Accéder au contenu principal

Dominique A + Philippe Katerine - Pop Symphonic - Paris, Maison de la Radio - 28 mai 2025

Nous revoilà déjà de retour dans une salle de concert et cette fois-ci en famille ! France Inter a eu la bonne idée pour (bien) commencer le long weekend de l'Ascension de proposer une affiche exceptionnelle : réunir Dominique A et Philippe Katerine, copains de longue date avec l'orchestre philharmonique de Radio France. 1h de concert chacun pour deux styles diamétralement différent et pourtant... C'est logiquement qu'on retrouve Dominique A entouré d'un orchestre classique, car son dernier disque en date consiste justement à revisiter quelques uns de ses titres emblématiques en version orchestrale.

Pour Katerine, les chansons proposées sont presque exclusivement celles déjà arrangées lors d'un précédent festival avec le même orchestre au moment de la sortie de son album "Le Film" en 2016.

Il joue donc peu de nouveaux morceaux tirés de "Zouzou", il faut dire que ceux-ci se prêtent moins à l'exercice symphonique. Dominique est plus sérieux en apparence : pas vraiment de chansons décalées dans son répertoire, mais beaucoup de titres mélancoliques, graves. Philippe est à l'exact opposé : peu de morceaux immédiatement tristes, même si derrière cette fantaisie de façade se cache une évidente noirceur. Le leitmotiv est toujours le même : la vie n'a pas de sens, rions en tous ensemble ! L'approche de Dominique serait plutôt d'afficher ce côté sombre de manière plus frontal dans sa musique, tout en essayant d'installer un climat de complicité avec le public. Les concerts enregistrés à la radio sont peu propices à l'échange : tout est minuté et calibré. Il n'empêche qu'il dira ne pas être loquace pour une autre raison : celle d'avoir croisé Eric Ciotti dans les couloirs de Radio France. Que ce dernier lui a "coupé la chique", mais malheureusement que cela n'a pas été réciproque. Ces quelques mots suffisent à créer la connivence avec l'assistance, partageant évidemment les mêmes affinités politiques. Si j'admets être moins fan de ses derniers albums - le dernier vraiment marquant reste pour moi "La Musique" sorti en 2009, presqu'une éternité - en live, le monsieur reste toujours aussi professionnel et charmeur. Lors de la rapide interview avec le journaliste Laurent Goumarre, il annonce vouloir revenir maintenant à un album à guitare, qu'il est au passage déjà en train d'enregistrer. Et si, cela présageait d'un vrai retour aux sources... Katerine est au final plus discret entre les morceaux, il parle moins. Ses chansons se suffisent à elle-même, décalées à souhait. Pour l'aimer, il faut lâcher prise, ne pas prendre l'art, la vie trop au sérieux. Le public présent fait bien sûr partie de ses admirateurs, partageant son goût pour l'auto-dérision. Cette belle soirée finit forcément par un duo, "Manque-moi moins", où l'émotion entre ces deux artistes pudiques est palpable. On a beau essayer d'en rire plutôt que d'en pleurer, c'est toujours plus facile de passer notre existence entourée de gens qu'on aime. "Des bisous" aurait pu être une autre fin, mais elle aurait été trop explicite. Merci à eux pour ce "moment parfait".

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...