On croyait ne plus entendre de nouvelles chansons de Mark Linkous suite à sa terrible disparition le 6 mars 2010. Le chanteur s'était tiré une balle en plein coeur. C'était sans compter sur la persévérance de son frère Matt qui, après retrouvé quelques morceaux non enregistrés, a mis le temps nécessaire pour en peaufiner le son et la production confiée ici à Steve Albini, afin que ceux-ci soient le plus proche des voeux de son grand frère. C'est effectivement un merveilleux retour en arrière auquel on assiste dès les premières notes de cet improbable "Bird Machine" avec le magnifique et bien nommé "It Will Never Stop". Car si on est généralement circonspect de la viabilité de ce type d'opérations qui sent le plus souvent la naphtaline et les fonds de tiroir pas toujours jolis à entendre, ici, on navigue de merveilles en merveilles, étonnamment parmi les plus apaisées que Linkous ait pu écrire et chanté, bien loin du plombant "It's a wonderful life" que beaucoup considèrent comme sa plus grande réussite. Comme s'il semblait définitivement en paix avec lui-même, quelques années avant de mettre définitivement fin à son existence.
"Bird Machine" est donc un petit miracle de disque, qui nous replonge dans les années 90, la première fois où on a entendu cette musique différente, sur le génialement foutraque premier disque "Vivadixiesubmarinetransmissionplot" : cette country lo-fi fragile, déchirante, qui n'oublie pas de balancer de temps en temps quelques salves de guitares sales et tonitruantes (ici "I Fucked It Up") et qui ne nous a toujours pas quitté depuis. C'est sûr, qu'elle est désormais encore moins prête de le faire. Mark Linkous est un de meilleurs songwriters de sa génération, il aurait assurément mérité plus d'honneur et de reconnaissance de son vivant. J'espère que les plus jeunes pourront tout de même le découvrir avec ce "Bird Machine", sans doute son album le plus accessible, mais pas le moins touchant.
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