Je sais, j'ai mis du temps à me décider pour ce disque sorti il y a déjà plusieurs mois. Il faut dire que je l'ai longtemps trouvé trop prétentieux. Les paroles surtout, tantôt drôles et décalées ("j'ai lu l'avenir du monde dans ton regard. je jure sur la tête de Robert Ménard"), tantôt volontairement crues ("il était pompier dans un boulard italien"), un brin provocatrices, ou aux références obscures pour beaucoup ("souviens-toi Michniak, tous les disques sont de la merde"), et cette façon nonchalante de chanter, l'air de ne pas y croire tout à fait. Mais de l'autre côté, il y a la musique, impeccable, qui a fini par faire pencher la balance. Il faut dire que Thousand, alias Stéphane Milochevitch est très bien entouré avec entre autres, Syd Matters au clavier ou O à la basse. On pense par moments à Bashung pour les textes imagés, mais en version pop, new wave.
Après plusieurs excellents disques de pop psychédélique chantés en anglais, Thousand s'est décidé à œuvrer dans sa langue natale. Plus qu'un pas de côté, c'est une vraie fuite en avant, donnant à sa musique davantage de reliefs, un supplément d'âme. Ces textes qui, de prime abord, peuvent ressembler à un vaste écran de fumée, sont en réalité constitués de collage de phrases souvent touchantes qu'on retrouve quelques fois ("mais qu'est-ce que tu caches papa dans le coffre de la Xantia?") d'un morceau à l'autre. Comme un puzzle à déchiffrer, un tunnel à traverser, avant d'entrevoir enfin la lumière. Le résultat, assez unique en son genre, fait assurément du "Tunnel Végétal", l'un des disques de pop française les plus passionnants de 2018.
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