Ça y est, on y est : le sempiternel classement des meilleurs albums de l'année écoulée. Il revient toujours, un peu avant les toutes aussi traditionnelles dinde et bûche de Noël. J'ai donc réécouté les disques déjà chroniqués ici en 2019 et puis, ceux que j'avais jusque là peut-être négligés voire complètement zappés. Bien sûr, il est impossible d'être entièrement exhaustif. Je découvrirai sans doute plus tard, dans quelques jours, semaines, mois, voire années une nouvelle merveille de 2019. La vie est ainsi faite, de hasards qu'on arrive plus ou moins à provoquer. Cette année, je me rends compte que mon classement ressemble davantage aux classements découverts ici ou là sur internet. On y retrouve par exemple Weyes Blood, Cate Le Bon, Fontaines D.C. ou Thom Yorke, régulièrement cités par les médias et blogueurs. Ces classements servent-ils à quelque chose ? Ça, c'est une autre histoire.
Cette année, nous avons eu droit au retour plus vraiment attendu tant il tardait à venir de Beth Gibbons et Rustin Man, après leur magnifique album commun, "Out of Season" de 2002. Cette fois-ci, c'est séparément qu'il ont donné de leurs nouvelles. Elle, en s'essayant à l'opéra, celui de Gorecki, pour un résultat mitigé, n'a-t-elle pas vu trop haut pour ses capacités vocales ? On l'aime plutôt quand on a l'impression qu'elle ne chante rien que pour nous. C'est donc lui, qui a gagné la mise avec ce premier album solo, au moment où son ancien compagnon de route de Talk Talk, Mark Hollis, rendait l'âme après plusieurs années de silence déjà. L'album de Rustin Man ou Paul Webb de son vrai nom est plus dans l'esprit d'un Robert Wyatt ou du Bowie de "Blackstar" que de son ancien groupe. On sent qu'il a été longuement mûri, car c'est un vrai travail d'orfèvre.
9. Ohtis - Curve of Earth
Voilà un autre disque qui a pris son temps puisque c'est le premier du groupe et que celui-ci existe depuis plus de dix ans. Il faut dire qu'il a fallu que le leader de Ohtis en ait plus ou moins fini avec ses problèmes de drogue. C'est d'ailleurs le sujet principal de ces chansons country-folk à l'accroche immédiate. On sent que le temps a permis de ne garder que l'essentiel. Les mélodies sont presque à nu, sans artifice. Elles sont d'autant plus touchantes. Mon disque folk de 2019.
8. O - à terre !
Syd Matters ne donne plus de nouvelles depuis leur chef d'oeuvre (définitif?) de 2010. En attendant, Olivier Marguerit s'essaie en solo depuis deux disques, en français cette fois. "À terre" marque encore une progression musicale, atteignant une perfection pop rarement entendue par chez nous. Les paroles pourraient paraître plutôt simplistes en comparaison. Elles sont justes pop, autour du thème de la chute. Complexe et simple, pop et sombre : voilà la parfaite dualité de toute œuvre aboutie ?
7. Deerhunter - Why Hasn't Everything Already Disappeared ?
Deerhunter est un des groupes rock les plus passionnants de ces quinze dernières années, enchaînant les disques majeurs, tous différents, tous semblables. C'est la galloise Cate Le Bon qui est aux manettes de ce dernier, apportant un cachet plus clair aux mélodies, sans qu'on y perde en aspérités, en bizarreries. Pourquoi tout n'a pas déjà disparu, nous demandent-t-ils ? Parce qu'il reste au moins la musique de Deerhunter, a-t-on envie de répondre.
6. Fontaines D.C. - Dogrel
Si le post punk a encore un avenir, c'est essentiellement à l'Irlande dont la scène est on ne peut plus active avec des groupes comme Idles, The Murder Capital ou Fontaines D.C. qu'il le doit. Des trois précités, ce sont les derniers qui gagnent sur le terrain des mélodies. Leur premier album, "Dogrel" est un enchaînement de titres imparables aux guitares qui claquent et à l'accent irlandais bien prononcé. L'Irlande se démarque d'autant plus que le Brexit semble de plus en plus inéluctable.
5. Thom Yorke - Anima
Thom Yorke a eu 50 ans cette année. Le chanteur de Radiohead n'a plus grand chose à prouver. Alors qu'on commence seulement à mettre en lumière, l'aspect politique de son groupe à travers un excellent reportage diffusé sur Arte, "Anima" poursuit ses travaux sonores entrepris sur la bande son du remake de "Suspiria". Exit les guitares, on savait Yorke obsédé par les textures électroniques, par la menace climatique, l'urgence écologique. Une musique de fin du monde, comme le très sombre clip de "Last I Heard..." qui revient régulièrement nous hanter. 22 ans après "Ok Computer", l'artiste est toujours aussi essentiel à son époque.
4. Bertrand Belin - Persona
Certains l'auraient sans doute imaginé plus haut dans ce classement tellement son nom est apparu régulièrement sur ce blog en 2019. Si "Persona" est excellent, il a aussi permis de réévaluer encore plus l'importance de ce chanteur depuis "Hypernuit" paru en 2010. Il y a un style Belin, follement classieux, grave avec cette touche de fantaisie discrète. La marque des plus grands.
3. Weyes Blood - Titanic Rising
Cette fille fait une unanimité assez déconcertante. Pas un bilan de fin d'année où son album ne soit mentionné. Désolé, le mien ne fait pas exception. Pourtant, sa musique rappellant celle des Carpenters ne paraît pas à première écoute adaptée à l'époque. Mais Natalie Mering dégage une telle maîtrise, sa musique une telle fluidité naturelle qu'on a l'impression d'être hors du temps avec ce "Titanic Rising". C'est qu'on appelle un classique.
2. Tindersticks - No Treasure But Hope
Ceux-là sortent peut-être leur meilleur disque après plus de vingt-cinq ans de carrière, peaufinant un style qui a peu changé depuis les débuts. Les quatre premières chansons de ce "No Treasure But Hope" sont tout bonnement exceptionnelles de délicatesse, de mélancolie. On touche à la perfection.
1. Cate Le Bon - Reward
Si les disques classés après m'ont bien souvent touché tout de suite, il n'en est rien de ce "Reward" qui s'est imposé progressivement. Les chansons de Cate Le Bon paraissent d'abord trop discrètes, maîtrisées, on les écoute sans y faire attention. Puis, mine de rien, on se surprend à les fredonner. Elles nous submergent insidieusement. On y revient alors, réalisant au fur et à mesure leur beauté intrinsèque. Pas un titre faible ici, l'album s'écoute d'une traite. Un disque de l'année qui s'appelle "Reward", l'évidence même.
Merci pour cette année de musique ! Il est beau ce classement, je crois que 2019 laissera son lot de classiques. Un fidèle lecteur jamais déçu par la musique à papa...
RépondreSupprimerMerci Manu ! J'espère continuer à ne pas décevoir en 2020. D'ici là, bonnes fêtes de fin d'année !
SupprimerBonne année et merci pour ce que tu apportes.
RépondreSupprimerA l'année prochaine :)
Merci gwegouawe. Bonnes fêtes et à bientôt !
RépondreSupprimerSalut
RépondreSupprimerEncore une fois, c'est avec plaisir que je découvre ton top, good sélecta assez raccord avec mes goûts.
Parmi tes 10 LP cités, j'en possède 6 dont 4 que j'ai adoré :
Bertrand Belin – Persona ; son meilleur à ce jour, et je l'ai vu 2 fois en concert à quelque mois d'écart (dont 1 avec Giant Sand et Cat Power).
Tindersticks – No Treasure But Hope : UN BIJOU !!!
Thom Yorke – Anima : entre électronica, expérimentations soniques et science mélodique.
Deerhunter – Why Hasn’t Everything Already Disappeared? : Un groupe Indie qui évolue à chaque disque tout en conservant leur style.
Fontaines D.C. – Dogrel : pas mal
O – À terre ! : ai eu du mal à me mettre dans son univers, sa voix...
Weyes Blood, l'ai peu écouté comme Rustin Man et Cate Le Bon.
Et Ohtis, je ne connais pas.
Perso, je rajouterai :
Nick Cave & the Bad Seeds, Iggy Pop, Karen O & Danger Mouse, Sharon Van Etten, Balthazar, Big Thief (surtout "Two Hands"), Aldous Harding, Robert Forster, Jay-Jay Johanson, -M-, Ibrahim Maalouf, Purple Mountains, Mac DeMarco, Angel Olsen !
Bon réveillon !!
A +
Merci, Francky, désolé, je réponds à ton commentaire avec un peu de retard. Content de voir qu'on partage pas mal de choses, ce qui explique aussi pourquoi tu viens ici. Bonne année 2020 et à bientôt, j'espère !!!
SupprimerJe trouve que les Tindersticks ont sorti la plus belle chanson de l'année... sur la BO de Hight Life, chantée par Robert Pattinson.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=8xNSN6Kd8rI
Merci du lien. J'avais zappé ce très beau titre (pas vu le film).
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