Accéder au contenu principal

Squid - Bright Green Field

 

Est-ce que tous ces nouveaux groupes britanniques tels que blackmidi, Black Country, New Road ou Squid sont en train d'inventer le rock du futur ? En tout cas, c'est ce que d'aucuns disent. Pourtant, on entend la plupart du temps beaucoup les influences : le post-punk, le krautrock, le tout saupoudré d'un tantinet de jazz, de musique du monde selon le cas. Si la musique des deux premières formations suscitées m'a soit rebuté, soit laissé assez indifférent, celle des Londoniens de Squid me paraît la plus intéressante, car en même temps plus accessible - toute proportion gardée - et plus subtile. Ce "Bright Green Field" promet assurément de longues heures d'écoute. A l'image des plus de huit minutes particulièrement oppressantes du titre "Narrator" qui finissent de nous achever par KO. La construction des chansons n'évoquent rien d'habituel : pas de couplet, pas de refrain, une liberté de structure propre au jazz, une rythmique imparable emprunté au rock allemand des années 70, quelques relents de musique industrielle ("Boy Racers"), de hardcore ("2010"). La mélodie n'est plus la priorité. L'héritage des Beatles et des Kinks semblent avoir été profondément englouti. Exit aussi la légèreté de la brit-pop des années 90, car on sait que ces nouvelles formations possèdent un discours politique plutôt pessimiste sur l'époque. 

La musique est désormais un moyen à défaut de faire passer un message clair, de partager un état d'esprit. Il n'est plus question d'encenser les glorieux aînés unanimement reconnus, car bien souvent, ce sont eux qui ont participé le plus activement à mettre notre société dans cet état lamentable. Il est question de choisir les chemins de traverse, la marge plutôt que le courant dominant, le mainstream. Si ces jeunes gens n'inventent peut-être rien, ils apportent indéniablement leur pierre à l'édifice pour la construction d'un nouveau monde forcément meilleur, et c'est déjà énorme.




Commentaires

  1. Narrator est un morceau vraiment impressionnant... Je n'ose imaginer ce que ça donne sur scène ! Un album qui sera là pour longtemps je pense.

    RépondreSupprimer
  2. Je confirme : Narrator extreordinaire ! Et l'album est du même niveau, un peu foutraque, car comme tu le dis bien dans ta chronique pas de structure des morceaux, et pas de refrain par ex, mais agréable à écouter. Merci !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&