J'ai un drôle de rapport avec Vincent Delerm. En même temps, j'avoue ne l'avoir jamais détesté comme certains. Son premier album en 2002 écouté au casque, par hasard, lors de sa sortie, dans une Fnac parisienne, m'avait tout de suite plu. Cette première chanson, "Fanny Ardant et moi", cet humour décalé, cultivé et ironique me correspondait assez bien. En plus, on partageait le même prénom. La chanson "Tes Parents" du même disque fut chantée à notre mariage, avec maman, par des amis, en adaptant les paroles expressément pour mes beaux-parents. S'en suivit un concert du chanteur et le souvenir d'un gars bien sous tout rapport, avec qui on partageait plein de choses, ayant des références musicales, cinématographiques, littéraires, politiques communes. Mais les années passèrent et l'envie inconsciente de passer à autre chose, de se dire que Delerm, c'était de l'histoire ancienne, que c'était trop lié à une période de ma vie. Et puis, ce sentiment qu'à l'image d'un double qui aurait connu le succès - ses enfants sont nés aussi à la clinique des Diaconesses, dans le XIIème arrondissement de Paris -, qui serait un peu ce qu'on aurait aimé être dans une autre vie, j'écoutais les disques suivants de Delerm de manière dilettante, juste histoire de vérifier que le fil n'était pas rompu, qu'on gardait les mêmes aspirations.
"A présent" est peut-être son meilleur album, le plus mélodique, même si on pourrait dire la même chose à chaque fois, peut-être parce que tout simplement, il s'améliore. Delerm ose de plus en plus l'autobiographie, l'intime - le superbe morceau final "Le garçon" -, peaufine ses arrangements, plus variés et complexes que le simple piano des débuts. Les textes sont aussi plus concis, plus simples. Comme si la quarantaine aidant, le chanteur avait réussi à ne garder que l'essentiel. Près de quinze ans après, pour toutes ses raisons, je pourrais aujourd'hui écrire "Vincent Delerm et moi".
"A présent" est peut-être son meilleur album, le plus mélodique, même si on pourrait dire la même chose à chaque fois, peut-être parce que tout simplement, il s'améliore. Delerm ose de plus en plus l'autobiographie, l'intime - le superbe morceau final "Le garçon" -, peaufine ses arrangements, plus variés et complexes que le simple piano des débuts. Les textes sont aussi plus concis, plus simples. Comme si la quarantaine aidant, le chanteur avait réussi à ne garder que l'essentiel. Près de quinze ans après, pour toutes ses raisons, je pourrais aujourd'hui écrire "Vincent Delerm et moi".
J'ai jamais compris pourquoi on se gaussait de lui.. celui là est encore plus beau que les autres. Je l'écoute en boucle, l'orchestre... il va très bien avec l'air du temps
RépondreSupprimerOui, ce nouveau disque est excellent. Pareil que toi, jamais compris pourquoi on se moquait de lui.
SupprimerCa doit être son chanté-parlé avec une diction et des intonations très caractéristiques. C'est ce qui me bloque encore un peu chez lui. Son "flow" c'est sa marque de fabrique, mais du coup quand on n'y est pas trop sensible on a l'impression qu'il chante toujours de la même façon (même si je trouve ça moins marqué sur "Je Ne Veux Pas Mourir Ce Soir" entre autres, qui est très belle).
SupprimerDu coup si on n'a pas un minimum d'indulgence avec le chant au début, on peut vite se moquer; et dans un pays comme la France où les chanteurs populaires se doivent de beugler et couvrir 50 octaves (cf Brandt, Sardou, Pagny, Fabian....), les "chanteurs sans voix" comme Daho, Delerm et Chamfort peuvent vite être raillés pour leur manque de puissance vocale. Et considérés comme chanteurs pour bobos qui aiment bien les trucs chiants juste pour ne pas faire comme la majorité. D'autant plus que le name-dropping et les références intellectuelles poussent à penser qu'il est ultra snob alors que c'est juste son univers de références à lui.
C'est un problème d'image qu'il renvoie, de démarche artistique un peu clivante puisque très référencée dans un petit monde restreint, mais c'est aussi un peu d'inculture, d'oeillères, de manque de curiosité et d'intolérance de la part de la plupart des gens.
Personnellement je respecte le gars, mais un morceau sur deux sa voix me bloque, alors j'ai du mal à "ressentir" sa musique.
Tu as raison, même s'il existe des contre exemples : Gainsbourg non plus n'avait pas de voix et pourtant il est unanimement reconnu. En tout cas, le plus admirable, c'est que Delerm a continué à faire son truc et je trouve qu'il s'améliore, qu'il gomme tous les tics qu'on lui reprochait. Ce disque est une réussite : une pop intelligente à la française. La pop n'a de toute façon jamais été un truc pour les grandes voix, au contraire. Le grand public s'attache à la performance, les connaisseurs à la musique, au son, aux textes.
RépondreSupprimerJ'ai pensé au contre exemple Gainsbourg aussi ;)
SupprimerJe suis d'accord, comme je l'ai dit j'ai moins de mal avec ses chansons récentes, son chant est plus... nuancé.
Et je suis d'accord avec ce que tu dis sur le niveau auquel Delerm est arrivé, c'est intelligent et subtil, et avec ce que tu dis sur la voix dans la pop (à opposer à la variété, ses violons et ses voix puissantes ? même si la limite est parfois ténue...).
Bref, je pense qu'avec le bon angle, je pourrais faire sauter la barrière et apprécier le bonhomme à 100%. Ca a marché avec Daho que j'ai mis longtemps à apprécier. Ca n'a pas fonctionné avec Aline pour rester dans le francophone, l'avenir me le dira. Mais merci pour m'avoir forcé à re-tenter une écoute et à diminuer un peu mes a priori sur ce bon artiste :)
... tu as bien fait, en tout cas pour moi. Je me devais de l'écouter, car je l'ai toujours suivi sans jamais m'attarder mais sans détester. Le rejet? Probablement que le public qu'on lui devine ressemble à ce cliché du bobo Parisien, moins dandy que Chamfort, discret et l'arrogance des gens cultivés. Je parle de cliché, hein. Donc je me promène dans son disque comme un dimanche qui fini. Il a le don pour colorer ses moments un peu éteints.
RépondreSupprimerPréférence pour l'album précédent Les Amants Parallèles, qui est pour le coup "un album". Homogène du début à la fin, l'histoire d'un couple contée en 30 minutes.
RépondreSupprimerA Présent semble être la continuité du disque précédent, mais en + éclaté. Il y a de très beaux titres (Danser sur la table, Les chanteurs sont tous les mêmes, Êtes-vous heureux, Le garçon), mais c'est moins bouleversant que Les Amants Parallèles.
Bah, moi justement, je préfère celui-là au précédent. Les concepts albums, par moments, ça tue un peu l'inspiration, ça cloisonne. Je préfère la liberté de ce nouveau disque.
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