Il y a des disques auxquels on résiste, parce qu'ils sont trop étranges, parce qu'ils ne répondent pas à notre désir du moment et auxquels on revient malgré tout régulièrement, parce qu'au fond, ils nous intriguent. C'est peut-être ceux-là les plus précieux. Ces disques discrets, modestes, qui n'affichent pas clairement leurs qualités. "Reward", le dernier album de la galloise Cate Le Bon - rien à voir avec Simon, le chanteur permanenté de Duran Duran - fait assurément partie de ces disques-là. Pourtant, il n'a pas la bizarrerie évidente de ses précédentes productions. Le son a été subtilement polissé, chaque morceau habilement travaillé. On pense à un sorcier des studios en la personne de Brian Eno ou à Kate Bush pour le caractère envoûtant et assez unique.
Et si on commence à la retrouver aux manettes de quelques albums récents, ce n'est sans doute pas un hasard. Deerhunter ou Tim Presley ont fait appel à elle, pour qu'elle transforme à sa manière si personnelle leur matière brute. Même le vétéran John Cale, gallois lui aussi, l'a convoqué pour ses concerts parisiens à la Philharmonie, afin de mettre en son une rétrospective de sa carrière. "Reward" est donc ce qui pourrait ressembler à l'album de la consécration. Elle est d'ailleurs nominée pour le Mercury Prize. Même si elle ne gagne rien le 19 septembre prochain, on sait que l'avenir du rock indépendant est, avec Cate Le Bon, entre de bonnes mains.
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