Nous y voilà, à entamer mon bilan de 2025, à commencer par les concerts. J’ai un peu hésité car ils furent au final peu nombreux, surtout si on exclut les festivals de la Route du Rock et de We Love Green. Je retiendrais surtout un nouveau concert mémorable des Flaming Lips, le retour plus nuancé des idoles de Pulp ou la confirmation scénique de Big Special. Pour 2026, je n’ai pas encore beaucoup de certitudes sur les agendas à l’heure où les principaux festivals de l’été annoncent déjà leurs têtes d’affiche, histoire que les billets puissent être glissés sous le sapin. We Love Green est tentant surtout pour Gorillaz mais le système de plus en plus répandu des prix qui augmentent en fonction des places vendues me rebute. Crache, crache. Un festival qui même racheté par Pigasse, ennemi revendiqué de Macron fleure bon le pognon, à l’encontre du message de déconsommation prôné, seule vraie réponse aux problèmes écologiques.
Ce fut une soirée entre amis de bonne compagnie. Jp Nataf et Jc Urbain ont joué quelques unes de leur plus belles mélodies avec la légerèté et la fantaisie de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Ce sont nos Beatles à nous, ou plus modestement nos XTC. Un groupe incapable de décevoir, parce qu’ils prennent leur temps - 6 albums en plus de quarante ans de carrière - parce qu’ils ont surtout un talent indéniable pour trousser des tubes pop intemporels avec textes et arrangements au diapason.
En voilà une belle affiche dans un si bel écrin. Si Dominique A avait travaillé ses morceaux pour l’occasion, c’est-à-dire les réarranger avec l’orchestre philharmonique de Radio France, le boulot était déjà fait pour Katerine. En effet, ce dernier était rompu à l’exercice, réalisé lors de l’Hyper weekend festival en 2023. La plupart des titres choisis étaient tirés de son trop sous estimé album "Le Film". Une chanson comme "Papa" est révélateur du talent génial de son auteur, mélange parfait d’humour et d’émotion. La soirée finira par le touchant et magnifique "Manque moi moins" chantée par ces deux artistes très proches. Si Dominique A a cette ironie sur scène qu’il n’a pas vraiment dans sa musique, c’est presque l’inverse pour Katerine, tant la fantaisie de ses chansons se suffit à elle-même.
L’attente était trop forte : Pulp à la Route du Rock, l’affiche rêvée. Tout comme leur nouveau disque, la performance fut un peu décevante ou plutôt trop conforme à nos prévisions. Jarvis assure toujours le spectacle sur scène. Les autres paraissent en retrait, suppléés par de plus jeunes musiciens. Les classiques de "Different Class" sont tous impeccablement joués. Heureusement, les chansons de "More", un peu faiblardes, pas meilleures que "We Love Life" en 2001 qui avait déjà entériné l’apogée artistique de la formation de Sheffield, sont peu interprétées. La banale "A Sunset" est quand même un drôle de final après la furie "Common People". On pourra dire, on y était. Pas sûr que la suite vaille la peine...
Ceux-là, je les attendais avec impatience, ayant réussi avec leurs deux albums à marier la gouaille des Sleaford Mods avec l’énergie de Yard Act. Big Special, ce sont deux anglais un peu branleurs, pas adaptés pour l’emploi et la vie rangée qui décident de s’en foutre et de se lancer dans la musique, en dernier recours. Des histoires comme ça, il en existe des tonnes. Mais elles fonctionnent quand les principaux principaux sont si attachants et talentueux. Leur concert parisien était un vrai plaisir partagé, avec le public, avec les copains frapadingues de Gans, en première partie. Oui, notre monde est devenu une "Shithouse". Que pouvons-nous y faire, à part en rire, le chanter pour tenter de l’oublier ?
Je sais, c’est un peu facile, ceux-là sont hors compétition mais il me semblait important de le rappeler. Les Flaming Lips demeurent pour moi le plus grand groupe de rock sur scène. Haut la main. Un concert de la bande de l’inénarrable Wayne Coyne est une expérience en soi. Je ne dis que c’est quelque chose à vivre au moins une fois dans sa vie, car j’admets qu’il faut adhérer à la musique, au message et au foutoir joyeusement ludique de leur prestation. Notre fille Lucie y assistait pour la première fois et je sais qu’elle n’oubliera pas - elle a été à bonne école - eut égard aux étoiles perceptibles dans ses yeux. Ce spectacle valait tout l’or du monde. Je peux même le dire encore aujourd’hui avec fierté : oui, j’ai raté la victoire du PSG en finale de ligue des champions mais j’avais mieux à faire. Un concert des Flaming Lips, c’est plus que jamais d’utilité publique en ces temps de haine violente échangée anonymement sur les réseaux sociaux. "You realize that life goes fast, it’s hard to make the good things last. You realize that everyone you know someday will die." Ce sont des évidences que beaucoup oublient pourtant trop souvent. A l’heure où le groupe se sépare de sa tête pensante Steven Drodz et où l’avenir des Flaming Lips pourraient bientôt s’écrire entre parenthèses, il était temps de remettre l’église au milieu du village comme on dit. Les Flaming Lips resteront peut-être à jamais ma meilleure expérience scénique.

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