Accéder au contenu principal

Morrissey - World Peace Is None Of Your Business

Ça commence bien, rien que le titre, "World Peace Is None of Your Business". Du Morrissey pur jus. Pas politiquement correct. Dans la lignée de ses déclarations régulières, de plus en plus politiques, mais en plus cynique et distancié. C'est une constante du Moz, cette écriture supérieure, à l'humour très anglais. Restait à écouter la musique, régulièrement en retrait depuis les Smiths ou au moins depuis son chef d'oeuvre solo, "Vauxhall And I". Pour une fois, la première impression est plutôt bonne, à l'écoute du morceau éponyme. C'est marrant comme au fil des années, je finis par m'accrocher aux anciennes gloires, celles récemment découvertes ou redécouvertes comme Yo La Tengo, les Pastels ou Dean Wareham, ou quelques temps négligées comme Morrissey. Si les groupes ou artistes susmentionnés reposent sur un couple à la scène comme à la ville - Ira et Georgia, Stephen et Katrina, et les plus glam Dean et Britta -, s'affichant comme des modèles dans le milieu du rock indépendant, Morrissey a toujours fonctionné seul ou presque. En éternel misanthrope, le chanteur semble détester plus que tout apparaître comme quelqu'un de gentil. Même en concert, il est du genre à dénigrer ses fans les plus fervents. Mais, en publiant récemment une autobiographie - j'en parlerai bientôt - il brise un peu l'armure, celle d'une enfance difficile dans le Manchester prolétaire et d'une éducation irlandaise catholique et rigoriste.
Morrissey s'ouvrirait-il au monde ? "Kiss me a lot" réclame-t-il même ici. Il reste pourtant fidèle à ses idéaux, son végétarisme et son combat pour la défense des animaux ("The Bullfighter Dies"). Puis, il y a ce "Earth Is the Loneliest Planet of all" qui dit toujours cet enfermement. A nous ouvrir plus les portes de son monde, Morrissey apparaissait plus touchant. Avant, on avait l'impression que ses chansons parlaient plus à nous qu'à lui, simple passeur du mal être de notre adolescence. Maintenant, il nous ferait presque croire qu'à travers nous, c'est lui qu'il visait. Ce nouveau disque est une réussite, directe, simple, évidente. Je crois m'être réconcilié avec mon ancienne idole. Comme lui, j'ai sans doute accepté de vieillir.


Commentaires

  1. Il y a ici tout ce qu'il me fallait pour reprendre goût à ce monsieur dont j'aime les lignes mélodiques et sa façon d'y placer sa voix.
    J'ai toujours été insensible à l'apport de Johnny Mar chez les Smith, je n'entendais que Morrissey, peut-être suis je un peu sourd?
    Merci

    RépondreSupprimer
  2. Le plaisir de retrouver cette voix...

    RépondreSupprimer
  3. Belle voix oui! et très belle mélodie aussi!

    RépondreSupprimer
  4. C'est drole ta derniere phrase; je voulais repondre l'autre jour par rapport a une remarque que tu avais faite a propos de New Order. Et puis je m'etais abstenu, c'est tellement facile de toujours relever les elements qu'on trouve incongru. Maintenant que tu apportes de l'eau a mon moulin; ce que je volais dire a propos de NO; ce n'est pas la prod qui a viellie, c'est nous...Anyway, c'est pas pour ca que je t'ecris; je viens en Bretagne pour les vacances; pourrais tu me dresser une peite liste de choses que j'aurais rater depuis 2 ans dans la production francaise; bien des disques me sont parvenues mais bon, il y a surement des artistes que j'ai zappe. Bon de la musique, du son parce que je crois t'avoir deja dit tout le mal que je pense de la chanson francaise, et tout ca en toute impartialite bien sur! Gwen l'epicier en galette noires et parfois en couleur.

    RépondreSupprimer
  5. La production française ? ça dépend de ce que tu recherches. Si c'est du rock. Ben, y a pas grand chose de transcendant à part Born Bad Records. Sinon, Jessica 93. Si c'est chanson française, là, y a pléthore : Belin, Carlotti, Babx ou Marchet entre autres. J'aime assez aussi François and the Atlas Mountains ou Mermonte et bien sûr Aline. J'en oublie forcément. Pas facile comme question.
    Pour le fait qu'on ait vieilli, oui, assurément, mais chut, il ne faut pas le dire, c'est un secret ;-)

    RépondreSupprimer
  6. Je trouve ce disque d'un rasoir... :/

    Je n'attends plus rien de lui, sauf s'il se décide à changer un jour son groupe!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Danger Mouse & Black Thought - Cheat Codes

" Cheat codes " est un terme bien connu des amateurs de jeux vidéos dont je ne fais plus partie depuis de nombreuses années. Est-ce bien ou mal ? Je ne sais pas. C'est comme ça, ça ne veut pas forcément dire que c'est immuable. Les cheat codes, c'était quand on était bloqué dans le jeu, qu'on ne savait plus comment avancer, soit parce que ça devenait trop compliqué, soit parce que ça nous paraissait d'un coup buggé. Bien sûr, le plaisir n'était plus le même, on avait triché pour pouvoir continuer. Le rap n'a par contre jamais été ma came, vous devez le savoir, vous qui venez ici. Si vous aimez le rap, vous devez sans doute aller voir ailleurs. Car les fans de rock indépendant et de rap sont rarement les mêmes. Encore que l'époque est au brassage des genres, de plus en plus. Cet album de Danger Mouse, producteur de légende, ayant travaillé pour des groupes aussi variés que Gorillaz, Sparklehorse, Beck, The Black Keys, U2, Red Hot Chili Peppers,

The Divine Comedy / Retrospective - Liberation & Promenade - Philharmonie de Paris - 19 septembre 2022

  J'avoue que je n'y croyais plus : deux ans d'attente en raison du COVID, un système de billetterie qui oblige à réserver au moins 3 spectacles en même temps, un concert complet depuis plusieurs mois et puis... Et puis, deux jours avant, une connexion sur le site pour confirmer une dernière fois la chose et s'apercevoir que si, il reste finalement des places. On ne se pose pas longtemps la question avec maman, vu la faible quantité de billets disponibles, malgré les tarifs élevés. En se reconnectant le jour même, il y aura même des catégories moins chères. Bref, le système de billetterie de la Philharmonie de Paris est une aberration. Mais passons. Arrivés sur place, on vérifie la salle, car s'étant déjà fait avoir pour le concert de John Cale, on est méfiant. Sur le billet, il est indiqué Philharmonie de Paris et Cité de la Musique alors que les salles et surtout les bâtiments ne sont pas les mêmes. On arrive juste à temps avant le début. Ici, les horaires inscrit