Accéder au contenu principal

Bertrand Belin - Cap Waller

Bertrand Belin est un de ces rares chanteurs qui avancent continuellement. Ses albums se suivent et ne ressemblent pas tout à fait. Chaque fois, sa musique se colore d'une teinte nouvelle. Ici, les arrangements sont plus soignés qu'à l'accoutumée, plus denses. Ceux qui écouteront trop rapidement n'y verront qu'une chanson française ennuyeuse et plate aux paroles absconses. "Cap Waller" est moins uniforme que le précédent "Parcs". Un titre comme le magnifique "Je Parle en Fou" est même étonnamment dynamique, donne presque envie de danser. Un comble quand on connaît la réputation austère de la musique de Bertrand Belin. Le chanteur dégage une classe à l'ancienne, désuète, tout en sobriété et en maîtrise, qui rappelle fortement Alain Bashung, influence évidente. Son sommet reste pour moi, son formidable "Hypernuit" de 2010, même si'il est plus consensuel. 
Le Breton, fidèle au tempérament qu'on porte habituellement aux habitants de sa région, avance à son rythme, comme bon lui semble, sans s'occuper du temps qui passe ni des modes. Sa musique n'en a que plus de caractère et si, parfois, on a du mal à le suivre, le bonhomme - après avoir publié son deuxième roman, "Requin" en début d'année - emprunte une voie exemplaire. Belin continue en effet de faire souffler un vent de liberté sur la chanson française, un vent de folie, comme en témoigne les singles "Folle folle folle" ou "Je parle en fou" - voilà pourquoi on ne comprend pas toujours bien ce qu'il chante :-) On a besoin que des gens comme lui parviennent à garder un tel cap. Salvateur. 

Clip de "Je parle en fou" :

Clip de "Folle folle folle" :

Commentaires

  1. Charlu et toi avaient bien fait de me le présenter. Je le connais comme on connait ce que l'on survole. Et je survolais gentiment celui que tu chroniques, agréable... Mais ta chronique et l'enthousiasme de Charlu proposait davantage, il suffisait d'un signe. Quelques paroles étranges de "Je Parle En Fou" et "L'ajournement" qui m'a particulièrement touché, un peu comme du Tinder Sticks. Voilà, Je me repasse "Je parle en fou", en fait me voici accro. Tu sais quoi, je dois bientôt quitter l’appartement, et c'est avec de gros regrets. ça ne t'est jamais arrivé de tenir un moment magique d'écoute, de disponibilité et te dire que cela ne reviendra pas pareil, qu'il faut profiter... Merde, c'est ce que je vis à l'instant. (Au départ je pensais Arthur H pour les graves et Murat pour l'épaisseur).. Merde, faut que j'y aille.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai pas tout compris, mais ça a l'air de te plaire. Oui, Belin est assez unique.

      Supprimer
    2. un commentaire en temps réel. je devais interrompre l'écoute à un moment rare. Bon un témoignage confus sorry

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Beak> (+ Litronix) - L'Elysée Montmartre - Paris, le 13 novembre 2024

  9 ans déjà. 9 ans depuis que nous avons côtoyé l'horreur. Si proche, cette fois. Le choc fut donc plus rude. Ce vendredi 13 novembre 2015 a laissé des traces indélébiles pour tous les amateurs de musique live. Pourtant, à la même date, cette année, le nombre de bons concerts à Paris était pléthorique, pour ne pas dire démentiel. Imaginez vous : il y avait le choix entre les irlandais de Fontaines DC, chouchous de la scène rock actuelle au Zénith, les revenants de Mercury Rev à la Maroquinerie, François and the Atlas Mountains, pour une relecture live de leur disque de 2014, " Piano Ombre " à la Philharmonie de Paris, les nouveaux venus de Tapir! Au Pop Up du Label, la troupe suisse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp à la Marbrerie et enfin Beak>, le groupe de Geoff Barrow, ancien batteur de Portishead. Et encore, je n'ai cité que les concerts intéressants que j'avais repéré. Je suis sûr qu'il y en avait d'autres... Mais pourquoi une telle...

Mark Pritchard & Thom Yorke - Tall Tales

Oui, je sais, je ne suis pas très productif ces derniers temps... Une nouvelle fois, plus le temps, plus l’envie. J’avoue même écouter moins de musique. Heureusement, il y a quelques nouveautés qui me donnent toujours envie d’y revenir. Les productions de Thom Yorke quelqu’elles soient - Radiohead évidemment dont on annonce une sortie d'ici fin de l'année, en solo ou avec The Smile - en font partie. Le voici en duo avec Mark Pritchard, musicien australien de cinquante ans dont j’admets ne rien connaître. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute habituellement, encore que, pas si éloignée de celle de Kraftwerk. Les deux avaient déjà travaillé ensemble, notamment, sur " Beautiful People " extrait de l’album " Under the sun " de l’australien paru en 2016. Cette nouvelle collaboration permet au chanteur de Radiohead de signer son premier diqque sur un label qu’il vénère depuis longtemps, Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, etc).  Et je dois dire q...

Luke Haines & Peter Buck - Going Down To The River... To Blow My Mind

" It’s the end of the world as we know it and i feel fine " nous chantait déjà REM en 1987. Les années passent et ce sentiment s'élargit. Devant une actualité toujours déprimante, nous sommes de plus en plus nombreux à préférer l'indifférence, pour nous protéger, rester "en vie". C’est sur ce constat défaitiste et aussi sur une même accointance pour les guitares tranchantes que Peter Buck et Luke Haines ont décidé d’écrire des disques à 4 mains. Pour ceux qui ne savent pas qui sont ces deux individus, le premier n’est rien d’autre que l’ancien guitariste de REM, le second est l’ancien chanteur de The Auteurs. Tous deux sont responsables d’une palanquée de mes classiques personnels. " Going down to the river... to blow my mind " est déjà leur troisième album commun. J’avais quelque peu fait l’impasse sur les deux premiers, à tort. En tout cas, ce nouveau présente une liste de titres impeccables dans la droite lignée des premiers disques de The Auteu...