Je vous avais promis le retour à plus d'activités malgré le ou la covid-19 (bizarre, cette volonté de féminiser un mot une fois que celui-ci a perdu toute attractivité), malgré les grandes vacances. Voici donc le grand retour de mes tops annuels, à l'arrêt depuis de nombreux mois (années) et bloqués sur le fabuleux millésime 1967, un des meilleurs qui soit. 1966, ce n'était pas la même histoire, même si Barbara Carlotti en a fait un beau spectacle intitulé "1966 révolution pop" et Judas Warsky une excellente playlist.
A un an près, la musique semble avoir bizarrement moins bien vieillie : pas de Velvet, "Forever Changes" ou Doors, à l'horizon. Heureusement, il reste quelques monuments pop comme le "Revolver" des Fab Four sévèrement concurrencé et même dépassé pour l'unique fois par la grande œuvre de Brian Wilson, le mirifique "Pet Sounds" unanimement salué comme un classique indémodable.
Je ne suis pas fan du monsieur. Son rock expérimental et démonstratif m'a toujours laissé assez indifférent. D'autant que Zappa n'aimait pas le Velvet et réciproquement, car ils partageaient le même label et que ce dernier avait privilégié la sortie du disque de Zappa. Reste ce premier album, "Freak Out!", plus mélodique, et bien sûr foutraque à souhait, mais dans le sens non calculé du terme. Il suffit d'écouter un titre comme "Wowie Zowie" (inspiration de Pavement ?) pour succomber.
9- The Kinks - Face to Face
Les Kinks basculent définitivement sur ce "Face to face" du hard-rock des débuts ("You really got me" est considéré comme précurseur du genre) à la pop Beatlesienne. Si le groupe de Ray Davies a perdu un peu de temps, il le rattrapera bien vite en terminant les années 60 par une poignée de chansons et d'albums de haute volée. On y entend ici déjà les prémisses sur bien des titres comme "Sunny Afternoon" ou "Dandy".
8- Love - Da Capo
Si le chef d'oeuvre incontestable du groupe restera "Forever Changes", "Da Capo" est plus représentatif du style de Love. Il est plus varié avec même une chanson très rock, "Seven & Seven Is" qui sera reprise entre autres par les Ramones ou Alice Cooper et une longue jam ("Revelation") de près de vingt minutes, comme pour démontrer que la formation n'était pas que des petits génies de studio.
7- Michel Polnareff - Michel Polnareff
Polnareff détonnait quelque peu dans le climat finalement assez sage des yéyés. "L'amour avec toi" était même censurée sur les radios. Comme un signe annonciateur de mai 68 et de l'émancipation à venir. Ce premier album contient quelques uns de ses plus grands succès et assoit déjà le chanteur comme un des rares à rivaliser avec nos voisins britanniques en terme d'écriture pop.
6- The Who - A Quick One
Celui-là est loin d'être le préféré des admirateurs des Who. "Who's next", "Tommy" ou "The Who Sell Out" correspondent mieux à ce qualificatif. Comme je n'en fais pas partie, "A Quick One" est le disque des Who qui me parle le plus. Il garde l'urgence des débuts, en y ajoutant une dose non négligeable de fantaisie, un élégant savoir-faire pop, tout en évitant le pompeux des machins conceptuels à venir. Il y a bien un dernier morceau en forme d'opéra rock mais il garde une fraîcheur encore intacte. "A Quick One" ? Vite fait, bien fait, comme on dit.
5- Bob Dylan - Blonde on Blonde
Comme Zappa, Dylan m'a toujours un peu fatigué. Sa voix geignarde, ses mélodies linéaires, son écriture un poil trop directe, à l'opposé de la poésie d'un Cohen me rebutent encore. Mais comme pour chaque règle, il y a une exception, ici "I Want You", sublime morceau pop d'une évidence imparable. Et puis "Just like a woman", "One of us must know", "Stuck Inside of Mobile of The Memphis Again", "4th Time Around", bref, ce "Blonde on Blonde" reste la meilleure arme envers tous les détracteurs du Zim.
4- Jacques Brel - Ces gens-là
Comment parler de Brel et comment ne pas en parler ? Le chanteur impressionne toujours autant plusieurs décennies plus tard. Son écriture pourtant imposante a quelque peu vieilli, plus forcément raccord avec notre époque. Ce sont donc les brillants arrangements qui emportent ici le morceau. Impossible de passer outre les "Jeff", "Mathilde", "Jacky" ou le trop méconnu "Fernand", une des chansons les plus belles et tristes qui soit.
3- The Rolling Stones - After-math
Brian Jones est encore là. Et même si la paire Jagger/Richards n'a eu de cesse depuis de minimiser son influence, elle est pourtant évidente ici, notamment quand on écoute la suite de la carrière des Stones, nettement plus blues-rock que cet "After-math" aux mélodies immédiates magnifiées par les ornements du sieur Jones.
2- The Beatles - Revolver
Les Beatles décident à la suite de "Revolver" de fuir définitivement les concerts pour devenir des bêtes de studio. Pour beaucoup, c'est l'album charnière, celui qui fait le lien entre la fraîcheur des débuts et les expérimentations à venir. Et puis rien que pour les deux chefs d'oeuvre trop méconnus signés sir McCartney "Here, There and Everywhere" et "For no one"...
1- The Beach Boys - Pet Sounds
La quintessence de la pop des sixties, ce sont les Beatles, les Kinks, "Forever Changes" , "Odessey and Oracle" et évidemment "Pet Sounds" et on pourrait presque s'arrêter là. "Pet sounds", c'est le miracle d'un homme, Brian Wilson, qui tutoiera les anges - choeurs divins, mélodies parfaites - le temps d'un enregistrement pour sombrer ensuite dans la folie. Tout cela est magnifiquement bien raconté dans le film "Love and mercy".
Ce sont les vacances chez La Musique à Papa ?? Au plaisir de te lire ! Un fidèle lecteur
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