Il faut être un peu schizophrène pour changer ainsi de nom au gré de ses envies et de ses démons intérieurs : une fois Youth Lagoon, une autre fois Trevor Powers - son vrai nom - puis à nouveau Youth Lagoon. C'est quand il se réfugie derrière ce dernier pseudo que la musique du chanteur demeure la plus fascinante. J'avais aimé les deux premiers albums, "The Year of Hibernation" paru en 2011 et surtout "Wondrous Bughouse" en 2013. Puis, petit à petit, j'avais perdu de vue le bonhomme, l'écoutant distraitement histoire de me persuader que je n'y trouvais plus matière à m'enthousiasmer. Alors quand ce "Heaven Is A Junkyard" est sorti le 9 juin dernier, je n'ai même pas pris la peine. Il a donc fallu l'accalmie actuelle - enfin, après les sorties événements successives de PJ Harvey, ANOHNI ou Blur - dans les nouveautés musicales pour que je me penche enfin sur son cas. Trevor Powers a changé, après avoir fait une violente réaction suite à la prise de médicaments, il a cru perdre définitivement sa voix. Il a aussi perdu beaucoup de poids.
C'est toujours la même rengaine, mais ces périodes douloureuses sont souvent propices à l'inspiration, car elles permettent une introspection à laquelle le quotidien habituel ne laisse plus la place. Je ne sais pas si le paradis est un dépotoir, comme le titre du disque l'affirme, mais on sent bien que le cerveau de Powers a dû passer par des phases compliquées. Voici donc le nouveau Youth Lagoon, à la voix plus humaine, aux arrangements plus dépouillés, à l'émotion plus immédiate mais au talent mélodique intact. Dire que j'ai failli passer à côté de merveilles telles que "Idaho Alien", "Prizefighter" ou "Rabbit".
Commentaires
Enregistrer un commentaire