jameson", élu album de l’année 2017 ici même. Je ne pouvais décemment pas passer sous silence une telle sortie malgré le passif du monsieur. Il reste des mystères inexpliqués : comment une telle musique peut-elle être l’oeuvre d’un partisan de l’horrible Donald Trump, négation même du beau ? Parfois, il ne faudrait pas savoir. Garder notre naïveté, notre innocence, nos espérances.


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