Les identités remarquables sont des égalités qui servent en mathématiques, à aider à la résolution de problèmes en les simplifiant. La musique de Tristen est à la croisée de beaucoup d'autres : O, alias Olivier Marguerit pour les choeurs féminins - soit Bénédicte, sa femme, soit La Féline -, les mélodies pop et les claviers omniprésents ; des intonations et des textes proches d'un Dominique A, notamment sur une "Grande Randonnée" pleine de souffle; de l'électronique qui tabasse à la Kompromat en conclusion des "Bourgeons de fer"; même Calogero et cette étonnante envolée vocale à la fin de "l'alpha et l'oméga". Est-ce à dire que la musique de Tristen, telles des identités remarquables, serait un bon résumé de celles des autres, étant la matrice de toutes ? Pas sûr, "Je suis une île" nous dit-il sur le titre du même nom, à l'inverse du fameux "Je suis une ville" de Dominique A justement. De même, plus que d'apporter des réponses, ses textes restent ouverts aux multiples interprétations, aux champs des possibles.
Voilà tout le paradoxe de Tristen. Celui d'être dans la droite lignée d'une chanson pop française un peu exigeante, celle qui rencontre un certain succès public et surtout critique et en même temps d'être en marge de par une désolante exposition médiatique, réduite à peau de chagrin. Comme un pied de nez, le chanteur se paie pour clôturer son disque une belle reprise de "Voyage, voyage", célèbre tube des années 80. Trop entendue, la chanson paraît, sous cette nouvelle couleur, nettement moins fade que dans nos souvenirs, ce qui n'est pas un mince exploit. Tristen, c'est donc peut-être juste ça : une belle identité. Remarquable.
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