S'il est un groupe qui restera pour moi intimement lié à ma période "Bernard Lenoir", ce sont les Boo Radleys. Cette période où j'écoutais religieusement tous les soirs de la semaine, l'émission culte sur France Inter. Le week-end arrivé, je continuais mon apprentissage de rockeur indépendant en me repassant toutes les cassettes des émissions précédemment enregistrées, pour ne garder ensuite que ce qui me bottait le plus. Les Boo Radleys donc - en référence au personnage asocial du célèbre roman "To Kill a Mockingbird" de Harper Lee - , cette formation anglaise dont le leader, Martin Carr, n'était autre que le mari de Hilda, qui officiait à l'époque comme assistante de Lenoir pour ses fameuses black sessions de Lydie Barbarian, connue à l'époque, par les afficionados de Lenoir pour ses duplex en direct d'outre-Manche pendant lesquels elle nous faisait partager ses derniers coups de coeur britons. Ah, temps béni (oui, je fais mon "vieux con"...) où internet n'avait pas encore relayé le pauvre Lenoir au rang de has-been, un peu à la traîne des dernières nouveautés. Tout va trop vite, mes chers amis... Mais revenons à ce qui nous intéresse aujourd'hui, ce curieux groupe liverpudlien, qui viendra confirmer la malédiction locale qui subsiste depuis la fin des Fab Four et agrandir ainsi les rangs des formations du cru promises à un grand avenir et dont le succès public restera malheureusement cantonné à quelques passionnés.
Pourtant, ce disque, leur meilleur, "Giant Steps" a reçu des éloges quasi unanimes de la critique, et avec le suivant "Wake Up", plus pop, ils atteindront même la première place des charts anglais, effet brit-pop oblige. Et puis, ils disparaîtront bizarrement aussi vite qu'ils étaient arrivés, terminant leur carrière par deux disques tristement anonymes. Près de vingt ans après, leurs albums ont toutefois très bien résisté à l'épreuve du temps, car leur pop n'était jamais tout à fait rectiligne, leurs mélodies rarement prévisibles. Leurs morceaux contenaient toujours suffisamment de bifurcations, d'instruments et sons en tous genres pour leur permettre de durer. Sur "Giant Steps", ils étaient parvenus à résumer à merveille trente ans de pop, constituant ainsi un "White Album" pour leur génération. Malheureusement, tout cela n'intéressait déjà plus grand monde... Quelque mois après la réédition agrémentée de quelques bonus de leur discographie, il est peut-être temps de leur redonner la place qu'ils méritent.
Clip de "Lazarus" :
J'aime beaucoup Giant Steps mais je dois être l'un des rares à préférer Everything's Alright Forever (oh, ce début sur Spaniard et cet enchainement Does This Hurt / Sparrow / Smiles Fades Fast / Firesky...).
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord avec toi, rien ne pourra surpasser ce chef d'oeuvre de mélange shoegaze-noisy pop! En tout cas, merci Bernard pour m'avoir fait découvrir (entre autre) ce groupe que j'ai eu la chance de rencontrer et qui était d'une simplicité et d'une humilité bienvenue...
SupprimerPour les avoir découvert à peu près au moment de "Giant Steps", "Everyting's alright forever" est l'album des Boo Radleys que je connais le moins... Mais tu m'as donné l'envie de le réécouter. De toute façon, tous leurs disques sont très bons :)
RépondreSupprimerDe même, je préfère presque "Everything's Alright Forever" !! Quoique "Giant Steps" est très bon (et l'amateur de jazz coltranien que je suis est aux anges) !!!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le début de ton article : Lenoir, les groupe shoegaze ou indie rock et pop découverts, période pré internet.....Très bien écrit en plus !!!
A +
@Francky : Ne serais-je donc pas le seul "vieux con" à regretter les temps pré-internet ?
RépondreSupprimerSi, comme "vieux con", y a moi, je suis là ! Les programmes du Black enregistrés sur cassette, ça remue tant de mes souvenirs aussi...
RépondreSupprimerSi j'apprécie ce ré-éclairage bien vu sur un groupe trop oublié par le temps, traiter (même affectueusement) ce bon Bernard de has been est un peu excessif, mais je sais depuis le temps que papa aime l'excès :-)
Entendre cette musique sur une antenne nationale est salutaire et l'ami Lenoir n'est pas si en retard que ça : il a toujours programmé, outre les inévitables nouveautés, les artistes et disques qui lui tenaient à coeur dans le grand bain indie. Manière de faire aussi évoluer notre goût critique sans vouloir qu'on avale tout.
Et si le "John Peel français" n'avait pas été là, ma vie (musicale) n'aurait pas été la mienne, voilà, c'est dit ;-)
@Blake : Tu as sans doute raison concernant Lenoir. Le traiter de "has been", c'est une manière un peu déloyale de dire que je ne l'écoute malheureusement plus, alors que comme toi, il m'a permis de découvrir tant de groupes...
RépondreSupprimerJe préfère aussi "Giant steps" et j'accorderai une mention à "Wake up", notamment pour "Find the answer within". Pour le reste, j'aurai pu écrire mot pour mot les quelques lignes concernant Lenoir, à ceci près que ma période Lenoir se situait circa 1995-1997. M'en veux aussi un peu de ne plus l'écouter, chaque fois que je retombe dessus,je me dis que je devrais et puis, et puis...
RépondreSupprimer@Frédéric : Marrant que tu parles aussi de "Wake Up" et de "Find the answer within" qui est sans doute ma chanson préférée du groupe...
RépondreSupprimerMartin Carr n'a jamais été marié à Lydie Barbarian, mais à Hilda qui présentait les Black Sessions avec Lenoir dans les 90's.
RépondreSupprimerOups ! J'ai mélangé les noms... Je rectifie.
RépondreSupprimerMerci pour le tuyau.
Regretter les temps pré-internet ??
RépondreSupprimerOui et Non. Je m'explique.
Je suis nostalgique de la période où, pour se faire une discothèque "indie" et par la même une culture musicale, il fallait du temps, de la patience et de la ténacité. Cela se méritait. Idem les "Black session" enregistrés sur K7. Aujourd'hui, en quelques clics et quelques heures de téléchargement, quiconque peut se faire des disco entières d'artistes. Plus aucun effort !
Par contre, je trouve génial cette démocratisation de la culture. On peut découvrir des artistes/groupes, voir des scènes musicales entières, via le net.
Et le fait de pouvoir se créer son support de diffusion de sa passion, la musique ici, avec NOS blogs.....
En conclusion, vu le temps que je passe sur le net (essentiellement sur les blogs) et les découvertes que j'y ais fait, je ne peux qu'approuver INTERNET !!!
A + amigos......
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