Il m'en a fallu du temps pour arriver au même constat ou presque que Pitchfork, le célèbre webzine américain qui décidait à la fin des années 2000 du bon goût en matière de musiques indépendantes. Depuis, Pitchfork s'est mis à célébrer des artistes mainstream (Beyoncé, Lana Del Rey, Kendrick Lamar et même Taylor Swift), quittant ainsi son piédestal de défricheurs, pour rentrer dans le rang des autres sites musicaux du web. Mais cette année, les voilà qui encensent ce disque, "Diamond Jubilee", oeuvre de plus de 2 heures d'un artiste de l'ombre, enregistrée "à la maison", en dehors de tout circuit classique de diffusion. L'album est d'abord disponible uniquement en streaming sur Youtube avec un lien de téléchargement gratuit sur une obscure plateforme. Des mois ont depuis passé. On peut désormais écouter les trente-deux titres ailleurs, sur Bandcamp par exemple. Et une sortie physique est même prévue en début d'année prochaine.
Mais qui est cette Cindy Lee ? C'est le double drag queen d'un certain Patrick Flegel, ancien membre du groupe canadien Women, avec son frère Matt parti de son côté formé Viet Cong puis Preoccupations. Si le frangin est resté cantonné dans un rock à tendance bruitiste, Cindy a basculé dans une version lofi du wall of sound de Phil Spector. Si les titres se ressemblent tous un peu dans la forme, il y a ici suffisamment de variations, de surprises, pour ne pas lasser malgré les deux heures d'écoute. "Diamond Jubilee" est un disque passionnant, unique à plus d'un titre. Un moment suspendu. Pitchfork avait raison. Il suffit de s'en donner la peine. D'être curieux. De ne pas toujours prendre ce qu'on nous donne à entendre, mais d'aller chercher, dénicher le trésor caché. Une fois trouvé et adopté, la joie n'en est que plus grande.
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