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Jaakko Eino Kalevi (+Minimal Schlager) - Paris, le Point Ephémère - 21 novembre 2023


2023 aura été une année très très pauvre en matière de concerts, en tout cas, nous concernant. Pourtant, on ne peut pas dire que le choix fût restreint. Mais ce fut une question d'opportunité, de temps mais aussi d'argent. Car le prix des places ne cesse de grimper depuis quelques années, à plus forte raison depuis le COVID, comme pour récupérer le manque à gagner de presque deux années de disette. Il y a bien eu des retours d'anciennes gloires - oui, on vieillit - qu'on attendait impatiemment tels Pulp, Blur ou Siouxsie. Mais tous évitèrent Paris et sa région. Les premiers même la France. Les autres passèrent seulement dans un festival, perdus au milieu d'une programmation très hétéroclite et pas vraiment à notre goût - doux euphémisme. Bref, je profite de notre presque unique concert de l'année - et oui, quand même ! - pour gloser sur le pourquoi d'une telle désertion. On se promet de remédier à cela dès 2024. En attendant, nous voici donc au Point Éphémère, en compagnie d'artistes dont le principal point commun est de résider à Berlin, capitale culturelle essentielle pour tous ces artistes qui se sentent "apatrides". L' Allemagne, comme terre d'accueil ? Oui, sans doute plus que la France, mais cela est une autre histoire. Minimal Schlager - qui a même opté un nom germanique - est un duo, frère et soeur, originaire d'Argentine. Ils pratiquent une électro pop aux percussions marquées mais au style comme leur nom l'indique minimal. D'ailleurs, quasi aucun instrument sur scène, tout est pré-enregistré et recraché par les machines, ce qui enlève quand même une grand part de l'intérêt de leur prestation. Oui, sans vouloir jouer aux vieux cons, mais on préfère voir des gens jouer vraiment devant nous. Qu'ils se trompent, essaient,  métamorphosent leurs compositions en bien - c'est préférable - ou en mal. Là, le risque semble limiter, peut-être par manque de moyen plus que par peur de l'erreur. Mais le charme est du coup moindre. Pourtant, la chanteuse ne lésine pas sur les effets avec une chorégraphie un peu trop démonstrative. Les morceaux sortant des machines se suivent et se ressemblent, créant rapidement un vague ennui. C'est dommage, car les titres ne sont en soi pas mauvais. Même si la fin de leur prestation est plus intéressante avec l'apparition de guitare bien mise en avant ou une reprise de Kate Bush, on a déjà plus ou moins, par l'esprit, quitté le concert depuis un moment. 

La pause fut courte avant la suite de la soirée en la personne du Finlandais Jaakko Eino Kalevi - oui, c'est sa semaine sur La Musique à Papa, après l'album, voici le concert. Le chanteur joue principalement les titres de son dernier disque, "Chaos Magic", ça tombe bien car je connais essentiellement celui-là, l'écoutant en boucle depuis quelques temps. Il y a cette fois-ci, des instruments avec un vrai batteur et une vraie bassiste. Kalevi joue aussi sur plusieurs morceaux d'une petite guitare qui ressemble beaucoup à un jouet. Il est très smart avec son costume et son polo pailleté, pour une ambiance disco mais à la cool quand même. Ça n'empêche que cette vraie rythmique fait toute la différence avec la formation précédente. Les titres ont une vraie teneur. On navigue entre Ariel Pink et Alex Cameron. Le chanteur parle peu entre les morceaux qui s'enchaînent plaisamment. La belle actrice Alma Jodorowski, déjà présente sur le disque vient pousser la chansonnette sur deux titres. Elle est aidée sur le deuxième par la bassiste, car vocalement on ne peut pas dire qu'elle dispose d'un organe extraordinaire. Le rappel est étrange, le gars aux lumières rallume tout de suite la salle comme si c'était déjà terminé mais le groupe revient sur scène peu de temps après, sous les projecteurs. Ensuite, le chanteur demande plusieurs fois moins d'éclairage sans être écouté. Une fâcheuse incompréhension ? Ça ne suffit en tout cas pas pour faire perdre son flegme au Finlandais qui termine le set avec des chansons plus anciennes, comme les excellents "Everything is nice" et "I wanna win". On est conquis. Les concerts, ça nous avait manqué. A refaire rapidement donc.

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