Accéder au contenu principal

Top albums 2016

10- King Creosote - Astronaut Meets Appleman
J'étais jusqu'à présent complètement passé à côté de la carrière de cet écossais pourtant éminemment productif (plus d'une trentaine d'albums à son actif). Cette pop est facilement identifiable. Elle s'installe dans une tradition anglo-saxonne, assez proche de celle des charmants The Leisure Society par exemple. "Astronaut meets the Appleman" est un de ces rares disques qui vous persuade que la pop d'outre Manche n'est pas morte. Un de ces rares disques qui vous ferait même apprécier le son de la cornemuse - enfin, presque, faut pas déconner quand même. Dans tous les cas, de la belle ouvrage.



9- David Bowie - Blackstar
Bien sûr, il y a un peu de mégalomanie à se considérer soi-même comme une étoile, ou se comparer à Lazare, l'homme revenu d'entre les morts. Mais quand c'est Bowie qui le dit, tout le monde trouve ça normal. L'artiste et sa carrière en imposent. Cet album est son dernier mot laissé au monde orphelin. Un dernier mot savamment préparé et orchestré, une semaine avant de tirer sa révérence. Pour de bon. Pour sûr qu'il nous accompagnera encore. Jusqu'au bout. Alors, oui, une étoile noire, Lazare, tout ce qu'il veut. Bowie est éternel.



8- Alex Cameron - Jumping The Shark
Découvert un peu par hasard, en première partie de Unknown Mortal Orchestra, l'australien m'a immédiatement intrigué puis séduit. Ce crooner kitsch et rétro impose un univers à nul autre pareil, fait de petits claviers synthétiques et de simples mélodies qui, mine de rien, vous trottent durablement dans la tête. Comme l'improbable rencontre entre Ariel Pink et Nick Cave. "Jumping the shark" est paru en 2014 de manière auto-produite mais ce n'est seulement qu'en 2016 qu'il a connu une sortie plus large. Délicieusement décalé, Alex Cameron est l'ovni de l'année.



7- The Avalanches - Wildflower
Contrairement à beaucoup, je n'attendais rien du second disque des australiens de The Avalanches, paru quinze ans après le désormais mythique "Since I Left You". La surprise n'en fut que plus agréable. Bien sûr, comme son prédécesseur, "Wildflower" est trop long, comporte trop de morceaux et a tendance à nous perdre un peu en cours de route, avant de nous ré-embarquer in extremis en fin de parcours. Car ce disque est une vraie montagne russe. Un disque joyeux, chamarré, déluré, qui n'a peur d'aucun carambolage des genres. Une musique qui a dû se tromper d'époque. Tant mieux.



6- Iggy Pop - Post Pop Depression
L'iguane a la peau dure. Lou et David sont désormais partis. Il reste donc l'ultime représentant d'un rock d'un autre temps, celui où le mot "rock" n'était pas encore galvaudé. "Post Pop Depression" est un retour aux sources, les meilleures de l'ancien chanteur des Stooges, celles de la fameuse année 1977, de "Lust for Life" et de "The Idiot", disques réalisés avec la collaboration de Bowie. Cette fois-ci, c'est Josh Homme, le leader des Queens of the Stone Age qui est aux manettes, pour un disque sobre, efficace et direct. Comme un inconscient et brillant hommage à son ami disparu. 



5- Radiohead - A Moon Shaped Pool

Non, Radiohead n'est pas mort. L'ex-meilleur groupe de rock au monde est de retour aux affaires. Ok, ce n'est plus révolutionnaire, mais "A Moon Shaped Pool" est leur meilleure production depuis leur chef d'oeuvre de 2007, "In Rainbows". Les titres n'ont plus l'évidence d'autrefois, les mélodies sont moins immédiates, reste l'impressionnant travail sur le son qui place une fois de plus le groupe d'Oxford bien au-dessus de la mêlée. Même moins percutante, la musique de Radiohead demeure un précieux refuge.


4- Tindersticks - The Waiting Room
Les Tindersticks vont de plus en plus vers l'épure. Vers l'essentiel. On peut le regretter par certains aspects. Mais "The Waiting Room" est un album d'une beauté troublante qui avance lentement et sûrement. La musique des Tindersticks est plus que jamais celle des fins de soirée, des afters, quand l'engouement est retombé, quand tout est joué, perdu ou gagné, seul ou à deux - de préférence à deux. Quand l'alcool distille encore ces effets. Une musique de chambre, qui prépare au sommeil en finissant par le somptueux "Like Only Lovers Can"... tout est dit. 


3- Chevalrex - Futurisme
Mon disque français de l'année. Haut la main. Chevalrex est le chef de file d'une pop made in France différente, en marge, faite avec les moyens du bord, mais érudite. Le label Objet Disque, c'est lui - on y trouve aussi les excellents Eddy Crampes et Rémi Parson. On entend sur "Futurisme", le meilleur de la musique d'ici, d'Arnaud Fleurent-Didier à Dominique A, le tout arrangé avec une impressionnante précision et concision. Si le futur ressemble à ce disque, tout n'est pas perdu.


2- Kevin Morby - Singing Saw
Longtemps, "Singing Saw" est resté pour moi dans l'ombre du dernier disque de Woods, l'ancienne formation de Kevin Morby. Parce que j'en voyais, à tort, qu'une copie  plus basique. Mais la musique de Morby, sous des abords plus répétitifs et évidents, n'en demeure pas moins inventive. Les références sont solides et admirablement bien digérées - le nouvellement nobélisé Dylan bien sûr. Et puis, tout ça a l'air d'être réalisé avec tellement de facilité. Un classique en puissance. 


1- Woods - City Sun Eater In The River Of Light
Je l'avais prédit : ces américains n'étaient qu'à un chouia de produire LEUR disque, celui qui fera date, celui qui restera encore plus que les autres. "City Sun Eater In The River Of Light" est un disque de folk intelligent, moderne, impeccablement arrangé, aux influences diverses et variées, tellement imbriquées qu'elles n'en sont plus perceptibles. Woods ou la politique de la liberté.

Commentaires

  1. D'accord pour le Bowie, le Iggy, le Woods, le Morby, le radiohead !
    J'ai pas autant accroché aux king créosote, tindersticks et Avalanches que toi mais ce sont de vrais bon disques.
    Par contre chevalrex, et Cameron ça m'a laissé de marbre, j'ai essayé pourtant (sur tes conseils). Je reconnais la qualité mais c'est pas mon truc.

    Joli top ! Bonne année à toi et merci pour tous ces beaux papier et ces découvertes :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ok, merci à toi de rester fidèle :-) Bowie, Iggy, Woods, Morby ou Radiohead, ce sont effectivement des valeurs sûres. Les autres ont sans doute des styles plus clivants. Chevalrex et Cameron sont mes deux révélations de l'année, mais je comprends qu'on puisse y être insensible. La voix et la pop miniature un peu affectée du premier, le côté crooner kitsch assumé du second peuvent effectivement "laissé de marbre". Mais ce sont aussi les raisons pour lesquelles j'ai aimé ;-) Bonne fin d'année à toi !
      A l'année prochaine ?

      Supprimer
    2. À l'annee prochaine ! Je suis à fond dans mon propre top c'est long à mettre en page j'ai encore pondu un truc trop long

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,