Voici du rock à papa comme il n'en existe plus beaucoup. Je m'explique - ça devait finir par arriver que papa écoute de la musique faite expressément pour lui - le rock de Robin Proper Sheppard, d'abord au sein de The God Machine puis seul aux manettes de Sophia, est classique dans la forme comme dans le fond. Ce n'est pas pour cela qu'il n'est pas bon, loin s'en faut. Il faut du talent pour produire une musique aussi puissamment mélancolique, sans effet de manche. "Don't ask" est à ce titre un parfait exemple. Tout est bien en place, pas d'ajout inutile dans les arrangements, jusqu'aux paroles concises et justes comme il faut : "Don't ask what you don't wanna know cause everybody's running for something".
On pourrait regretter un manque flagrant de fantaisie, sauf que mine de rien, quelques chansons, sauf peut-être "California" et surtout la très dispensable "St. Tropez / The Hustle", font leur chemin et on y revient avec plaisir. Cette modestie - ce rigorisme ? -, ces morceaux réduits à l'essentiel, ces mélodies étirées n'évoluant qu'avec parcimonie finissent par nous bercer, nous transporter. Vers les "ports inconnus" du titre ? Pas si inconnus que ça quand on a déjà pratiqué le capitaine Sheppard. La traversée, même si elle reste souvent prévisible, n'en demeure pas moins une traversée, à quelques encablures de cette terre et de la folie de ces hommes.
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