Accéder au contenu principal

Mes indispensables : Morrissey - Vauxhall And I (1994)

Manchester encore et toujours avec ... Morrissey, l'unique. Et cette fois-ci, tout seul, sans ses Smiths. Avec ce disque en particulier, mais aussi quelques autres ("Viva Hate", "You're Arsenal" ou "Southpaw Grammar"), il nous avait montré, tout au moins au début de sa carrière solo, qu'il pouvait très bien faire aussi bien sans. La qualité d'écriture est en effet toujours là, plus lumineuse que jamais ("Now My Heart Is Full"); même si, le Moz reste cet éternel cynique ("A world war was announced days ago, but they didn't know, the lazy sunbathers..."), et misanthrope ("Don't feel so ashamed to have friends"). Sur le dernier titre, le formidable "Speedway", il nous offre même un poignant aveu de sincérité et d'intégrité ("In my own strange way, I've  always been true to you"). Car le monsieur, en privé, semble en accord total avec le personnage public. Vivant la plupart du temps, en reclus, chez lui, il ne sort, d'après la légende, que très peu dehors, pour s'enquérir du destin du monde extérieur. D'où, peut-être, ses quelques malheureuses déclarations récentes dans la presse, qui ont beaucoup fait parler outre-Manche, cette dernière n'ayant pas hésité à le taxer d'extrêmiste, voire de raciste. Le problème, c'est que Morrissey, n'aime personne, sans doute jusqu'à lui-même. Je me rappelle à ce sujet, d'un concert à l'Olympia, il y a quelques années, où le chanteur allait régulièrement jusqu'à se moquer de son propre public, de ses fans. Comme si, aller à l'affrontement, même avec ceux qui l'aiment, était pour lui, une manière comme une autre d'exister.
En tout cas, on peut aimer ou pas le personnage, difficile de nier pour les fans, que depuis quelques années, il n'est plus musicalement que l'ombre de lui-même, se transformant petit à petit en espèce de vieux crooner ringard sur le retour. Et si ses textes sont encore très incisifs, les musiciens qui l'entourent sont bien souvent juste d'aimables tâcherons de festival, en regard du Johnny Marr de la grande époque. Alors "The More You Ignore Me, The Closer I Get" ? Oui, sans doute, car moins on écoute ses derniers disques, plus on a envie, finalement, de revenir au meilleur de son inspiration, correspondant, en gros, à tout ce qu'il a fait jusqu'à ce magnifique et définitif "Vauxhall And I". Et s'il avait déjà tout dit à ce moment-là...

Clip de "The More You Ignore Me, The Close" I Get" :

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc...

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...