Accéder au contenu principal

Top albums 2022


Drôle d'année que cette année 2022 : beaucoup de concerts, pas beaucoup de chroniques de nouveautés ici mais des disques qui m'ont vraiment marqué. Voici donc les dix principaux où j'ai forcément donné une préférence aux petits nouveaux, aux non habitués de la musique à papa. A part l'indéboulonnable Bertrand Belin, le régulier Destroyer plus en forme que jamais, les autres sont plutôt des novices de mes bilans annuels. Princess Chelsea était déjà présente au travers de son acolyte de longue date Jonathan Bree, Jockstrap avec l'autre groupe de la belle Georgia Ellery, Black Country, New Road, Panda Bear, lui, au sein de Animal Collective. Pour le reste, beaucoup de premiers albums (Jacques, Yard Act, Horsegirl, Wet Leg, Jockstrap) et une belle confirmation (Working Men's Club). Des disques qui vont continuer de me suivre quelques temps voire toujours pour certains. Qui sait ? Tchao 2022, c'était quand même bien... En tout cas mieux que les deux précédentes.

10- Horsegirl - Visions of Modern Performance
Des groupes inspirés par Sonic Youth ou Pavement, il y en a eu pléthore, mais peu parviennent à écrire des tubes capables de rivaliser avec ces maîtres du genre. Les formidables "Anti-glory" ou "World of pots and pans" sont de ce calibre-là. Les filles de Horsegirl ont sorti en 2022 un premier album qui s'inscrit dans les meilleurs du rock indépendant américain de ces dernières années. 


9- Yard Act - The Overload
Parmi les nombreuses formations anglaises actuelles inspirées du mouvement post-punk, les Yard Act sont sans doute les plus drôles, ceux qui en tout cas se prennent le moins au sérieux. Un peu comme des Sleaford Mods qui auraient pris les guitares et une vraie batterie qui cogne. "The Overload" est un enchaînement de titres entraînants et imparables, le tout avec un incontournable fond social cher à la patrie de Ken Loach.  


8- Wet Leg - Wet Leg
C'est la surprise du chef. L'album de rock le plus partagé en 2022, même des non fans. "Chaise Longue" restera comme le tube du genre de l'année. Les deux filles malignes comme tout auront été de tous les festivals, de tous les classements, de toutes les émissions, de tous les magazines. Elles feront même le stade de France en première partie de l'autre grand succès de l'année, le très consensuel Harry Styles, ancien membre de One Direction en phase de reconquête artistique, histoire de prouver qu'il y a une vie après les boys band et qu'il est possible de grandir en même temps que son public. Des filles rock qui jouent sur les clichés sexuels et balancent en même temps des tubes rock imparables, voilà en autres ceux dont la plupart d'entre nous avaient besoin cette année. 


7- Bertrand Belin - Tambour Vision
Même quand il abandonne en grande partie la guitare, la musique de Bertrand Belin reste passionnante. L'artiste est désormais un habitué de mes bilans de fin d'année, alors que j'aurais tendance à ne pas être très fidèle, à être normalement plus exigeant envers ceux que j'apprécie, et bien force est de constater que Belin parvient toujours à me surprendre, quitte à me faire croire un temps que chaque nouvel album est supérieur aux précédents. En tout cas, il forme déjà tous une bien épatante discographie faisant du chanteur une des rares valeurs sûres de la chanson hexagonale actuelle. 


6- Panda Bear & Sonic Boom - Reset 
Plus que le pourtant excellent dernier disque d'Animal Collective dont la tournée européenne a malheureusement été annulée faute de moyens (et d'entrées ?), ce nouvel de Panda Bear cette fois-ci accompagné de l'anglais Sonic Boom, ex-Spacemen 3, est une formidable bulle de pop fraîche et enjouée sous des textes acides sur notre époque. Elle réussit le pari de croiser le fantôme de Syd Barrett avec le "Pet Sounds" des Beach Boys. "Reset" voilà exactement ce que le disque donne envie de faire. Histoire d'oublier les nombreux maux du monde qui nous entoure. 


5- Jacques - Limportanceduvide
C'est la surprise de l'année. Le look du chanteur peut d'abord rebuter, mais ce disque, son premier véritable, après pourtant plusieurs années de carrière, est un enchaînement ininterrompu de chansons toutes plus accrocheuses les unes que les autres, à mi-chemin entre la douce fantaisie d'un Mathieu Boogaerts et les claviers mélodiques de Daft Punk. Tant pis pour les rabat-joie de service, "Limportanceduvide" a réussi l'exploit de conquérir en quelques jours à peine toute la famille, en en faisant mon album français préféré de l'année 2022.  


4- Working Men's Club - Fear, Fear
Les mancuniens de Working Men's Club se détachent du reste du passionnant revival post-punk anglais actuel, par leur incroyable souci du son. Ce "Fear, Fear" tabasse sévère, lorgne régulièrement vers l'indus, en gardant constamment les deux pieds dans la new wave, mais celle noire, glaciale du Cure de "Pornography" ou de Joy Division. Non, Manchester n'est pas morte. 


3- Jockstrap - I love you Jennifer B.
Plus qu'avec son autre groupe, Black Country, New Road - dont le dernier album fut au final une mini déception, comme du Arcade Fire en plus étiré et donc plus lassant -, Georgia Ellery prouve l'incroyable étendu de son talent tant vocale que dans une inspiration totalement débridé allant ici de la soul à la house music. "I Love you Jennifer B." se retrouve donc aisément en première place des classements des disques de l'année de tous les webzines qui savent (Magicrpm, The Quietus, Gorillaz vs. Bear, The Forty-Five ou DIY). Il aurait pu l'être ici aussi, de part sa vertigineuse durée de vie tant on continue de découvrir de nouvelles choses à chaque nouvelle écoute. 


2- Destroyer - Labyrinthitis
Longtemps promis à la première place, le dernier disque de Destroyer est pour moi, quoiqu'en disent à peu près tous les connaisseurs, son meilleur. Celui qui parvient le mieux à marier l'exigence des arrangements synthpop de "Kaputt" et des mélodies baroques de "Destroyers Blues". Pet Shop Boys, Bruce Springsteen et New Order dans le même moule, avec un souci toujours prononcé pour les accompagnements intelligents et soignés.  


1- Princess Chelsea - Everything is going to be alright
Avec Jonathan Bree, ils font à eux seuls tenir debout le label néo-zélandais Lil Chief Records. Mais plus que cela, ils font depuis la séparation des Brunettes des albums de pop supérieure. "Everything is going to be alright" est un chef d'oeuvre de pop moderne et vintage à la fois. Un magnifique album de rupture, en même temps kitsch et poignant. Écouté tard dans l'année, il s'est révélé petit à petit au fil des écoutes. Ses titres sont tous beaux, incroyables. Je ne suis pas prêt de le lâcher, histoire de me dire que malgré tout ce qui peut arriver, "Everything is going to be alright". Un disque de lutte. Un disque qui aide à vivre. Précieux et indispensable. Alors que Destroyer et Jockstrap jouaient la carte de l'intelligence, Princess Chelsea joue la carte du coeur. Échec et mat.  

Commentaires

  1. Bonne année à toi, merci pour les découvertes et chroniques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci et meilleurs voeux en retour pour cette nouvelle année

      Supprimer
  2. Bonne année et encore merci pour tes trouvailles. Princess Chelsea : je découvre à l'instant et je suis déjà fan. J'avais adoré After the Curtains Close de Jonathan Bree. MERCI !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, cet album de Princess Chelsea est très addictif :-) Bonne année !

      Supprimer
  3. Belle sélection. J'aurai ajouté l'excellent album de Cola

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai qu'il est bien aussi. J'ai quand même un peu de mal avec la voix.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,