Accéder au contenu principal

Nat Baldwin - People Changes

"People Changes" est un disque intimidant, exigeant, rebutant même parfois, pour qui n'est pas familier de l'instrument de prédilection de Nat Baldwin : la contrebasse, pour qui n'aime pas les nouvelles expériences. Il faut dire que le gars en question, n'est autre que membre du collectif bien barré des Dirty Projectors, connu pour ne pas suivre les chemins balisés et n'en faire qu'à leur tête - vous connaissez, vous, des contrebassistes qui jouent au basket ? (cf. la pochette). On peut alors être libre d'aimer ou pas, même si l'amateur de classique, de jazz comme de pop peut y trouver son compte. Et puis, une musique qui ne laisse pas indifférente possède déjà un atout important en soi. A l'image d'une Joanna Newsom et sa harpe, Baldwin est parfois seul avec son instrument. Mais contrairement à celle-ci, on sombre parfois carrément dans l'expérimentation à tout va, notamment sur le cacophonique "What Is There" ou la fin de "Real Fakes".
Ce qui lui fait emporter malgré tout la mise (chez moi en tout cas) est cette belle voix fragile, chargée en émotions.  Il suffit pour cela d'écouter le bien nommé "Lifted" ou le plus ouvertement mélodieux "The Same Thing". "People Changes" n'est malgré tout pas le disque sur lequel on reviendra facilement. Il faut espérer alors qu'il ne serve pas juste à impressionner le tout venant, l'ami de passage ("tu vois, moi, j'aime bien la contrebasse..."), mais au contraire qu'il libère les goûts, ouvre de nouveaux horizons...

"Weights" (enregistré live à Brooklyn, sur un terrain de basket)

Commentaires

  1. Baldwin, Colin Stetson (saxo basse), Moonface (orgue), c'est la tendance cette année de faire un album autour d'un instrument d'habitude plus discret. Et pour trois résultats très intéressants!

    RépondreSupprimer
  2. Je ne connais pas les deux autres disques dont tu parles mais vus les instruments pratiqués, je pense que je risque de leur préférer celui-ci...

    RépondreSupprimer
  3. Colin Stetson c'est un peu free-jazz, très bizarre mais j'aime.
    http://www.blogotheque.net/2011/03/07/colin-stetson-en/
    Sinon il a joué sur les disques de Bon Iver, Arcade Fire, The National, etc...

    Moonface c'est Spencer Krug de Wolf Parade/Sunset Rubdown
    http://themanofrennes.tumblr.com/post/6792693902/wolf-parade-en-hiatus-ils-ont-joue-leur-dernier

    RépondreSupprimer
  4. Merci Erwan pour les tuyaux, je vais aller m'écouter ça...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc