Voilà un nom qui annonce la couleur de manière ironique, même si le principal intéressé s'en défend. Il est question de choses très personnelles, graves, sombres ("tout ce qu'on peut espérer, c'est un cercueil climatisé", "mon coeur est mort", "je danse sur ma propre tombe", "tes yeux à tout jamais clos"). Le gars semble dire tout ce qui lui passe par la tête, sans filtre, quitte à paraître égocentrique ("un nuage qui ressemble à ma bite"). Il est signé sur un petit label, l'église de la petite folie, qu'on aime bien, parce qu'il est de ceux qui résistent encore et toujours à l'envahisseur, à Brest, dans un coin d'Armorique. Il s'appelle en réalité Joseph Bertrand. Tiens, un double prénom, ça n'annonce pas forcément quelque chose de bon, étant donné les antécédents dans la chanson française (Claude François, Mireille Matthieu, François Valéry, Herbert Léonard, Frédéric François, Philippe Pascal, Frank Michael, rayez la mention inutile) c'est pour ça qu'il a pris un pseudo. On le comprend.
Et la musique dans tout ça ? On sent qu'il a écouté beaucoup de musique anglaise, en premier lieu les Cure, Joy Division et toute la cold wave anglaise des années 80. "Tigre avec états d'âme" n'est donc pas le genre de disques pour faire la fête. Comme les plus brillants albums qu'ils l'ont inspiré, et c'est pour cela qu'il fonctionne aussi bien, on sent qu'il a été fait sans artifice, sans calcul. Sauf celui de survivre. Coûte que coûte. Sur ce point-là au moins, Centredumonde est loin d'être seul. Pourvu seulement qu'il soit plus entendu.
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