Cela ne m'arrive pas souvent, de faire ainsi confiance à une seule
pochette de disque. Pourtant, celle-ci n'a rien de particulièrement
attrayante de prime abord. Mais l'omniprésence de noir, l'effet de
miroir du titre, la photo en négatif d'un couple caché derrières des
ronds blancs comme des boules disco m'ont malgré moi intrigués. A l'image de cette énigmatique pochette, j'imaginais volontiers un
univers sombre, comme une dernière danse au ralenti avant la fin. A
l'écoute dudit album, le mystère ne s'est pas dissipé : cela fait bien
longtemps que je n'ai pas entendu quelque chose d'aussi libre. Tout
semble pouvoir se produire dans cette musique-là, à l'instar de celle de
Brian Eno au milieu des années 70, principal lien de parenté qui me
vient à l'esprit. Au diable le formatage pop classique qui voudrait
couplet, pont, refrain, les chansons avancent à leur guise sans toujours
faire appel à la voix.
C'est un dénommé Alexis Georgopoulos qui a mis
ce "More" en musique, confectionnant une symphonie de poche, la bande originale d'un film
intimiste qui pourrait résonner durablement en chacun de nous. Comme
pour Hospital Ships, je me rends compte que les disques qui comptent
pour moi cet automne ne sont pas ceux que j'attendais le plus. La
période n'est déjà plus propice aux partages tous azimuts des
sempiternels tubes de masse. Non, on s'est replié chacun chez soi,
cherchant d'autres horizons plus intérieurs, espérant attraper en plein
vol une belle feuille que le vent aura bien voulu amener jusqu'au pas de
notre porte. Si seulement la saison pouvait nous envoyer d'autres
heureux hasards, cela suffirait à notre bonheur. "More", c'est tout ce
qu'on réclame.
A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous ...
content de voir que tu as toi aussi apprécié cet album de pop pas comme les autres. :)
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