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Rustin Man - Clockdust

Il lui avait fallu dix-sept ans pour donner suite au sublime "Out of season" en duo avec Beth Gibbons, la chanteuse de Portishead. "Drift Code" sorti l'an dernier, sous le seul nom de Rustin Man et sous haute influence du dernier Bowie et de Robert Wyatt, avait séduit ici même, parvenant à figurer parmi mes dix disques préférés de 2019.  On ne s'attendait pas à le retrouver aussi rapidement. Un an après, Paul Webb, ancien bassiste de Talk Talk, remet donc le couvert avec ce "Clockdust", dans la continuité du précédent. Ce n'est pas étonnant puisqu'il s'agit en fait de chansons écrites durant les mêmes sessions d'enregistrement, c'est-à-dire avant le décès de son ancien compagnon de route, Mark Hollis en février dernier. On y entend, peut-être inconsciemment, davantage de noirceur que dans "Drift Code". Ce délai succinct entre les deux albums est aussi sans doute liée à la perte récente de son ami, comme une envie soudaine de dire les choses avant qu'il ne soit trop tard, de tout publier. Surtout qu'il aurait tort de se priver, il s'agit encore une fois d'un excellente livraison. Tout y est parfaitement maîtrisé.
"Carousel Days, seems like forever", comme si chaque chanson qu'on écoutait à présent, allait nous rappeler inévitablement notre condition actuelle d'enfermement. A moins que ça ne soit l'inverse, la réduction de notre périmètre d'activité et de contacts nous révèle encore plus que d'habitude la répétition de jours tous plus semblables.  Si "Clockdust" n'est pas un disque guilleret, il prend donc davantage d'importance en ces temps de morosité.

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