On ne va pas se le cacher : "Coming Up" n'est pas le meilleur album de Suede mais c'est le meilleur sans Bernard Butler. Le départ du guitariste prodige a scellé la fin du succès et de l'inspiration des deux leaders originaux de Suede, "Coming Up" excepté. Car, sans être aussi excitant que les deux précédents, le troisième album du groupe reste une remarquable usine à tubes glam-rock. Le concert du 17 mai à Paris à la salle Pleyel, plusieurs fois reporté en raison du COVID - bah oui, on l'aurait déjà presque oublié celui-là - était une soirée consacrée à ce disque, le premier dans la configuration actuelle du groupe avec le claviériste Neil Codling et le guitariste Richard Oakes en remplacement du seul Butler donc. Il est désormais assez habituel que d'anciennes formations en perte de vitesse et d'inspiration, se décident ainsi pour rameuter leurs vieux fans de rejouer un de leurs disques les plus unanimement partagés en intégralité. On ne va pas se le cacher : depuis "Coming Up" n'a sorti que des disques dispensables. Alors, pourquoi pas un peu de nostalgie ? On arrive trop tard pour assister à la première partie, Elias Driss. Les fans de Suede se bouscule pour acheter le tee-shirt de la tournée. Je crois bien n'avoir jamais vu un tel engouement avant pour le merchandising, hormis peut-être pour Bowie. Tiens, tiens, Bowie. Justement, une personne arbore un tee-shirt "David Bowie is a human being". Pas évident quand même. Et Brett Anderson alors ? Et bien, à bientôt 55 ans, il a de beaux restes, le bougre ! La voix est presque intacte - pas aidée par la chaleur étouffante de la salle Pleyel pourtant - le jeu de jambes et la dextérité dans les moulinets avec le micro aussi.
Le set est divisé en deux : d'abord "Coming Up" joué en intégralité, ensuite des titres des autres albums - heureusement essentiellement des deux premiers. Le chanteur est impressionnant de présence, il bouge, saute sans arrêt. A l'inverse de ses acolytes plutôt passifs, surtout le claviériste à la coiffure digne d'un groupe de hard-rock FM des années 90, particulièrement amorphe et qui semble être ailleurs. Le public assez hétéroclite, pas de fans à mèche à l'horizon, quelques rares hipsters mais surtout des looks de Monsieur et Madame "tout le monde". Pas très jeunes quand même. L'ambiance est plutôt bon enfant. "C'était parfait. Quel kiff!" nous avouera un voisin qui, pourtant partira juste après la fin de "Coming Up". Si nos physiques ne nous trahissaient pas, nous aurions encore 18 ans. "We're so young and so gone" telle la première chanson du premier album. Pour moi, tout avait commencé par "Animal Nitrate", découvert par hasard sur MTV, chanson qui a à jamais changé ma vision de la musique. Sans ça, pas de Smiths, de Bowie, de Bernard Lenoir, etc. Je serai resté cantonné à Genesis, Dire Straits ou Queen. Bienvenu dans la musique parallèle ! "Still Life" comme dernier rappel, comme une évidence. Difficile de redescendre après une telle montée.
Setlist :
Trash - Filmstar - Lazy - By The Sea - She - Beautiful Ones - Starcrazy - Picnic by the Motorway (Brett and Richard version acoustique) - The Chemistry Between Us - Saturday Night
Rappel :
Snowblind - Killing of a Flashboy - We Are The Pigs - Can't Get Enough - The Power (en français "donne-moi la puissance" :-) ) - Tides - The Wild Ones (Brett seul avec guitare acoustique) - So Young - Metal Mickey - Animal Nitrate
Rappel 2 :
Still Life
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