Cet album est sorti il y a quelques temps déjà, en avril dernier. Mais à l'époque, il ne résonnait pour moi, pas de la même façon. "Septembre à nouveau", voilà la vérité. Le premier titre dit déjà tout, la déprime du cadre qui, un jour, se rend compte de la futilité de toute sa vie professionnelle, de la carrière qu'il a pourtant mis du temps à construire. Ce sentiment, c'est en septembre que ça nous prend, parce que les vacances sont passées par là, qu'elles ont permis de "se déconnecter", un peu trop. Que la reconnexion ne paraît plus possible. Que la vérité n'est pas là, plus là. Le chanteur, Niki Demiller sait de quoi il parle, car c'est sa situation personnelle qu'il raconte ainsi. Son retour à ses premières amours, la musique, après une tentative vaine dans le milieu de ce qu'on nomme familièrement les bullshits jobs, tous ces métiers très bien payés qui n'apportent rien au commun des mortels, mais seulement qu'à une minorité de très riches. Une fois compris l'inutilité de tout ça, il a donc décidé de partager son expérience à travers un disque, histoire d'exorciser son profond malaise.
On pense à un Gontard qui serait revenu de l'ennemi, comme une confirmation de ses à-priori anticapitalistes; à un Florent Marchet qui serait revenu de la grande ville, aussi désabusé que par les turpitudes de la vie provinciale. Pas étonnant qu'on retrouve ici Didier Wampas, rockeur habitué des fêtes de l'Humanité, pour un duo qui, à l'inverse de son titre, ne semble pas risquer le "burn out". Heureusement, tout ça ne finit pas si mal avec "La Sirène", même si c'est plus une conclusion à la française qu'à l'américaine, pour nous dire à travers une mélodie jouissive et délicieusement régressive que le plus important reste l'amour, même si celui-ci a aussi été largement dévoyé par notre société de la réussite. Malin.
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