Accéder au contenu principal

Porridge Radio - Every Bad

Après la douceur et la quiétude des Saxophones, il fallait bien durcir le ton. On sait que ça ne va  pas être une partie de plaisir, de se retrouver interné malgré soi. On n'est pas fou mais on pourrait le devenir, d'autant que dehors, le soleil absent depuis de nombreux mois, arrive juste à point nommé pour nous narguer. "Every bad", c'est noir, mais on sait que ça ne sera pas simple. Porridge Radio, avec un nom pareil, ne pouvait nous venir que de l'autre côté de la Manche, qui plus est de la station balnéaire de Brighton. Pas forcément l'endroit le plus propice aux crises existentielles. On sait encore plus aujourd'hui qu'il est toujours plus agréable d'être coincé près de la mer. Dana Margolin est la principale artisan de la musique de Porridge Radio. Si ce disque ressemble à son cerveau, on pourrait se poser des questions sur l'état mental de la jeune femme. Chaque titre ou presque joue aux montagnes russes, pour nous surprendre sans cesse. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu un tel sens du rythme dans le rock. On pense par exemple aux Pixies, à PJ Harvey, maîtres dans le genre de passer en un fragment de seconde du chaud au froid, des claques aux caresses. 
Surtout ne pas s'arrêter à l'écoute d'une ou deux chansons de ce "Every Bad", cet album, à l'image de ses glorieux aînés, se déguste sur la longueur, pour en apprécier sa variété, ses multiples influences. Vous verrez, rapidement, vous n'arriverez plus à vous en défaire. Vous aimerez vous y perdre et y revenir encore et encore. "Every Bad" est le premier grand disque de rock de l'année et donc de la décennie. On espère (encore ?) retrouver le groupe dans les festivals cet été, notamment à la prochaine Route du Rock. Sinon, comme pour beaucoup de choses, on se dit qu'il faudra attendre l'automne. On n'a jamais prévu autant de sorties à la rentrée prochaine. "Thank you for making me happy" répète ad libitum, Dana Margolin, à la fin de "Born Confused". Tout est dit. Tout n'est pas si noir.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Beak - >>>>

A peine remis du magnifique concert de Beth Gibbons, que nous apprenions la sortie surprise d'un nouvel album de Beak, groupe de Geoff Barrow depuis 2009 et la fin (?) de Portishead. Beak a la bonne idée d'intituler ses disques d'un " > " supplémentaire à chaque fois - on en est au quatrième - , comme pour dire que la formation est en constante progression, ce qui est assez vrai, tellement cette nouvelle mouture impressionne d'emblée. Les deux premiers titres, " Strawberry Line " et " The Seal " fixent la barre très haut. La production est toujours impeccable, avec une rythmique bien mise en avant, rappelant bien sûr le krautrock dont on sait que Barrow est amateur depuis " Third " chef d'oeuvre indépassable de Portishead, ce chant distant et ces chansons qui progressent lentement, créant ce climat de tension constante, dans l'attente de ce qui va suivre. La suite, moins immédiatement renversante, plus lancinante, nous

Nick Cave & The Bad Seeds - Wild God

  Il y a eu un tournant dans la carrière de Nick Cave : " Push The Sky Away " en 2013. Avant ce disque, le chanteur australien était cantonné aux seuls amateurs de rock indépendant ou presque. Il y a bien eu quelques percées commerciales comme celles du vénéneux et romantique " Where The Wild Roses Grow " en 1995 mais c'était surtout parce qu'il chantait en duo avec sa très iconique compatriote Kylie Minogue. En tout cas, rien qui ne suffise à le hisser au panthéon du rock, comme c'est le cas aujourd'hui. Sa musique fait aujourd'hui une quasi unanimité et surtout ses disques sont chroniqués partout, jusque dans les rares pages culture de Figaro Madame. Je ne saurais expliquer un tel phénomène. Il y a peut-être plusieurs raisons. J'en lâche ici quelques unes : la reprise dès l'an 2000 de son sublime " The Mercy Seat " par Johnny Cash, comme une validation en bonne et due forme de l'importance de sa carrière et de son influenc

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,